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Bénin : Premières leçons des élections présidentielles 2011 et tâches des travailleurs et des peuples »

D 18 mars 2011     H 05:10     A Parti Communiste du Bénin     C 0 messages


Après deux reports, le premier tour de l’élection présidentielle au Bénin a été maintenu à cette troisième date et a eu lieu le 13 mars 2011. Les travailleurs et les peuples ont pu suivre ce qui s’est passé. Mon Parti et toute la démocratie révolutionnaire dont je suis le porte-flambeau en tant Candidat à cette élection présidentielle ont également suivi avec l’ensemble des travailleurs et des peuples l’expérience qui est en cours et qui vient de connaître un épilogue. Au vu des premiers résultats qui donnent Boni YAYI en meilleure position, beaucoup de travailleurs et hommes du peuple se sentent meurtris. Je comprends leur amertume. Je souffre avec eux. Mais je pense que nous devons tirer des enseignement pour pouvoir aller de l’avant. Quelles premières leçons pouvons-nous tirer de ces élections présidentielles et quelles tâches pour les travailleurs et les peuples ? C’est l’objet de cette conférence.

I- PREPARATION D’UN SCRUTIN FRAUDULEUX

Longtemps avant ces élections, le peuple tout entier a dénoncé les conditions de leur préparation. Et au fur et à mesure que l’on se rapprochait de l’échéance, les protestations des travailleurs, des jeunesses, des populations en général se faisaient fortes et montraient que :
  La LEPI était tronquée et truquée : des centaines de milliers de citoyens n’étaient pas pris en compte ;
  Des villages fictifs étaient créés pendant que d’autres villages réellement existants étaient occultés ;
  Des effectifs de certaines localités étaient gonflés pendant que d’autres étaient minorés ;
  Des personnes inscrites dans une localité se retrouvent positionnés à des dizaines voire à des milliers de kilomètres de leur lieu d’enregistrement ;
  Lors de la distribution des cartes, des personnes régulièrement inscrites ne trouvaient pas leurs cartes pendant que d’autres en avaient deux, trois voire même six,
  L’invalidation de ma candidature était non seulement arbitraire mais participait de la fraude et devrait être corrigée, etc.
Les protestations et luttes des travailleurs et des populations ont conduit à la nécessité de voir tout le monde pris en compte ; de faire un audit de la LEPI aux fins de la nettoyer de ses monstruosités. Mais là encore, la la loi prise à cet effet ne parlait plus de l’audit et ne donnait que cinq (5) jours pour la prise en compte des exclus, délai ridicule et dénoncé par tout le monde. Ainsi donc à la veille du scrutin, il n’y avait pas de liste électorale, pas de liste des bureaux de vote ; il y avait un cafouillage énorme dans la distribution des cartes d’électeurs. Aucune des exigences pour un scrutin crédible n’était remplie, n’en déplaise aux responsables de la CENA qui ont abdiqué complètement de leur responsabilité face aux diktats des puissances étrangères.

Dans ces conditions, le respect de la souveraineté commande d’appeler à boycotter un tel scrutin frauduleux. C’est ce que mon Parti et moi-même avons fait. D’autres forces politiques ont appelé tout au moins à un report des élections d’au moins deux semaines sans égard à un délai constitutionnel butoir. La majorité des candidats réunis ont demandé le report avant de se rebiffer chacun individuellement le lendemain. La cacophonie était assourdissante et ne pouvait que favoriser et amplifier la fraude.

La conclusion démocratiquement valable et respectant la souveraineté populaire est que tout Président qui sortirait de telles élections frauduleuses est frappé d’illégitimité voire d’illégalité.

II- LE DEROULEMENT DU SCRUTIN.

On est désormais habitué, surtout en Afrique, au ronron de satisfecits des observateurs internationaux qui n’observent rien du tout. Mais les rapports des travailleurs et les dénonciations des populations indiquent ce qui suit.
  De nombreux bureaux de vote fictifs,
  des bureaux de vote distants des lieux d’habitation des électeurs (de 5 à 10 kilomètres). Ainsi dans l’Atacora les électeurs du village de Wimmou arrondissement de Tchoumi-Tchoumi ont été envoyés à Tchoumi-Tchoumi-Centre qui se trouve à 7 km. Dans l’arrondissement de Perma : les électeurs de Koupéiko ont été envoyés à Koubirigou dont ils sont éloignés de 5 km ; des électeurs de Perma-centre ont été envoyés à Koumessi Yargou situé à 10 km du centre et des électeurs de Koumessi Yargou ont été envoyés inversement à Perma. Dans l’arrondissement d’Atchanou commune d’Athiémé, des électeurs de Hokpamè ont été envoyés à Hounkpon distants de 7km. Dans le Littoral, des électeurs de Zogbo qu’on envoie à Calavi etc. Dans ces conditions, beaucoup d’électeurs ont refusé d’aller voter. Alors on a surpris ceci à Malanville des bureaux de vote situés à 20 km et on organise des transports des électeurs en groupes avec consignes de vote pour un candidat dit la presse.
  des citoyens détenteurs de cartes multiples
  Des ruptures de bulletins de vote pouvant aller jusqu’à trois heures d’attente. Comme au Camp Ghézo un bureau de vote de 350 votants pourvu de 5o bulletins de vote
  La généralisation de la distribution de sous dans les quartiers et les maisons, surtout la veille du scrutin
  la distribution des bulletins pré-tamponnés à des électeurs contre la somme de 5000 à 10000 francs. On a surpris ce genre de fraude dans l’arrondissement de Godomey et dans le département du Plateau
C’est évidemment le camp du président sortant qui contrôlait la LEPI, qui peut disposer et a disposé des moyens de l’Etat, c’est Yayi qui ne peut qu’être le plus grand bénéficiaire de ces élections frauduleuses. Le cafouillage créé par lui pouvait lui servir à réaliser le hold-up électoral. Dans ce sens, vous pouvez voir vous-même comme une fraude la demande par YAYI Boni du pardon le jour même de vote pour avoir privé des dizaines de milliers de citoyens de leur droit. En plus du caractère frauduleux de cette déclaration dont le but évident est d’influencer le vote, elle est un aveu de l’intention criminelle des auteurs. Avec cela tout est réglé. Le hold-up électoral est accompli.

Même les soutiens du cafouillage et du mépris du peuple comme KEREKOU, ont dû faire le constat honteux : « C’est un vote çà là ?! »
Les résultats que l’on proclame par-ci, par-là et notamment par le camp Boni YAYI sont les manifestations de hold-up.

III- LA RESPONSABILITE DE « L’OPPOSITION » DANS CE HOLD-UP ELECTORAL

Avec les résultats annoncés, le clan YAYI Boni crie déjà K.O au premier tour. Le camp HOUNGBEDJI conteste. Et c’est normal. Mais même si on obtient un second tour, l’avance confortable déjà annoncé dont jouirait YAYI Boni par rapport à HOUNGBEDJI ne signifie-telle pas que les carottes sont déjà cuites ? Et la Cour Constitutionnelle de Robert DOSSOU n’est-elle pas là pour achever le reste pour YAYI Boni ?
A- LES AVERTISSEMENTS DE LA DEMOCRATIE REVOLUTIONNAIRE
Que YAYI Boni soit incapable d’organiser des élections crédibles et transparentes au Bénin, cela est connu de qui sait observer la pratique de cet homme depuis son arrivée au pouvoir. Ce qui arrive aujourd’hui est prévisible. Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, aucune élection crédible n’a été réalisée sous son égide. Alors mon Parti et moi-même nous avons averti de cette situation et des dispositions à prendre pour y faire face.

Dans ma Lettre adressée depuis le 06 Octobre 2010 à « Messieurs les Présidents des Partis politiques de l’Union fait la nation » et à l’Alliance ABT j’écrivais : « Les pas posés jusque-là par le pouvoir de YAYI Boni montrent bien qu’il n’entend se soumettre à aucune légalité, pas même la Constitution (lors que ses intérêts politiques sont en jeu) que sa seule légalité c’est sa boulimie du pouvoir et qu’il conduit tout droit le pays vers ce qu’il a déclaré « mettre le pays à feu et à sang …Dans ces conditions, le seul acte salutaire à poser c’est de se lever ensemble pour arrêter immédiatement et tout net les mains du criminel avant qu’il ne plonge le pays dans l’inconnu. C’est ce à quoi mon Parti a toujours appelé sans attendre une échéance constitutionnelle (celle de 2011 par exemple) à laquelle ne croit nullement YAYI Boni si ce n’est pour se maintenir au pouvoir. Vous me direz : « Le PCB se trouve dans sa logique, celle du soulèvement général ». Oui, le PCB se trouve dans la logique du soulèvement général. Mais quelle autre alternative démocratique offre un pouvoir tyrannique comme celui-ci qui n’a même pas accepté les résultats des élections communales ou municipales défavorables et qui ne reconnaît les dispositions de la Constitution que si elles lui sont favorables ?

Croyez-vous qu’il accepterait perdre une élection qui cette fois-ci l’engage directement : l’élection présidentielle ? Vous disiez jusque-là le contraire et affirmez chasser YAYI Boni par la voie des urnes. Vous aussi vous êtes dans votre logique. Mais les dernières décisions de la Cour Constitutionnelle n’affaiblissent-elles pas votre position ?...
La Cour s’arroge ainsi par-dessus tout le droit de proclamer élu qui elle veut.

Par ces décisions, la Cour de DOSSOU Robert a montré qu’elle est prête à recourir à tous les moyens pour faire gagner YAYI Boni et que la machine à fraude est apprêtée pour la manœuvre sordide. Cela devrait suffire à faire tomber toutes les illusions d’une victoire sur celui-ci par la voie des urnes en 2011. En persistant dans une logique que vous savez favorable à YAYI Boni ne se rend-on pas complice du criminel »

Dès la création du Front De Défense de la Démocratie, nous avons dans une adresse déclaré : « C’est maintenant, c’est aujourd’hui même qu’il faut se mettre à couper tous ces fils qui retiennent debout le pouvoir failli de Boni YAYI. Boni YAYI prépare des élections belliqueuses et avec ou sans LEPI se proclamera vainqueur. C’est donc aujourd’hui et maintenant qu’il fait se lever et le chasser. Il ya trop de preuves que Boni YAYI n’acceptera jamais son échec aux élections présidentielles, lui qui n’accepte pas l’échec d’un de ses candidats comme délégués de village. Attendre les élections ce sera trop tard, car aux élections, avec ou sans LEPI, Boni YAYI, le dictateur escroc se proclamera vainqueur et se sera encore mieux organisé. Et les puissances extérieures qui financent la LEPI frauduleuse, en cas de contestation légitime, diront que ‘’globalement les choses se sont bien passées’’, enverront des missions de paix, des équipes de médiateurs, proposeront un ‘’gouvernement d’union nationale’’ pour finalement imposer l’imposteur Boni YAYI » (Message du PCB au meeting des jeunes Pour la défense de la démocratie en date du 30 Octobre 2010.)

B- LA RESPONSABILITE DES HAUTS BOURGEOIS NON AU POUVOIR DITS DE L’OPPOSITION.

Tous ces appels à l’endroit des dirigeants des partis de « l’Opposition », AMOUSSOU, HOUNGBEDJI, BIO TCHANE n’ont reçu aucun écho. Ils se sont évertués à les mépriser.

Mais ce qui est plus curieux encore c’est les tergiversations de ces dirigeants au moment des décisions fermes et conséquentes contre les manœuvres frauduleuses allant dans le sens de l’intérêt des travailleurs et des peuples. Trois exemples peuvent suffire à illustrer ce que j’avance. Lorsqu’il s’est agi du boycott ou non de la LEPI frauduleuse, après le mot d’ordre donné par les dirigeants de l’Opposition de ne pas aller se faire enregistrer, la veille ceux ci reviennent sur leur position et donnent un mot d’ordre contraire. Deuxième inconséquence : tout le monde voit qu’avec des milliers de gens laissés sur le carreau par la LEPI de BAKO, il faut un audit tout au moins interne pour un toilettage de cet instrument électoral, et un temps suffisant pour les enregistrer. Et pourtant les députés de l’Opposition se sont associés dans un véritable marché de dupes avec les députés de la mouvance présidentielle pour voter une loi accordant seulement cinq (5) jours de report. Troisième inconséquence : Alors que 11 candidats sur 13 (dont HOUNGBEDJI, BIO TCHANE) ont le mercredi 09 mars appelé à un report des élections d’au moins une semaine des élections, les mêmes deux jours plus tard le 11 appellent le peuple à aller massivement au vote le 13. Ces tergiversations ne peuvent que désorienter les masses populaires et constituent des concessions intolérables au dictateur Boni YAYI.

IV- LES TACHES DES TRAVAILLEURS ET DES PEUPLES.

Les travailleurs et les peuples en sont arrivés à la conclusion qui ne veulent plus se battre pour laisser se faufiler au pouvoir quelqu’un qui ne les soutient pas, Ils sont arrivés de plus en plus à la conscience qu’il leur faut leur propre pouvoir, le pouvoir des travailleurs et des peuples et que seul un tel pouvoir peut instaurer une nouvelle et bonne gouvernance du pays. Leurs nombreuses manifestations au cours de la campagne, les luttes qui se poursuivent au Ministère des Finances, à HOMEL indiquent bien que les travailleurs prennent conscience qu’ils sont et seront leur seul et propre sauveur.

Du scrutin frauduleux et honteux actuel sortira un président illégitime et illégal. Ce que le Parti Communiste du Bénin et moi-même vous disons en ce moment grave, c’est que les travailleurs et les peuples ne sont condamnés par aucune Loi, aucune Constitution, aucun Destin à subir un Président illégitime et illégal qu’ils ne méritent pas Il n’y a pas d’échéance pour le peuple souverain. Exemple KEREKOU réélu en juin 1989 et chassé du pouvoir peu après. Exemple BEN ALI à qui il restait deux ans et demi de son mandat et MOUBARAK à qui il restait sept mois. Alors aux travailleurs, aux jeunesses, et aux forces démocratiques en général, au peuple tout court, je dirai simplement ceci : « Il ne nous reste plus d’autre alternative : c’est d’accroître les luttes en cours jusqu’à la révolution pour chasser un tel Président illégitime et illégal du pouvoir et instaurer le pouvoir des travailleurs et des peuples.

Voilà, le défi et j’ai la conviction qu’à l’instar des peuples de Tunisie, d’Egypte, les travailleurs et les peuples du Bénin le relèveront
Alors vive le pouvoir des travailleurs et des peuples.
Vive la révolution.

Cotonou le 15 Mars 2011.

Philippe NOUDJENOUME

Premier Secrétaire du PCB

Candidat aux élections présidentielles 2011.