Burkina Faso : Non aux réquisitions punitives
11 novembre 2023 13:00 0 messages
𝐀𝐁𝐀𝐒𝐒𝐄𝐏 – 𝐀𝐉𝐁 – 𝐂𝐀𝐃𝐃𝐋 – 𝐂𝐂𝐕𝐂/𝐎𝐮𝐚𝐠𝐚 – 𝐂𝐃𝐀𝐈𝐏 – 𝐂𝐍𝐏-𝐍𝐙 – 𝐂𝐨𝐥𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐟 𝐬𝐲𝐧𝐝𝐢𝐜𝐚𝐥 𝐂𝐆𝐓-𝐁 – 𝐁𝐚𝐥𝐚𝐢 𝐂𝐢𝐭𝐨𝐲𝐞𝐧 – 𝐀𝐬𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐊𝐞𝐛𝐚𝐲𝐢𝐧𝐚 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚 – 𝐌𝐁𝐃𝐇𝐏 – 𝐎𝐃𝐉 – 𝐔𝐆𝐄𝐁 – 𝐑𝐄𝐍-𝐋𝐀𝐂 – 𝐂𝐈𝐒𝐂 – 𝐒𝐘𝐍𝐀𝐌𝐔𝐁 – 𝐀𝐬𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐘𝐚𝐦𝐩𝐚𝐥𝐠𝐚
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𝐂𝐎𝐍𝐅𝐄𝐑𝐄𝐍𝐂𝐄 𝐃𝐄 𝐏𝐑𝐄𝐒𝐒𝐄 𝐃𝐔 𝟔 𝐍𝐎𝐕𝐄𝐌𝐁𝐑𝐄 𝟐𝟎𝟐𝟑 – 𝐃𝐄𝐂𝐋𝐀𝐑𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐋𝐈𝐌𝐈𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄
𝐌𝐞𝐬𝐝𝐚𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬, 𝐬𝐨𝐲𝐞𝐳 𝐥𝐞𝐬 𝐛𝐢𝐞𝐧𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐁𝐨𝐮𝐫𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐓𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐎𝐮𝐚𝐠𝐚𝐝𝐨𝐮𝐠𝐨𝐮 !
Au nom des responsables des organisations syndicales et de la société civile qui avaient appelé à un meeting commémoratif du 9e anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du 8e anniversaire de la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015, je vous remercie, d’avoir répondu à l’invitation pour la présente conférence de presse.
L’objectif de cette conférence de presse est de vous informer sur l’évolution de la situation depuis notre conférence de presse du 24 octobre 2023.
𝐌𝐞𝐬𝐝𝐚𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬,
Vous le savez, nos organisations avaient décidé de commémorer le 31 octobre 2023 l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015. Dès l’annonce de l’activité, des individus, se proclamant soutiens de la Transition, se sont acharnés sur nos organisations et leurs responsables en proférant à leur encontre de graves menaces. Ces individus ont proféré à visage découvert des menaces et appels au meurtre contre les responsables et militants de nos organisations dans l’indifférence totale des autorités de la Transition du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR 2).
Le 26 octobre 2023, soit deux jours après notre conférence de presse du 24 octobre et le dépôt auprès de l’autorité compétente de la lettre d’information annonçant le meeting (conformément à la loi), nous avons reçu un accusé de réception du Président de la Délégation Spéciale (PDS) de la commune de Ouagadougou, M. Maurice KONATE.
Dans sa réponse, le PDS de Ouagadougou nous a informé que notre activité « est conforme aux termes de l’article 10 de la loi N° 022/97/II/AN du 21 octobre 1997, portant Liberté de réunion et de manifestation sur la voie publique ». Toutefois, il prétend que son opportunité appelle de sa part « quelques observations » dont le contexte sécuritaire national, et « soulève des inquiétudes » dont « les risques sérieux d’affrontements », « les risques réels d’infiltration de la manifestation » et « l’accentuation de la fracture sociale entre différentes composantes de la population ». Par conséquent, il nous a demandé « respectueusement » de surseoir à notre projet qui pourrait « exacerber les tensions sociales et mettre à mal la cohésion ».
Nos organisations ont relevé que la correspondance de monsieur le PDS contenait des incohérences. Par exemple, en évoquant des « risques sérieux d’affrontements », nous supposons que le PDS Maurice KONATE fait référence aux discours de haine et aux menaces proférées contre nos organisations. Au nom de quelle cohésion sociale le « garant de l’ordre public » qu’il est, reste-t-il passif face à ces menaces ? Ou avoue-t-il par là son incapacité à sécuriser une manifestation légale objet de menaces proférées par des individus à visage découvert ? Car l’un des intérêts d’une lettre d’information adressée à l’autorité à propos d’une manifestation publique, c’est qu’elle doit lui permettre de prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’activité ne conduise pas à un trouble de l’ordre public. Dans le cas qui nous concerne, nous faisons le constat que le Président de la Délégation Spéciale de la commune de Ouagadougou est resté silencieux face à toutes les menaces contre nos organisations.
Ensuite, le contexte sécuritaire que le PDS évoque à tout va ne gêne nullement les diverses manifestations qu’organisent le pouvoir du MPSR 2 et ses soutiens. La commémoration de l’insurrection populaire le 31 octobre 2023 annoncée précipitamment par le pouvoir du MPSR 2 et le meeting du 5 novembre 2023 par une « coordination des organisations de la société civile » pour demander une prolongation de la durée de la Transition en sont des illustrations parfaites. Si tous les citoyens sont égaux devant la loi, il y a là du « deux poids deux mesures ». C’est plutôt cette gouvernance qui permet aux uns de tout faire et qui bafoue les droits des autres qui est la source d’aggravation de la fracture sociale. De ce fait,
L’évocation du contexte sécuritaire devient un simple alibi
Par ailleurs, nous faisons le constat que des individus occupent les ronds-points de la commune de Ouagadougou et s’autorisent à contrôler d’autres citoyens. Disposent-ils d’une autorisation de la part du PDS Maurice KONATE ? S’il y a une réelle menace qui pèse sur la cohésion sociale et qui interpelle le PDS, c’est bien cette tendance à donner à certains citoyens tous les droits, notamment celui d’occuper illégalement les carrefours et de manifester sans autorisation.
Enfin, nous relevons que la commémoration de l’anniversaire de l’insurrection populaire et de bien d’autres dates-clés de l’histoire du Burkina Faso, sont une tradition pour la plupart de nos organisations. Ces commémorations, organisées de manière autonome se sont jusque-là passées sans aucun trouble. Nous inviter aujourd’hui à nous joindre aux activités officielles organisées par les autorités nous paraît bien incongru et provocateur.
Au regard des incohérences relevées, nos organisations dénoncent l’attitude partisane du PDS Maurice KONATE et l’interpellent afin d’assurer une gestion équitable des citoyens dans le territoire de son ressort.
Sans se laisser divertir par le courrier du PDS, elles ont procédé à l’analyse de l’ensemble de la situation nationale le 27 octobre 2023 et ont décidé, de façon responsable, de suspendre le meeting du 31 octobre 2023 à Ouagadougou avant de répondre à une invitation des chefs coutumiers et religieux chez le Mooro Naaba le même jour. Ces derniers nous ont demandé de surseoir à notre meeting envisagé. Ils ont été soulagés lorsque nous leur avons remis sur le champ une copie de notre communiqué de suspension du meeting. En répondant à l’appel des chefs coutumiers et religieux avant de rendre public notre communiqué de suspension du meeting, nos organisations ont démontré leur attachement à la cohésion sociale. Nous leur avons traduit notre ferme opposition aux atteintes aux libertés caractérisées par les réquisitions forcées, les enlèvements, les exécutions extra-judiciaires, etc.
𝐌𝐞𝐬𝐝𝐚𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬,
Malgré la suspension de notre meeting, nos organisations ont constaté avec indignation que le MPSR 2 procède en ce moment à des réquisitions massives de citoyens. Cette nouvelle vague de réquisitions d’une douzaine de personnes dont nous avons connaissance, concerne, pour l’essentiel, des responsables d’organisations membres de notre coalition, ainsi que des journalistes, leaders d’opinion et hommes politiques, critiques de la gestion actuelle des affaires du pays. De par leur nombre et de par l’identité des personnes concernées, ces réquisitions achèvent de convaincre les plus sceptiques sur les motivations réelles de leurs initiateurs.
A supposer que ces réquisitions soient une application du décret N° 2023-0475/PRES-TRANS/PM/MDAC/MATDS/MJDHRI, du 19 avril 2023, portant mobilisation générale et mise en garde, nous faisons le constat que depuis son adoption, il est utilisé, non pas pour contribuer à la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso mais pour réprimer toute personne émettant un avis sur la gestion actuelle de notre pays et qui ne rencontrerait pas l’assentiment des puissants du moment.
Il faut s’inquiéter de cette dérive du pouvoir du MPSR 2 en ce sens que de telles réquisitions qui visent à faire taire toutes les voix discordantes ne peuvent qu’aggraver la fracture sociale et mettre à mal la cohésion sociale et le vivre-ensemble, gages d’une victoire sur le terrorisme.
Notre coalition d’organisations syndicales et de la société civile prend à témoin l’ensemble des Burkinabè et des amis du Burkina Faso épris de paix, de justice, de liberté et de dignité, de la volonté manifeste du MPSR 2 de faire taire toute voix critique, d’écraser tout citoyen critique, toute organisation critique de sa gestion du pouvoir.
Le pouvoir du MPSR 2 veut ainsi bâillonner nos organisations sous le couvert de réquisition dans le seul but de casser la dynamique de la lutte en cours contre l’arbitraire, l’autocratie et la banalisation de la vie humaine. Cette situation est inacceptable. Elle traduit clairement la volonté manifeste du Capitaine Ibrahim TRAORE de museler toutes les voix dissonantes et constitue un pas de plus dans la fascisation du pouvoir. Pour nos organisations, les réquisitions émises jusqu’ici ne sont rien d’autre que des abus de pouvoir. Elles enlèvent toute pertinence au principe de réquisition et apparaît même comme un mépris de l’engagement des citoyens (y compris les FDS et les VDP) à défendre leur pays. En tout état de cause, elles engagent la responsabilité individuelle de leurs auteurs qui, tôt ou tard, répondront de leurs actes.
Nous rappelons aux dirigeants actuels de notre pays que nos organisations, ensemble avec d’autres composantes du peuple burkinabè, ont payé de leur sueur et de leur sang la conquête d’espaces de libertés dans notre pays. A ces espaces-là, nous tenons et tiendrons toujours quoi qu’il advienne.
𝐌𝐞𝐬𝐝𝐚𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬,
Au regard de ce qui précède, notre coalition d’organisations syndicales et de la société civile :
- apporte son soutien et sa solidarité à tous les citoyens concernés par les réquisitions-sanctions ;
– dénonce et condamne avec la plus grande fermeté ces réquisitions punitives ;
– exige du pouvoir du MPSR 2 l’annulation pure et simple desdites réquisitions et la garantie des libertés individuelles et collectives pour tous les citoyens ;
– tient le Capitaine Ibrahim TRAORE et son MPSR 2 pour responsables de toute atteinte à l’intégrité physique et morale de nos camarades et de tous les citoyens victimes de ces pratiques répressives ainsi que de toute dégradation de la situation.
Nos organisations appellent leurs militants et sympathisants, les démocrates de notre pays, épris de Justice et de Paix, et l’ensemble du peuple burkinabè :
– à s’organiser pour résister contre l’arbitraire et contre toutes formes de manifestation d’injustices ;
– et à rester à l’écoute de tout mot d’ordre que commanderait l’évolution de la situation.
𝐍’𝐚𝐧 𝐋𝐚𝐚𝐫𝐚, 𝐀𝐧 𝐬𝐚𝐚𝐫𝐚 !
𝐌𝐞𝐬𝐝𝐚𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦𝐞𝐬𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬,
Je vous remercie une fois de plus pour votre disponibilité. Nous nous tenons à votre disposition pour répondre à vos éventuelles questions.
𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐚𝐥𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝’𝐨𝐫𝐠𝐚𝐧𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐬𝐲𝐧𝐝𝐢𝐜𝐚𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐜𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞,
𝐋𝐞 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞-𝐩𝐚𝐫𝐨𝐥𝐞 𝐝𝐮 𝐣𝐨𝐮𝐫
𝐍𝐢𝐜𝐨𝐥𝐚𝐬 𝐎𝐔𝐄𝐃𝐑𝐀𝐎𝐆𝐎