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Bénin : A PROPOS DES RECENTS MOUVEMENTS ETUDIANTS

D 15 juin 2013     H 05:07     A Parti Communiste du Bénin     C 0 messages


Les récents mouvements de 20 mai sur le campus de Parakou, activement soutenus par les campus de Calavi, Porto-Novo, Aplahoué, a suscité de la part des autorités du pouvoir décrépit de Boni Yayi ainsi que de certains journalistes de violentes attaques et condamnations des étudiants. Le Recteur de l’Université de Parakou, le sieur Barthélémy Biao était aux avant postes pour crier au vandalisme et à la casse de la part des étudiants. Le ministre de l’enseignement supérieur, François Abiola reprend évidemment le même cri et exigera plus tard des excuses publiques de la part des organisations estudiantines. Léon Bio Bigou, secrétaire général de l’université d’Abomey-Calavi condamnera le mouvement de solidarité des étudiants d’Abomey-Calavi envers leurs collègues de Parakou. Il ira jusqu’à dire que l’université de Parakou n’étant pas une section de celle de Calavi, les étudiants de Calavi n’ont pas de raison de marquer par des grèves leur solidarité envers leurs collègues de Parakou. Et ceci, de la part d’un universitaire sensé être un humaniste universaliste et qui par surcroît dans notre pays pérore à tout propos au sujet de l’unité nationale.

Le cri de haine de tous ces hauts-bourgeois contre les étudiants est repris par les journalistes au service de la réaction. Sur les chaines de télévision et de radio, on met en exergue le vandalisme, les casses ; on crie à l’anarchie ; mais on tait ou on occulte la chronologie des faits ; on tait les fusillades à balles éelles sur les étudiants ; on ridiculise les exigences légitimes des étudiants présentés comme des fous qui sans raison se seraient mis à casser.

La violence de ces attaques contre la jeunesse et qui couvre les assassins qui ont donné l’ordre de tirer à balles réelles sur des manifestants a poussé le Parti Communiste du Bénin à entreprendre des enquêtes afin de restituer la chronologie des faits, de définir ainsi logiquement les causes et effets, de situer les responsabilités pour des conclusions.

Voici la chronologie des faits : Depuis le vendredi 17 mai 2013, les étudiants de Parakou manifestaient pour : la qualité et la quantité des prestations du Centre des œuvres universitaires au niveau de la restauration, le contrôle des vivres et des services des transports ; le payement des bourses et secours universitaires ainsi que la réfection des bâtiments et les moustiquaires aux étudiants résidents etc.…. Le silence des autorités a poussé les étudiants à bloquer le restaurant et faire manger gratuitement leurs camarades. Par la suite les étudiants ont adressé aux autorités une motion de grève pour le lundi 20 mai 2013. Mais, la veille du mouvement, Armand Natta, directeur du Centre des Œuvres Universitaires et Sociales de Parakou (COUS/P) avec Yaya Aboubacar, DPP du ministère de l’enseignement supérieur tentent de rencontrer Roger Gnarigo, président de l’UNEUP (Union Nationale des Etudiants de l’Université de Parakou). Ils invitent une première fois Roger Gnarigo dans un bar « Le moment », mais ce dernier décline leur offre. Invité une seconde fois, Gnarigo leur donne rendez-vous sur le campus en leur précisant que les affaires des étudiants ne se règlent pas dans un bar mais plutôt sur les lieux de travail des étudiants. Mais au lieu de la négociation attendue, c’est la police qui est débarquée sur le campus, appréhende le responsable étudiant Roger Gnarigo et le bastonne devant ses camarades. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Révoltés, les étudiants ont riposté à la police et ont déversé leur colère sur les symboles et attributs des autorités de l’Université de Parakou, véhicules, bureaux. La police sous les ordres du préfet Ali Yérima et du maire Soulé Allagbé a alors envahi l’université. Elle a tiré sans pitié et à balles réelles sur les étudiants. Cinq étudiants au moins ont été atteints dont deux gravement. De nombreux étudiants ont été arrêtés. Les jours suivants, les étudiants ont poursuivi les protestations dans la ville de Parakou contre la violation flagrante des franchises universitaires, contre la répression policière et pour exiger la libération de leurs camarades arrêtés (plus d’une vingtaine).

Aussitôt l’information de la répression du mouvement étudiant à Parakou reçue, les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi, à l’appel de l’UNSEB ont déclenché des actions de soutien à leurs collègues. Ainsi les cours et examens sur les campus d’Abomey-Calavi, de Porto-Novo, d’Aplahoué, de Cotonou-Gbégamey ont été arrêtés ou perturbés dans la journée du mardi 21 mai. Les autorités ont fait envahir les campus par la police.

A Parakou, la pression et le bon droit des étudiants ont permis la libération de tous les étudiants arrêtés à l’exception de Roger Gnarigo, alors que manifestement il ne pouvait avoir participé aux actes intervenus après son arrestation.

Quelles observations suggèrent ces faits ?

1- L’origine et la source des événements, c’est la répression brutale et humiliante qui est opposée aux étudiants avec des bastonnades et arrestations de l’un de leurs responsables. Et pour tout être humain ayant quelque empathie et dignité, quelque sensibilité, on ne peut laisser emporter sans réagir un collègue et encore son responsable arrêté de façon illégale (car en violation des franchises universitaires) et torturé devant lui. Les étudiants ne sont donc atteints d’aucune folie incendiaire, mais ont riposté en légitime défense face à des provocations répétées des autorités rectorales et des œuvres universitaires.
Evidemment des « sages » auraient voulu que les étudiants assistent passifs, murmurent au mieux mais restent calmes et laissent, lâches et couards, emporter un de leurs camarades. C’est ainsi que nos « sages » pensent former une relève de qualité avec des hommes amorphes, incapables de s’indigner, de s’émouvoir, de s’enthousiasmer et de se passionner. Oui, il y a un temps ou de tels sages qualifiaient même de violence, la seule élevation du ton de la voix !

2- Les autorités taisent soigneusement les fusillades à balles réelles sur des étudiants. Au bilan des dégâts, ils n’insistent que sur « les véhicules calcinés, les bureaux saccagés, les cantines vandalisées » et sans jamais en donner le nombre. Mais rien sur les tirs à balles réelles, donc des actes d’assassinat de masse d’étudiants. Les journalistes à leur solde parlent du prix des voitures, des bureaux, des cantines endommagés. Mais de la valeur incommensurable de la vie humaine que l’on a voulu consciemment ôter aux étudiants, pas du tout. Qui a donné l’ordre criminel de tirer à balles réelles sur des jeunes manifestants ? on ne veut surtout pas poser la question parce que l’on se doute bien que la réponse implique le Président-ministre de la défense, Boni Yayi.

3- Les défenseurs de l’acte criminel de masse contre les étudiants mettent en avant la destruction du patrimoine commun. Mais alors que disent-ils des autorités qui pillent tous les jours et à leur profit le patrimoine commun ? Ce n’est pas quelques véhicules, bureaux et cabines que pillent les hommes au pouvoir, mais l’équivalent de la valeur de centaines, voire de milliers de véhicules, bureaux et cabines. Rien que les dernières affaires impliquant des Directeurs généraux nommés et protégés par Boni Yayi, le président ministre de la défense, affaire SONACOP révélée par le syndicat des travailleurs, affaire CNSS révélée par les représentants du patronat et des travailleurs au sein du Conseil d’administration, se chiffrent en des dizaines de milliards de francs cfa. Les vrais vandales du patrimoine public, c’est le pouvoir ; les casseurs du trésor et de la vie des citoyens, c’est lui. Et si l’on veut chercher la « racaille » dont il faut débarrasser le pays, c’est ce niveau qu’il faut cibler et viser.

4- Les journalistes à ordre taisent soigneusement que le prédécesseur de l’actuel DCOUS/P avait été démasqué comme pilleur, détourneur des bourses et secours et chassé par ces étudiants avant d’être remplacé sans jugement par celui-ci qui pose les pas dans les empreintes laissées par son prédécesseur. Les étudiants sont donc à bonne école ; dans leurs dernières actions, en riposte à l’arbitraire, ils ont visé les symboles et attributs des oppresseurs ; en dénonçant les actes crapuleux de crimes économiques et en chassant les auteurs de ces actes, ils envoient un signal fort d’avertissement à tous les pilleurs tapis au sommet de l’Etat ; c’est pourquoi on les a réprimés sans pitié et avec une barbarie d’un autre âge. Mais ils se font des muscles pour demain.

5- Le Parti communiste en vient donc à conclure que les cris de haine, de dénigrement et de condamnation du mouvement récent des étudiants par le pouvoir et les journalistes à sa solde ont pour objectif de freiner l’élan salvateur de la jeunesse qui ose enfin se battre contre l’inacceptable arrestation et bastonnade de leur responsable, l’inacceptable violation quotidienne des franchises universitaires, l’inacceptable répression policière, l’inacceptable condition miséreuse d’étude et de vie à eux faite sur les campus, l’inacceptable pillage des ressources publiques par les autorités corrompues.

6- Hier, tous ceux qui vivent amèrement dans leur chair la descente de notre pays dans les enfers par suite de l’écrasement quotidien du peuple par le pouvoir tyrannique de Yayi attendaient de la jeunesse, de leur jeunesse qu’elle « coure, vole et nous venge. ». Ils attendaient que leur jeunesse puisse, à l’instar de leurs aînés oser rejeter les plats de haricots pourris de charançons à eux servis, s’insurger contre l’incurie d’un professeur carrent, se soulever contre une réforme bâtarde de l’enseignement, prendre résolument le parti du paysan pauvre contre les brimades des autorités locales, solidariser avec le travailleur salarié en grève, manifester dans la rue contre l’assassinat d’un dirigeant révolutionnaire étranger. Ils souhaitaient que leur jeunesse ose, à l’instar de leurs aînés sous le régime barbare de Kérékou-PRPB, défier la répression policière, soit le fer de lance et fournisse les bataillons pour le renversement du nouvel autocrate, Boni Yayi ; bref que la jeunesse nous fasse vivre, à l’instar de la jeunesse tunisienne et égyptienne, la Révolution pour le recouvrement de notre dignité bafouée et perdue.

7- Qu’une révolution soit nécessaire pour sauver notre pays, seuls ceux qui vivent et s’engraissent du système actuel de prédation au détriment du peuple peuvent le nier. Le pouvoir de Boni Yayi s’est assujetti personellement tous les organes de pouvoir : Il gère sans égards aux lois qu’il viole sans retenue. L’horizon est bouché et l’avenir hypothéqué. Le salut dès lors ne peut venir que du peuple lui-même, directement de son énergie propre afin de rétablir sa dignité et sa souveraineté. Et lorsque la situation atteint un tel degré de gravité, le peuple doit compter sur sa couche juvénile, celle qui est et représente l’avenir, pour dégager l’horizon en dégageant du pouvoir l’autocrate malfaisant qui fait écran et obstacle.

8- Quiconque souhaite sincèrement et conséquemment la fin du calvaire et de la honte que nous fait subir quotidiennement le pouvoir de Boni Yayi ne peut manquer de soutenir les étudiants, de s’écrier : « enfin ils osent ! ». Ceux-là, comprenant qu’il n’y a pas de révolution sans « casse », œuvreront pour qu’il y ait le moins de casse possible, pour que la Révolution soit la moins douloureuse possible. Mais jamais, ils ne prendront les bourreaux provocateurs pour des victimes. Au contraire ! Ils dénonceront le bourreau, le président ministre de la défense. C’est pourquoi le Parti Communiste appelle tous les démocrates, tous ceux qui veulent d’un Bénin libre, digne, fier et probe à soutenir les étudiants et à combattre les autorités ainsi que les journalistes menteurs et falsificateurs à leur ordre, à exiger le jugement et le châtiment des autorités qui ont ordonné de tirer à balles réelles sur des éléments du peuple.

9- Quant aux jeunes, étudiants, le Parti Communiste vous dit : bravo ! Vous avez montré que vous savez vous indigner devant l’arbitraire ; mieux, que vous savez riposter contre l’inacceptable. Par la solidarité agissante qui s’est instantanément manifestée entre étudiants sur toute l’étendue du territoire national, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, vous montrez que vous avez conscience de la communauté de votre sort. Vous donnez l’exemple d’une unité populaire dans le combat contre un ennemi commun au désespoir des régionalistes fieffés de tout acabit

Continuez vos combats contre les mauvaises conditions de vie et d’études.

Continuez résolument et avec détermination le rejet de l’inacceptable partout où il se manifeste. Perfectionnez vos organisations de lutte.

Méprisez royalement les attaques absurdes des falsificateurs à la solde d’un pouvoir en désarroi et en décrépitude.

Sachez que la vérité et l’avenir sont de votre côté, que la vérité éclatera et l’avenir s’éclaircira avec le triomphe de la révolution !

VIVE LA JEUNESSE COMBATTANTE DU BENIN !
Cotonou, le 31 mai 2013
Le Bureau Politique du PCB