Burkina Faso : Ces étudiants africains qui applaudissent l’humiliation de leur président de la république…
2 décembre 2017 05:10 0 messages
Certaines postures ou gestuelles, certains mots et expressions employées, certaines attitudes condescendantes voire pires, certains comportements inappropriés voire insultants, laissent discerner chez Emmanuel Macron, un personnage où le « paraître » domine tous les autres aspects – sa bouffée délirante et hallucinante au meeting du 10 décembre à Paris pose question – une personnalité déséquilibrée en quelque sorte. En peu de temps il a pris le « melon » comme on dit à Marseille. Mises bout à bout, ses frasques offrent assez de la matière aux humoristes pour réaliser une compilation, le « bêtisier Macron » pour les rétrospectives télévisuelles de fin d’année. Mais cette personnalité, somme toute immature, comme celle d’un adolescent qui a encore besoin de se prouver quelque chose ou d’épater quelqu’un est dangereuse. Jusqu’où peut-il aller avec son très joli petit costume ? Au Burkina Faso, quoiqu’on pense du président burkinabé, Macron a été inconvenant. Nous avons connu Hollande déguisé en chef de guerre passant en revue les troupes au Mali avec son physique et sa dégaine de notable de province. Il faut craindre les « effets » qu’un Macron peut être amené à produire, à mettre en scène pour nous impressionner. Il est lui même très impressionné par les puissants qui l’ont propulsé sur la scène, faute de mieux, pour leur signifier sa reconnaissance éperdue, il singe leur morgue jusqu’à l’outrance. Dans le Macron, rien n’est bon, des morceaux commencent même à puer…
Nombreux sont ceux qui n’en reviennent pas de la scène hallucinante qui s’est déroulée dans un amphithéâtre de l’Université Joseph KI-ZERBO, à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso, où le président français MACRON, en visite officielle dans ce pays, tenait un discours devant un parterre d’étudiants. Le président burkinabé, KABORE, était, lui, sagement assis sur l’estrade en tenue traditionnelle, lorsqu’à une question posée par un étudiant sur les pannes d’électricité récurrentes, le chef de l’Etat français a commencé par dire qu’il n’était pas le président du Burkina-Faso avant de longer le doigt en direction du président KABORE et d’ajouter, hilare :
« C’est à lui qu’il faut demander ça ! »
Courroucé à juste titre, le président KABORE s’est alors levé de son siège et a quitté la salle tandis que son homologue français ajoutait :
« Tu t’en vas ? Mais reste là !….Ah, il va réparer la climatisation. »
Tonnerre d’applaudissements dans le parterre d’étudiants burkinabé !!!
Une telle familiarité d’abord (« C’est à lui… »), puis une telle grossièreté (« Tu t’en vas ?…) est absolument contraire à toutes les règles de courtoisie diplomatique, mais aussi de courtoisie tout court puisque le président MACRON était l’invité du président KABORE. Et puis, de quel droit le premier s’est-il permis de tutoyer le second ? Ce genre de tutoiement est certes habituel quand des policiers contrôlent (au faciès) des immigrés noirs ou arabes, mais enfin, on n’était pas à Barbès-Rochechouart ou dans le 9-3, mais dans un amphithéâtre universitaire au Burkina-Faso.
Faut-il pour autant blâmer le président français ?
Non, il est dans son rôle de chef d’état occidental sûr de sa puissance et, pour une fois, pas hypocrite. Il exprime tout simplement ce que la majorité des Français pensent de l’Afrique. Ceux par contre qui sont à blâmer sont ces étudiants burkinabé qui n’ont cessé de l’applaudir à tout rompre, approuvant donc de la sorte l’humiliation que venait de subir la plus haute autorité de leur pays. Car quels que soient les différends que l’on peut avoir entre soi, quels que soient les griefs qui peuvent être faits au président KABORE, il est inadmissible de s’appuyer sur l’extérieur__en l’occurrence le Grand Chef Blanc__pour essayer d’y trouver des solutions.
Et puis c’est quoi cette question sur les pannes d’électricité ? N’y a-t-il pas des sujets plus importants : le franc CFA, le sort des migrants qui se noient tous les jours en Méditerranée, le pillage des richesses agricoles, minières et pétrolières africaines par les grandes compagnies occidentales etc…etc… ? D’ailleurs, s’il y a des pannes d’électricité, elles ne sont que la conséquence directe de l’état de délabrement des pays du sud, singulièrement africains, à cause de leur exploitation éhontée par l’Occident depuis des siècles.
Péyi zanmi-kanmarad
Dans la même rubrique
21 novembre – Au Burkina Faso, la faillite de la junte
8 juin – Burkina Faso : L’armée a massacré 223 villageois
22 avril – Burkina Faso : un rassemblement pour réclamer la libération de Maître Guy Hervé Kam interdit