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Bénin : ADRESSE AUX HOMMES EN ARMES

D 22 juillet 2011     H 13:36     A Parti Communiste du Bénin     C 0 messages


Le 12 juillet 2011, Boni YAYI a réuni au Palais de la Présidence, le haut commandement militaire et des forces de sécurité publique. Parlant des mouvements de grève en cours dans le pays, il a dit ceci : « A partir du lundi 18 juillet prochain, je prendrai mes responsabilités, mais avec vous… et je vous demande de prendre, vous aussi, vos responsabilités à mes côtés, pour mettre fin au désordre, à l’irresponsabilité, à l’irrespect de l’autorité et des institutions de l’Etat … »

Un général lui a donné une réponse qui, nous en sommes convaincus, ne reflète pas le point de vue de la majorité des militaires et des policiers, et même pas de tous les hauts gradés de l’armée présents.
Mais nous constatons que les questions en jeu sont éminemment politiques et que Boni YAYI vous invite, comme il l’a déjà fait plusieurs fois, à le soutenir dans SA politique.

La politique ne consiste pas seulement en la création de partis politiques, à l’organisation d’élections ni même en l’exercice du pouvoir d’Etat. La politique est avant tout la gestion des affaires de la cité et le pouvoir politique ou le parti politique ne peuvent qu’être des moyens de cette gestion des affaires du pays. Et la question de fond alors est celle-ci : le pays est géré dans l’intérêt de qui ?
Il n’y a pas de ressources pour satisfaire les « légitimes » revendications des travailleurs, dit et répète Boni YAYI. OK. Mais :

  Vous a-t-il consulté à propos des pigeonniers qu’il a créés et abandonnés à Lokossa et à Parakou et qu’il est de nouveau en train de dupliquer à Natitingou ? Des milliards dissous dans des activités bizarres de création de cahutes que personne n’habite !
  Le Bénin produit du coton et l’exporte pendant que la Compagnie Béninoise de Textiles (CBT) n’a besoin que d’un (1) seul pour cent de cette production nationale pour continuer de travailler. Il en est de même des travailleurs de la COTEB à Parakou, menacés de chômage technique pour défaut de coton. Boni YAYI vous a-t-il dit pourquoi la SHB, la CBT, COTEB ferment et mettent des centaines de travailleurs au chômage, livrant leurs familles à la famine et la mendicité, faute de matières premières, fibre et graines de coton ?
  Vous a-t-il donné des explications crédibles sur les scandales de la CEN SAD, ICC Services et consorts ?
  Vous a-t-il expliqué comment et pourquoi 5 ans de sa gestion conduisent BENIN TELECOMS et LIBERCOM vers la tombe pendant que les opérateurs privés tout récemment installés réalisent des milliards de bénéfices ?
  Vous a-t-il dit pourquoi, il veut de toutes ses forces brader au capital français les télécoms, un des secteurs les plus rentables au monde aujourd’hui

Vous devez lui poser ces questions avant de juger les travailleurs.
Il clame maintenant que les élections sont terminées et qu’il faut se mettre au travail. Mais c’est lui qui pendant cinq bonnes années a passé le temps à s’organiser pour gagner ses élections (présidentielles 2006 ; législatives, communales, présidentielles 2011, législatives 2011). S’il veut à présent, « travailler », qu’il arrête déjà de détruire tout le tissu économique du Bénin et qu’il écoute le peuple travailleur (y compris les soldats) qui travaille, souffre et se plaint.

Boni YAYI, en vous invitant ce jour à l’appuyer contre les travailleurs, vous a appelé à la politique ; eh bien, le PCB vous dit : intéressez-vous à la politique ; ne vous taisez pas, ne soyez pas aveugles ; ouvrez les yeux et voyez comment il détruit les forces productives, matérielles et humaines. Discutez. Chez vous comme chez les civils, il y a quelques privilégiés mais pensez aux vrais intérêts collectifs de l’armée et du pays.
Boni YAYI veut faire de vous des godillots à qui il peut dicter ses volontés et les voir satisfaites sur le champ ; il est coutumier de la chose et s’irrite de ne pas être obéi sur le champ. Mais notre actuelle constitution, conformément à l’éthique imposée par les peuples du monde, proclame que vous ne pouvez plus vous réfugier derrière les ordres reçus et justifier tous les manquements vis-à-vis du peuple. Il existe maintenant la notion de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Vous voyez tous les jours à travers le monde les poursuites contre militaires et politiques pour ces crimes. Notre peuple observe aussi et nous ne souhaitons nullement que demain il soit obligé de juger ses fils et filles placés sous le drapeau pour ces genres de crimes. Car si certains de vous étaient passibles de tels jugements, il serait obligé de le faire et Boni YAYI ne sera pas là pour vous en soustraire. Comme à son accoutumée, (vous le voyez faire depuis le 1er jour de son investiture), il se lavera les mains, il n’est jamais au courant de rien, il n’est comptable de rien, même des décrets qu’il signe.

Par contre, vous avez fait serment de défendre le pays, sa souveraineté et de protéger le peuple. Regardez maintenant qui met en danger et le peuple et la souveraineté de notre pays et s’il y a un fou contre lequel les travailleurs et le peuple se battent ; aidez plutôt ceux-ci à arrêter la main du tyran avant qu’il ne soit trop tard.

Fait à Cotonou le 19 juillet 2011

Le Parti Communiste du Bénin