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CONTRE LA CULTURE DU VIOL : LUTTONS POUR L’ÉMANCIPATION DES FEMMES !

D 16 septembre 2021     H 04:30     A Alternative socialiste internationale CI     C 0 messages


Depuis trois jours, la chaine de télévision privée NCI fait l’objet de critiques tant sur les réseaux sociaux que par des officiels. L’État, à travers sa Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) s’est contenté d’une déclaration d’indignation et d’une suspension du journaliste animateur de l’émission. Le journaliste mis en cause pour des faits de promotion du viol a été condamné avec sursis, tout comme le soi-disant « violeur repenti », acteur du jour. Il arrive que des journaux soient interdits de publication pendant plusieurs jours ou semaines, mais ici, ni la chaine de télévision, ni ses propriétaires n’ont été inquiétés.

Certains commentaires disent que la promotion du viol est la conséquence du « libertinage ». Or, le viol est l’exact contraire de l’amour libre. Car rappelons-le, la plupart des coupables de viol ne sont pas des individus louches errant dans les ruelles sombres, mais des personnes bien connues de la victime : parent, ami, patron, professeur, mari, pasteur… Le viol n’étant autre que toute relation non consentie mais à laquelle la victime se soumet par la contrainte – cette contrainte pouvant également être financière ou morale. C’est ainsi que, d’après l’UNICEF, près de la moitié des femmes ivoiriennes ont été victimes de violence sexuelle pendant leur enfance.

Les femmes, dans la société ivoirienne, sont toute leur vie soumises à des hommes dont elles dépendent pour leur survie. Cette situation d’impuissance les contraint à supporter des actes inhumains sans broncher. D’autant plus que la culture actuelle, notamment via les courants religieux dominants, impose aux femmes de ne « pas trop parler » et de se contenter d’un statut de femme au foyer, même dans un mariage malheureux. Les hommes aussi, de leur côté, sont soumis à une culture qui dit que pour être un « vrai garçon », il faut être un « chasseur » et « s’imposer » face aux femmes. Et comme non seulement bien des femmes dépendent de leur violeur, mais qu’en plus, le diagnostic à la police coute 50.000 francs, l’immense majorité des faits de viol restent non déclarés et impunis.

Pour lutter contre la culture du viol, il faudrait donc ne pas se contenter de donner des « conseils aux femmes » sur la manière d’éviter le viol, ni même donner des cours de morale aux hommes sur le fait que le viol, c’est mal. Le viol est l’expression d’une domination, un abus de pouvoir. Lutter contre le viol signifie donc donner aux femmes la possibilité de dire « Non ».

Cela veut dire lutter pour une politique sociale qui permette aux femmes de s’émanciper : travail pour tous et toutes, allocations familiales et de chômage, crèches pour les enfants, construction massive de logements sociaux, refuges pour femmes battues et facilitation des dénonciations, contrôle des discours prononcés dans les lieux de culte, organisation de comités de vigilance dans les écoles et dans les entreprises, etc.

Et tout cela, on ne pourra l’obtenir sans un mouvement fort en faveur des droits des femmes, qui ne soit pas juste moraliste, mais qui fasse clairement le lien entre la situation de détresse actuelle et la nécessité de lutter pour une politique sociale, seule garante de l’émancipation des femmes.
C’est à ce combat que notre groupe, Militant Côte d’Ivoire, vous invite à travers sa campagne ROSA.

Section ivoirienne de l’Alternative socialiste internationale