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Bénin : « Pascal Irénée KOUPAKI et la « conscience tranquille »

D 18 novembre 2013     H 05:05     A Jean Kokou ZOUNON     C 0 messages


L’un des traits sans doute importants du remaniement ministériel opéré par Boni YAYI le 11 août 2013, est la suppression de la primature et la séparation d’avec Pascal Irénée KOUPAKI.

Ce dernier, dans son allocution lors de la passation de service à son ancien directeur de cabinet, devenu ministre a pu dire qu’il partait « la conscience tranquille avec le sentiment de devoir accompli ». (Cf. La Nouvelle Tribune n°2611 du mercredi 14 août 2013).
Il s’agit bien du travail accompli comme ministre, ministre d’Etat et premier ministre à côté et avec Boni YAYI !

Alors une question vient tout droit à l’esprit : Devoir accompli vis-à-vis et au service de qui ? Vis-à-vis de Boni YAYI et au service du système colonial qui est maintenu sur le pays ; ou bien au service du pays et vis-à-vis de son peuple ?

Il est pour le moins douteux que ce soit au service du pays et vis-à-vis du peuple. En effet, comment donc, peut-on avoir la « conscience tranquille avec le sentiment de devoir accompli » (sic) lorsque, Ministre chargé de développement et/ou de la coordination de l’action gouvernementale pendant sept ans, le pays est descendu dans le gouffre, la pauvreté prégnante, la misère généralisée, les libertés dans les fers ?

KOUPAKI a été le metteur en scène de la politique de Boni YAYI d’avril 2006 à août 2013, soit pendant plus de 7ans. Si l’on peut admettre qu’à partir de 2012 suite à la mise en cause par Boni YAYI des contrats négociés et signés par lui avec Talon dans le cadre de PVI, KOUPAKI apparaissait comme un peu mis à l’écart, il a été le maître d’œuvre de toute la politique de Boni YAYI avant cette période, soit plus de six ans. Mieux, ses conférences en 2011 et 2012 à travers tout le pays sur la « la Refondation » à la suite du K.O.
des élections frauduleuses et truquées laisse même penser s’il n’était pas plutôt le maitre, ou l’œil des maîtres, que le serviteur de Boni YAYI !

Prônant le développement avec un taux de croissance à deux chiffres à partir de 2011, au bilan, durant la période 2006-2011, le taux moyen de croissance est d’à peine 4%. La pauvreté s’est étendue, le chômage endémique, l’école est en ruine. La corruption s’est installée et généralisée. Tel est le bilan dont KOUPAKI est comptable au même titre que Boni YAYI sur la période !!

D’autres faits majeurs indiquent même la complicité dans les affaires sulfureuses avec Boni YAYI. On peut entre autres se souvenir de la fameuse affaire SOAGA (Société ouest-africaine de gestion des actifs, société privée d’intermédiation) en 2007. Alors, ministre des finances, de l’économie et de développement, KOUPAKI avait décidé d’une décote de 20% sur les factures des fournisseurs à l’Etat, y compris sur les factures des travaux autorisés sous son règne à partir d’avril 2006. Les prestataires devaient signer un accord de décote avec la SOAGA avant d’être payés, ainsi avait décidé le tout puissant ministre des finances et de l’économie ! Pourquoi et comment cette société avait été sélectionnée ? On n’en sait rien. Mais mieux ou pire, les travaux d’apurement seraient effectués par les agents du Trésor et la SOAGA encaisserait, pour sa seule signature, des commissions.

L’arnaque était si grosse que non seulement les fonctionnaires du Trésor ont protesté, mais pour la première fois, les prestataires des services à l’Etat ont organisé des manifestations publiques. Ce sont ces protestations, à la veille des élections législatives de 2007 qui ont fait reculer le ministre KOUPAKI et son chef Boni YAYI.

Lorsque l’opposition parlementaire attaquait le gouvernement de Boni YAYI à propos de la non budgétisation des revenus des escortes de véhicules d’occasion, on se souvient de cette conférence de presse de plusieurs ministres, où le ministre d’Etat chargé de l’action gouvernementale, KOUPAKI est venu justifier l’injustifiable en déclarant qu’en vertu de l’unicité de la caisse, les revenus logés dans un compte spécial à la BCEAO doivent être considérés comme budgétisés. Ainsi parle notre ex-grand argentier qui pense tromper en confondant budgétisation et trésorerie !

KOUPAKI peut-il, s’il servait son pays et le peuple, avoir la conscience tranquille avec l’autre arnaque des épargnants du pays, cette scabreuse affaire ICC ? Il était ministre des finances lorsque cette structure se mettait en place. Il était ministre du développement, département dans lequel existe une direction chargée du financement de l’économie lorsque de partout les arnaqueurs avaient pignon sur rue et les entrées dans tous les ministères. Qu’a-t-il fait contre cette chaine de Bonzi que tous les manuels d’économie financière connaissent comme une arnaque ? Armand ZINZINDOHOUE a été sacrifié pour son zèle. Des milliers de béninois ont perdu leurs maigres épargnes. Mais, certains parmi eux sont menacés de poursuites judiciaires. Mais KOUPAKI Irénée déclare qu’il a la conscience tranquille avec le sentiment du devoir accompli.

Peut-il enfin nous dire la vérité, lui le ministre chargé de la Coordination de l’Action gouvernementale, le conférencier en chef de la Refondation à propos de la disparition d’un haut cadre de l’Etat, la mafieuse affaire DANGNIVO ? Peut-être maintenant qu’il n’est plus aux affaires, que l’on dit même qu’il n’est plus d’accord avec le pouvoir de Boni YAYI, peut-être pourra-t-il amorcer une œuvre de repentance en disant la vérité aux travailleurs et aux peuples sur les affaires CEN/SAD, machines agricoles, PVI, avion présidentiel, ICC services, siège de l’Assemblée, Turbines à Gaz, SONACOP, sur les audits des entreprises publiques ! Alors là, le peuple commencera peut-être, à être fixé sur sa conscience.

Autrement, ce qui est net et clair, Pascal Irénée KOUPAKI avec Boni YAYI aura servi le système colonial de domination et d’arriération du pays avec les conséquences désastreuses pour le peuple. Et pour cela, il est normal qu’il déclare qu’il part la conscience tranquille avec le sentiment du devoir accompli au service du système de pillage et de ruine du pays. »

par Jean Kokou Zounon Porte-parole du PCB

in "La Flamme" N° 323 du 30/08/2013