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BENIN - Réclamation de la tenue des élections locales et municipales : APRES LE SUCCÈS DE LA MANIFESTATION, LA SUITE…

D 6 novembre 2014     H 05:09     A Eugène–Marie OKE ASSOGBA     C 0 messages


Le mercredi 29 Octobre au petit matin, Plus de 10000 manifestants ont défilé dans les rues de Cotonou à l’appel de l’opposition, des syndicats et d’organisations de la société civile pour demander l’organisation des élections municipales, communales et locales qui devaient avoir lieu depuis 2013 et qui ont été reportées plusieurs fois sine die. La version corrigée de la Liste électorale permanente informatisée n’étant toujours pas disponible.

Répondant à l’appel de l’opposition, plusieurs milliers de personnes, enfants, jeunes et adultes, invités et curieux, ont sillonné les artères de la ville de Cotonou, scandant des slogans hostiles au pouvoir en place.« YAYI BONI, Les élections ! Les élections » à répétitions. Composé des membres de la société civile, de l’opposition, des anciens ministres et anciens collaborateurs de Yayi BONI, le cortège a défilé au pas de course, dans le calme, encadré par un solide dispositif sécuritaire. Et pour les organisateurs, cette manifestation est un succès. « Les Béninois viennent de prouver à Yayi Boni qu’il n’a pas le contrôle de la situation. Les Béninois viennent de lui prouver que la démocratie est sacrée au Bénin et que nous réclamons les élections dans les plus brefs délais », se réjouit Eric HOUNDETE, député de l’Union fait la Nation. « le Bénin est un pays de paix et de développement et quiconque ose l’éclabousser, trouvera malheur en chemin » ajoute Richard SENOU, un ancien ministre et conseiller de Yayi BONI. En plus des membres de partis et d’associations, il y avait dans le cortège beaucoup de citoyens en colère contre ceux qui mènent le processus électoral, de hautes personnalités comme le professeur Maurice AHANHANZO GLELE, l’un des rédacteurs de la constitution béninoise, craint et respecté par les béninois et plusieurs présidentiables. Des automobilistes, des conducteurs de taxi moto, des vendeuses au bord des voies, applaudissent les marcheurs. C’est un ras-le-bol plus général qui s’exprime. Une manifestation réussie. Selon les organisateurs, cette activité n’est que le début d’une série qui animera la vie social et politique du pays dans les prochains jours.
Tous les manifestants accusent les deux parties, le gouvernement et le Cos-Lepi, l’organe chargé de corriger et d’actualiser la Liste électorale permanente informatisée (Lepi), sans laquelle il ne peut pas y avoir de scrutin. Ceux ci ne veulent pas être désigné comme le responsable du blocage des élections locales. Ils ont pourtant été sérieusement mis en cause par le gouvernement samedi dernier. Plusieurs de ces membres, des députés issus de la mouvance présidentielle et de l’opposition, ont des propos divergents, qui laissent à désirer.

Le Cos-Lepi s’est expliqué sur un processus beaucoup plus long que prévu. Pour son président, la raison est simple, la tâche de l’organisme va au-delà d’une simple correction : « On reprend à zéro la Liste électorale permanente informatisée. On a rasé le bâtiment et on a repris la fondation. Chemin faisant, on a pris les briques de l’ancien bâtiment pour tout reconstruire », explique Sacca Lafia, député du camp présidentiel.

Quant aux besoins de financement, 17 milliards de francs CFA au total, le Cos-Lepi renvoie la balle dans le camp du gouvernement. Ces besoins sont légitimes, selon Nicaise Fagnon, rapporteur et lui aussi député de la mouvance présidentielle : « Les dépenses qu’on fait c’est un investissement qui va servir pour le Bénin, garantir la paix pendant sept ans à venir. Aucun camp politique ne maîtrise la Lepi que nous faisons. C’est un travail limpide. Il n’y aura, ni village fictif, ni bureau de vote fictif, c’est peut-être là où se situe la peur. »

Depuis quelques années, la démocratie béninoise souffre de ses hommes. Le système Yayi Boni s’est vite illustré par ses multiples initiatives pour faire périr une démocratie pourtant exhibée en exemple. Quelques goujats dans l’ombre du chef de l’Etat, inconscients de la situation, créent pour leurs intérêts des conjonctures étouffantes. C’est le cas notamment de Gbadamassi, ancien maire de Parakou devenu le terrible député qui n’hésite pas à se livrer au hasard de ses humeurs à des appels dont certains sont flous. « Après nous, c’est nous, », son ambigu slogan fait rage au sein de la majorité alors que le chef de l’Etat sortant clame qu’il ne sera plus candidat. Ce qui s’est passé au Burkina Faso, avec la fuite de l’homme fort de Ouagadougou, Blaise Compaoré devrait servir de leçon à Yayi Boni pour qu’il marche sur les pas de son peuple au lieu de se livrer, comme il le fait si habillement, à des manœuvres dilatoires pour inquiéter l’état de la démocratie. Plusieurs autres manifestations pourraient suivre et le Burkina Faso, pays voisin sera sans doute un exemple pour le peuple béninois.

C’est donc un bras de fer qui est ouvert par les Béninois. Une nouvelle phase d’enregistrement est prévue pour début novembre, et la Lepi pour mi-décembre. Les populations sont bien inquiètes et n’entendent se taire. Wait and see.

Eugène–Marie OKE ASSOGBA, Cotonou, BENIN

Source : http://afrikaexpress.info