Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Côte d’Ivoire » Côte d’Ivoire : Déclaration du PCRCI sur la commémoration du 7 août 2022

Côte d’Ivoire : Déclaration du PCRCI sur la commémoration du 7 août 2022

D 16 août 2022     H 05:00     A Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire     C 0 messages


Le 7 août 2022, comme les 7 Août précédents, est pour les présidents qui ont présidé aux destinées de notre pays, un point d’honneur dans la célébration de l’indépendance nationale de notre pays.
Pour la célébration de cette année, les hauts dignitaires du RHDP ont minutieusement tout préparé pour annoncer de ‘’grandes nouvelles’’ à couper l’herbe sous les pieds de toute l’opposition et aussi pour hisser leur chef, Alassane Ouattara au sommet de tous ses prédécesseurs (Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié, Guéi Robert, Gbagbo Laurent).
Nous y reviendrons dans notre journal EP 62 du mois de septembre 2022. Pour l’instant nous allons nous attarder sur ce qui est au centre des préoccupations du peuple de Côte d’Ivoire, à savoir :

1°) la réconciliation nationale ;
2°) la lutte contre la vie chère ;
3°) le sort des 49 soldats emprisonnés au Mali ;
4) les tâches des peuples de Côte d’Ivoire pour avancer vers la conquête d’une république démocratique indépendante et prospère.

De la réconciliation nationale : Il faut souligner avec force que tous les partis de hauts bourgeois non au pouvoir, qui représentaient une illusion d’opposition bourgeoise, se sont déculottés face à Ouattara au nom cette prétendue exigence de l’heure.

La réconciliation nationale est pour eux et pour Ouattara une exigence majeure de l’heure ; c’est la la condition pour avancer vers le progrès économique et social et vers la satisfaction des revendications politiques.

Ces partis ont alors décidé de participer de janvier à mars 2022 aux journées du dialogue politique organisées par Ouattara et selon ses directives.
Ils lui ont donné le pouvoir de mettre en œuvre, selon son calendrier et sa vision, les résultats de ce dialogue, présentés sous forme de recommandations à l’exécutif.
Ensuite, pour prouver une fois encore leur disponibilité à accompagner Ouattara, les partis PDCI, PPA-CI, UDPCI, FPI ont solennellement appelé leurs députés à voter le candidat du RHDP au poste de Président de l’Assemblée Nationale.

Enfin, les partis PDCI et PPA-CO ont rencontré Ouattara à sa demande, avec une posture de soumis, demandeurs de faveurs, qui a laissé les ivoiriens sans voix.
Quel a été le sort réservé à la cohésion nationale dans ce discours ?
Les masses populaires qui font face à une inflation généralisée, que rien n’arrête, ni les actions démagogiques du pouvoir Ouattara, ni les luttes courageuses des organisations de la société civile, attendaient de la part du pouvoir d’une part des explications rationnelles claires, causes de ce fléau et d’autre part, la prise de mesures idoines pour les soulager.

Certes, il s’agit d’une crise du système impérialiste mondial ; mais, en Côte d’Ivoire les effets de cette crise sont aggravés par les caractéristiques propres de la politique nationale menée par le pouvoir autocratique.
La guerre en Ukraine avec la désorganisation du commerce international du fait de la guerre économique que les puissances impérialistes occidentales livrent à la puissance impérialiste de Russie, les embargos contre le Mali, décidés par la CEDEAO avec comme acteur principal de cette décision le pouvoir Ouattara, sont les facteurs externes de l’inflation.

Mais en interne, il faut souligner à grands traits la politique ultra libérale du pouvoir Ouattara qui laisse faire tous les mafieux à leur guise, le maintien d’une structure néocoloniale de l’économie (économie de traite), la mauvaise affectation des ressources, la corruption généralisée, les détournements des deniers publics, qui sont autant de maux qui concourent à l’aggravation de l’inflation généralisée.
Les décisions pour relever le pouvoir d’achat des masses populaires étaient très attendues ce 6 août.

Des 49 soldats ivoiriens, arrêtés et emprisonnés au Mali :
C’est depuis le 10 juillet qu’ils sont détenus par la junte militaire pour mercenariat. La médiation togolaise n’a pas encore obtenu de résultats positifs des négociations entamées ; le peuple de Côte d’Ivoire est en droit de savoir ce qui s’est passé et ce qui est fait ou sera fait pour que ces militaires soient libérés.

A l’analyse de la déclaration de Ouattara du 6 août 2022 :
Le premier constat est qu’il a déchiré la feuille de route de la réconciliation nationale dont ‘’le dialogue politique’’ est un instrument.

En effet il déclare sans sourciller que « Les progrès remarquables réalisés dans tous les domaines, au cours de cette dernière décennie, l’ont été avec la contribution de chacune et de chacun de vous.

Ces progrès ont été possibles grâce au climat de paix que nous avons su préserver, ensemble, ces dernières années. A cet égard, je salue l’adhésion de tous les partis politiques et de la société civile à cette ambition.

Je félicite chacune et chacun d’entre vous pour les efforts que vous consentez pour la paix.
•C’est pourquoi, dans le souci de renforcer la cohésion sociale, j’ai signé un décret accordant la grâce présidentielle à Monsieur Laurent GBAGBO, ancien Président de la République.
J’ai également demandé qu’il soit procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères.
• J’ai aussi signé un décret accordant la libération conditionnelle au vice-Amiral Vagba FAUSSIGNAUX et au Commandant Jean-Noël ABEHI, condamnés pour des infractions liées à la crise post électorale de 2010.
Par ailleurs, j’ai procédé à la signature d’un décret accordant une grâce collective à environ 3000 de nos concitoyens condamnés pour des infractions mineures ». Fin de citation.

En résumé, on note, qu’il accorde avec enthousiasme, une grâce à Gbagbo Laurent et à deux militaires, qui selon les experts n’effacent pas la condamnation de 20 ans de Gbagbo et des militaires.

Il sait que cette décision maintient l’empêchement de Gbagbo d’être candidat aux présidentielles de 2025 ; c’est un acte prémédité qui ramène sur terre, le PPA-CI, le PDCI et tous ceux qui rêvaient de gestes forts de l’autocrate.
Cette décision divise les militaires dont certains sont graciés et d’autres maintenus en prison. Or, le PPA-CI et le PDCI n’ont cessé de réclamer, comme geste fort de Ouattara pour sceller la réconciliation nationale qui selon eux est une exigence politique actuelle, une amnistie pour Gbagbo et les militaires des crises électorales,
pour Soro Guillaume en exil.

Par ces décisions, il déchire la feuille de route du dernier dialogue politique.
Le deuxième constat est qu’il jette de la poudre aux yeux des travailleurs. Il les divise pour mieux contrer leurs luttes avec le concours de bonzes syndicaux.
Au titre des revendications des travailleurs salariés qui ont fait l’objet de négociations pendant plus d’un mois, entre le gouvernement et des centrales syndicales favorables à la trêve sociale, Ouattara fait le choix d’octroyer à une partie de ces travailleurs c’est â dire aux fonctionnaires, quelques primes contributives longtemps rognées par l’inflation cumulée depuis belle lurette :

au titre du logement (+20000 CFA contre des indemnités fixées depuis 1993 pour certains) ;
au titre du transport (+ 20 000 pour Abidjan, +15 000 CFA pour Bouaké et +10 000 CFA pour les autres villes, les anciennes primes datent de 2008) ;
s’agissant de l’allocation familiale (+5000 CFA contre 2500 fixés depuis 1960) ;
prime annuelle équivalent à 1/3 du salaire mensuel, versée en janvier de chaque année

Pour le secteur privé, le président Ouattara a privilégié le relèvement de la pension de retraite de 5%, et a laissé pour compte les autres travailleurs du privé qui sont appelés à négocier avec leur patronat pour toute augmentation, car pour le pouvoir autocratique, la condition pour satisfaire à toute revendication est l’acceptation de la trêve sociale à la fonction publique, qu’il a obtenue avec les chefs corrompus des centrales syndicales.

Avec la trêve sociale, aucune grève ne sera tolérée pendant 5 ans.
C’est un véritable musellement que Ouattara a obtenu de ces bonzes syndicaux pour endiguer toute velléité de luttes sociales.
Le troisième constat est le rapport de force que Ouattara veut imposer à la junte militaire au Mali.

Il maintient sa ligne de défense, à savoir que ces soldats sont régulièrement entrés sur le territoire malien pour participer aux opérations de maintien de la paix dans ce pays.

Or tous les faits démontrent que la junte n’a pas été informée de l’arrivée de ces militaires ivoiriens ; que de graves manquements aux obligations en matière de coopération militaire ont été relevés sans explication.
Les autorités actuelles du Mali, dans un contexte de guerre menée par de forces obscurantistes, soutenues par la France-Afrique, ne peuvent qu’être vigilant et regardant sur les mouvements des troupes étrangères.
Avec cette posture de Ouattara, vu que la médiation Togolaise est bloquée, les 49 soldats ivoiriens risquent la prison.

Les tâches présentes du prolétariat et des peuples de Côte d’Ivoire pour la conquête d’une république démocratique, indépendante et prospère.
Après ce discours qui maintient pour l’essentiel la posture d’un pouvoir autocratique de Ouattara, les faits se présentent comme suit :
Déception de l’opposition bourgeoise qui rêvait d’être un concurrent loyal du RHDP aux différentes élections futures ; refus de Ouattara d’appliquer les résultats du dialogue politique national.

Renforcement de l’autocratie qui en a cure de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale.
La misère continue sa propagation au sein du peuple dont la majorité est exclue des mesures sociales d’augmentation de revenus.
Les mesures sociales promises aux fonctionnaires sont déjà sans effets positifs au regard du coût actuel de la vie.
En un mot la crise du système néocolonial s’aggrave. Le prolétariat et les peuples doivent prendre leur responsabilité pour organiser l’alternative révolutionnaire qui est la rupture totale avec ce système.

Pour arriver à cette rupture, le peuple doit dès maintenant : renforcer ses organisations de luttes pour défendre les salaires, les prix des produits agricoles, lutter contre les impôts iniques,
le renchérissement de la vie, lutter contre les abus de toute sorte, se mobiliser aux côtés du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire et de ses alliés, pour préparer la révolution nationale démocratique et anti-impérialiste.

Abidjan le 10 aout 2022
Pour le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire

Achy Ekissi
Secrétaire Général