Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Bénin » Bénin : YAYI BONI NE MERITE PAS DE FINIR LE MANDAT USURPE

Bénin : YAYI BONI NE MERITE PAS DE FINIR LE MANDAT USURPE

D 31 décembre 2012     H 05:30     A Parti Communiste du Bénin     C 0 messages


ADRESSE DU PREMIER SECRETAIRE DU PCB
AUX COMMUNISTES, AUX TRAVAILLEURS ET AUX PEUPLES A L’OCCASION DE LA CELEBRATION DU 35ème ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DU PCB ET DE LA FETE DU NOUVEL AN 2013 :

I- Il y a trente-cinq ans, le Parti Communiste du Bénin fut fondé
Le 31 Décembre 2012, le Parti Communiste du Dahomey aujourd’hui Parti Communiste du Bénin a trente-cinq ans. En effet c’est le 31 décembre 1977 que fut fondé notre Parti. Trente-cinq dans la vie d’un homme comme d’une institution c’est l’âge adulte. Pourquoi ce Parti a-t-il été créé ? Quels objectifs vise-t-il ? Les a-t-il atteints ? Tout cela a été développé en long et en large par notre Parti sous la plume et la pensée du Chef Historique du Parti, Pascal FANTODJI. La mission du Parti c’est faire la révolution au Bénin. Ce qui signifie : rompre avec le Pacte colonial actuel imposé à nos peuples depuis l’agression impérialiste française de 1894 et qui continue de se perpétuer cinquante-deux ans après les indépendances formelles, assurer une autre gouvernance pour mettre fin au pillage et au vol quotidiennement perpétrés au sommet de l’Etat en instaurant un contrôle rigoureux de la gestion par les travailleurs et les populations à la base. Nous résumons ces objectifs immédiats par ces mots d’ordre :
 • Libérer la production en appuyant fortement les producteurs et opérateurs économiques nationaux ;
 • Accroître la productivité par l’instruction de tous les citoyens, notamment à travers leurs langues maternelles pour l’accès à la science au dernier cri ;
 • Assurer aux travailleurs et aux peuples, le droit de désigner et de destituer leurs dirigeants dans les administrations et entreprises publiques ;
 • Faire de tous les Béninois des citoyens fiers, empreints de leurs cultures et ouverts au monde.

Cela fait donc trente-cinq ans que nous poursuivons cet idéal. Que nous ne l’ayons pas encore atteint ? Cela c’est un autre problème. L’atteinte de tels objectifs étant soumise à maints facteurs tant objectifs que subjectifs dont plusieurs sont indépendants de la volonté des acteurs politiques eux-mêmes. Que nous ayons fait accomplir à notre peuple d’immenses progrès, cela est aussi incontestable et présage que l’objectif final : l’émancipation de notre peuple et la bonne gouvernance basée sur le contrôle populaire des biens publics sera nécessairement atteint. Les communistes sont fiers de l’œuvre déjà accomplie avec leurs conseils aux masses populaires durant ces 35 ans dans leurs quêtes permanentes du mieux-être. Les travailleurs et les peuples de notre pays sont fiers de ce Parti qui est et demeure leur patrimoine qu’ils défendent autant que la prunelle de leurs yeux. Au regard du gouffre dans lequel est tombé notre pays, nous sommes confiants qu’il n’existe pas d’autre issue en dehors d’un changement radical qui bouleverse l’existant actuel et ce changement radical n’est autre chose que la révolution pour l’instauration du pouvoir des travailleurs et des peuples.

II- Bilan des douze mois de l’année 2012

L’année 2012 s’achève. Une nouvelle année pointe à l’horizon. Mais que retenir de l’année qui s’en va ? Le bilan des douze mois qui s’évanouissent s’énonce en trois volets : misère noire pour les travailleurs et les peuples ; attaque frontale du pouvoir contre les libertés publiques ; luttes des masses populaires pour un nouveau pouvoir.

1°- Le peuple béninois croupit dans la misère noire.
La caractéristique essentielle de l’année 2012 est qu’elle a été une année noire, une année chaotique pour les travailleurs et les peuples du Bénin. Pour l’illustrer, nous allons reprendre un extrait de cette chronique du quotidien « La Fraternité » intitulée « L’incroyable morosité de décembre » : « Les jours se suivent et se ressemblent. Le soleil se lève dans la morosité et se couche sans illuminer le quotidien du peuple qui porte sa croix. La situation étoffe le pessimisme. Et les fêtes approchent dans la grande tristesse… Décembre coule dans la morosité et le 1er janvier s’annonce plutôt douloureux. Au fait que nous arrive-t-il ? Le ciel est tombé sur nos têtes en cette fin d’année. Dans la rue, la colère est la chose la mieux partagée. On traîne une montagne de soucis et on meurt à petits coups… La morosité culmine au sommet… Jamais la tristesse ne s’est aussi répandue sur les visages… Le baromètre social affiche le négatif. Et les perspectives sont effroyables. Vraiment cette période de fête n’en est pas une. On dirait un peuple sorti fraîchement d’une catastrophe naturelle… Les symptômes de la misère sont visibles ». Cette chronique sortie une semaine avant les festivités s’est entièrement vérifiée. Et l’on n’a jamais vu une fête de Noel aussi triste sous nos cieux depuis plusieurs décennies. Les festivités du Nouvel An ne s’annoncent guère mieux. Et pour cause ! Et le chroniqueur ne peut mieux dire en écrivant que « l’on dirait un peuple sorti fraîchement d’une catastrophe naturelle ». Oui en effet, notre peuple est « sorti fraîchement d’une catastrophe » non pas naturelle, mais politique.

2°- Dans tous les secteurs le pouvoir de YAYI Boni s’attaque aux libertés publiques.
Pendant toute l’année 2012, le pouvoir de YAYI Boni est allé d’escalade en escalade ; après avoir interdit la grève aux douaniers, il s’acharne à l’étendre à tous les autres travailleurs en procédant à des défalcations illégales agissant par fait de prince et en bombant la poitrine comme ce ministre de l’enseignement secondaire qui déclare « qu’ils aillent en grève, ils seront défalqués ». Nous entrons ainsi dans une sphère de non droit où la seule logique est la force brute. La presse est bâillonnée. L’ORTB est devenue la « Voix de la Refondation ». Même les communiqués payants de réunion des partis politiques autres que ceux de la « Refondation » sont refusés sur les antennes. Les autres télévisions sont mises sous ordre par la HAAC des Nata Théophile, ceux-là mêmes qui ont avaient fait la pluie et le beau temps à l’époque du despotisme de Kérékou de 1972 à 1990 avec des morts et des centaines d’emprisonnements. La presse écrite subit le même sort. Le droit de manifester lui-même est sous menace des préfets nommés par YAYI Boni.

3° Les travailleurs et les peuples ont lutté pour un changement révolutionnaire de ce pays.
Les travailleurs et les peuples face à ce pouvoir et à ces actions meurtrières ne sont pas restés les bras croisés. Nous devons mentionner cinq séries d’événements d’importance : la première a été les mouvements devenus historiques de février-mars 2012 des travailleurs, notamment des enseignants qui ont secoué le pouvoir et mis à l’ordre du jour le mot d’ordre qu’il faut chasser YAYI Boni « par la rue » ; la deuxième a été la tenue victorieuse du 6ème Congrès avec comme point d’orgue, le rassemblement de toutes les couches populaires autour des communistes, où il a été clairement affirmé la question du pouvoir que le Parti à travers ses Chefs est prêt à assumer dès que le peuple le mettrait à l’ordre du jour et l’ouverture d’un siège National du Parti ; la troisième, c’est la création de la grande Alliance de la Convention Patriotique des Forces de Gauche le 14 Août 2012 ; la quatrième est la campagne victorieuse que le Parti Communiste du Bénin a menée, ensemble avec les organisations syndicales, de jeunes, des femmes, de défense des droits de l’Homme, unis dans le Comité des Victimes de la Répression politique au Bénin contre la réhabilitation du Criminel Mathieu Kérékou et la négation de l’histoire ; la cinquième enfin est la commémoration du 11 décembre 1989 ensemble avec la Convention Patriotique des Forces de Gauche, des organisations syndicales de travailleurs, des femmes, des jeunes, etc. Tout cela participant à la maturation des conditions objectives et subjectives de la Révolution au Bénin.

III- Pourquoi Yayi Boni ne mérite pas de finir le mandat actuel.

Dès le mois de juillet 2012, j’ai, dans une adresse aux organisations patriotiques des travailleurs, des jeunes, aux confessions religieuses et à la société civile en général, et faisant ainsi écho aux plaintes générales du peuple, lancé l’alerte en les termes que voici : « Notre pays va mal ! Dans un sursaut patriotique, levons-nous pour le sauver ». Et l’opinion était répandue dans toutes les couches populaires qu’il faut chasser le pouvoir affameur et tyrannique de YAYI Boni « par la rue ».

Prétextant de la présumée « tentative d’assassinat contre sa personne », YAYI Boni organise lui-même des marcheurs et monte des hommes-liges comme Urbain Karim da Silva de Porto-Novo pour conditionner les masses populaires sur cette idée qu’il faut laisser YAYI Boni poursuivre et terminer son mandat en 2016. Les propagandistes de cette idée qui se répand dans le peuple, évoquent « l’engagement de YAYI Boni » de ne pas prolonger son mandat au-delà de 2016. Et on fait référence à ses « engagements » devant le Pape et devant le président et devant le président Obama.

Je dis aujourd’hui et encore que la catastrophe actuelle incarnée par le pouvoir de YAYI Boni appelle une solution d’urgence sous peine de plonger davantage le pays dans de très grandes incertitudes ! Et cette solution d’urgence passe d’abord et avant tout par le départ immédiat de YAYI Boni du pouvoir. Ce disant, je sais que la plupart des hauts-bourgeois et autres éléments de la couche supérieure de la petite bourgeoisie du groupe « constitutionnel », c’est-à-dire les partisans purs et durs du maintien de la Constitution actuelle en l’état, diront le contraire. Mais l’histoire devrait nous inspirer et éclairer les actions des hommes.

La première raison qui fait que YAYI Boni ne mérite pas de finir ce mandat-ci est qu’il l’a usurpé par un hold-ulp. L’acte fondateur de ce mandat est un faux et selon l’adage juridique latin « fraus omnia corrumpit » (La fraude corrompt tout) on ne doit pas céder à la logique du brigand qui veut -sous peine de violence- garder un butin volé au peuple.

La deuxième raison est que les dommages que causerait le maintien au pouvoir de YAYI Boni pendant trois ans encore seront incommensurables… Chômage, misère, famines. Combien de morts silencieuses du fait de la politique de YAYI Boni en trois ans ! Nul ne le saura jamais.

La troisième raison est que, le laissant aller jusqu’au bout de ce mandat, rien pas même des engagements soi-disant formels n’empêcherait YAYI Boni de tenter un coup de poker ; de tenter le coup à la Wade, à la Compaoré ou à la BIYA pour un troisième mandat.

La quatrième raison est que dans le meilleur des cas où il accepterait de partir en 2016, il ferait comme Kérékou en plaçant à sa place quelqu’un qui, d’une part protégerait ses arrières et empêcherait qu’on le poursuive ; d’autre part serait à son image et même ferait pire que lui. Et l’agonie de notre peuple se poursuivrait. Mais jusques-à quand va-t-on aller avec cet éternel recommencement basé essentiellement sur le principe anti-éthique de l’impunité ?

Travailleurs, Jeunes, Femmes, Intellectuels traditionnels, Camarades, Peuples de mon pays,

Je sais que vous vous battez beaucoup et tous les jours pour ne pas mourir de faim, pour un minimum vital digne de la vie d’un homme ; vous vous battez pour les libertés, pour la souveraineté, pour un pays beau et indépendant.

Je vous invite à éviter des erreurs et incohérences du passé. En 2010, à la veille des dernières élections présidentielles, beaucoup d’entre vous disaient qu’il fallait aller à ces élections pour faire partir le dictateur. Le Parti Communiste du Bénin avait rejeté la naïveté de ces vues en disant « C’est aujourd’hui, c’est maintenant ! Il n’y a pas d’échéance au peuple souverain » qu’il faut aller par un soulèvement pour le chasser du pouvoir. Car disions- nous « Avec ou sans LEPI, le dictateur escroc se proclamera vainqueur et se sera mieux organisé ». L’on a vu que c’est ce qui s’est passé effectivement. L’histoire se répétera-t-elle ? Notre peuple n’est pas incapable d’assumer son destin en le prenant en mains, avec détermination et tous les sacrifices que cela impose.

Travailleurs, Jeunes, Femmes, Intellectuels traditionnels, Camarades, Peuples de mon pays,

L’année 2012 s’en va avec ses lots de misères et d’attaques frontales du pouvoir contre les libertés ; mais aussi de luttes populaires et d’espérance. L’année 2013 s’annonce avec ces nombreux défis : politiques, économiques, culturels.

Comme il y a un an, lors de la présentation des vœux au peuple, je reprends les mêmes vœux formulés ainsi : « En cette veille de la nouvelle année qui s’annonce, je ne viens pas à vous avec des promesses de fleur et de l’eau de rose. Je viens à vous avec le langage de vérité de lutte et d’esprit de sacrifice. Je vous convie aux combats libérateurs pour l’instauration d’une République Démocratique, Indépendante et Moderne dont la réalisation passe par le renversement révolutionnaire du régime de la « Refondation ».
Aux combats pour un monde meilleur, pour nous et les générations futures.

Pour le Pouvoir des Travailleurs et des Peuples !

Bonne et Heureuse Année 2013 à tous tant de l’intérieur que de l’extérieur.

Cotonou le 27 Décembre 2012.

Le Premier Secrétaire du PCB

Philippe NOUDJENOUME