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Bénin : UN PRESIDENT POUR QUI LE SORT DU PEUPLE NE COMPTE PAS

D 25 août 2020     H 05:30     A Parti Communiste du Bénin     C 0 messages


A l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance de
notre pays, le président Talon a délivré comme il est de
tradition, la veille, le 31 juillet 2020, un discours radio-télévisé
à l’attention du peuple. La particularité de la présente
commémoration, c’est qu’elle intervient 60 ans après l’indépendance
formelle.

A l’écoute du discours, on peut constater deux parties. Dans la
première, Talon, évoquant qu’il y « a 60 ans, notre pays annonçait au
monde, sa souveraine volonté de se construire en Nation et de se
déterminer en Etat libre », rend hommage à ses « illustres
prédécesseurs », présidents décédés ou encore vivants.
Dans la deuxième partie, Talon a exhibé ses performances dans « le
lancement vers ce développement certain et durable dont nous
rêvons depuis 60 ans ». Et la base de ces performances, ce sont « les
réformes majeures que le Gouvernement met en œuvre depuis
bientôt cinq ans… ». Les résultats déjà perceptibles « sont de plus en
plus en plus appréciés à l’international », par la Banque Mondiale, le
FMI, l’OCDE, dit-il.

A écouter ce discours, on a l’impression d’entendre un étranger, ou
mieux un extraterrestre parler du Bénin.
Dans la première partie, il n’y a aucun bilan pour savoir si, depuis la
sortie formelle de la colonisation il y a 60 ans, le pays a avancé dans
la construction d’un « Etat libre » de l’ancien colonisateur. Talon se
tait sur cet Etat de pays maintenu "Enclos français", toujours
enchainé à l’ancien colonisateur par la monnaie, la langue dite
officielle, la diplomatie, par les gouverneurs à peau noire. Il montre
qu’il est un étranger et un obstacle à toutes les aspirations largement
exprimées aujourd’hui par la jeunesse et les patriotes africains qui
dénoncent le pacte colonial.

Alors, dans la deuxième partie de son discours, l’exhibition de ses
performances demeure dans le cadre du garant du pacte colonial et
surtout dans le style du dictateur autocrate dont la référence
demeure lui, lui-même et lui seul. Le discours ne cite que les
flatteries, les notations louangeuses à "l’international."
Le peuple ne compte pas. Le chômage qui s’accroît par les
licenciements récurrents et la rareté dans la création d’emplois, le
Président du Bénin ne le voit pas. La misère qui suinte dans les rues
et que viennent souligner des drames de mères qui jettent leurs
bébés dans les marais, l’augmentation de l’alcoolisme de la jeunesse
dénoncée par des autorités morales, tout cela ne compte pas.
Lorsqu’il arrive à parler « des effets de ces performances qui pourtant
améliorent déjà sensiblement la satisfaction de nos besoins basiques
comme l’eau, l’électricité, les soins de santé, l’éducation, les routes »,
c’est encore pour se décerner une auto-satisfaction et masquer les
réalités de pénurie d’eau même dans les grandes villes, l’état délabré
des hôpitaux, l’accès de plus en plus difficile aux soins de santé, les
classes et amphis pléthoriques, le délabrement des voies et pistes
dans les régions en dehors du mirage de l’asphaltage des quartiers
huppés ou des rues des " camarades" dans certaines villes.

Ces réalités, avec la misère endémique, ne peuvent être toujours
cachées. On ne peut cacher que depuis bientôt cinq ans, les salaires
des ouvriers, des employés n’ont pas augmenté et donc que par
conséquent, leur pouvoir d’achat a diminué, entraînant la mévente
dans les marchés et la baisse des commandes aux artisans. On ne
peut cacher que la culture du coton profite surtout au clan au pouvoir
et à quelques gros exploitants, mais que le petit paysan se ruine la
santé sans contrepartie. Toute étude sérieuse montrerait la réalité
de l’ampleur de la misère au Bénin sous Talon.

Le 25 juillet 2020, le Centre Statistique de l’UEMOA a publié les
résultats d’une enquête sur les conditions de vie des ménages en
2018-2019, enquête réalisée dans les huit pays de l’UEMOA. En
comparaison avec ces pays, l’enquête indique que 47,5 % soit près
de la moitié des ménages au Bénin sont pauvres. Si on sait que le lit
du pauvre est fécond, c’est-à-dire que les pauvres ont relativement
plus d’enfants, c’est donc plus de la moitié de la population, environ
6 millions d’âmes en 2019 qui croupissent dans la misère. Les
résultats publiés par l’Institut National de la Statistique et de
l’Analyse Economique indiquent que la pauvreté n’a pas
significativement diminué entre 2015 et 2019.

Alors lorsque, face à tant de misère pour laquelle aucune mesure de
compassion, aucune perspective de soulagement n’est évoquée
dans son discours, le pouvoir autocratique exhibe le Palais du
Président rénové à plus de 14 milliards, le peuple a raison d’exprimer
sa désapprobation. Il a raison de s’indigner contre un Président qui
confirme ce qu’il a déclaré au lendemain de son arrivée au pouvoir,
en mai 2016, au journal " Le Monde " : « Ça va vous choquer, mais
ce que je fais, c’est d’abord pour moi-même, je pense à moi tout le
temps. »

Le peuple a raison de s’indigner contre un Président pour qui le
peuple ne compte pas.

Cotonou, le 5 août 2020

Le Parti Communiste du Bénin