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CÔTE D’IVOIRE : Des conditions de plus en plus dures pour les déplacés

D 8 novembre 2011     H 11:26     A IRIN     C 0 messages


ABIDJAN - Près d’un demi-million d’Ivoiriens sont toujours déplacés, cinq mois après la fin du conflit post électoral qui a touché le pays, et hésitent à revenir chez eux, par peur des représailles [ http://www.irinnews.org/report.aspx?reportid=93962 ] . La lenteur de la réponse aux appels de financement exacerbe encore les conditions de vie de beaucoup d’entre eux.

Un rapport [ http://www.oxfam.org/fr/policy/pour-des-solutions-durables-en-faveur-des-ivoiriens-deplaces ] publié le 12 octobre par les organisations non gouvernementales (ONG) Oxfam, CARE et le Conseil danois pour les réfugiés (DRC) tire le signal d’alarme : il manque deux tiers du financement d’urgence qui avait été demandé par les Nations Unies pour faire face aux problèmes de 450 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI), alors que pour beaucoup, les conditions de vie se sont détériorées.

Selon son porte-parole, Gabriel Mathieu, l’Organisation internationale pour les migrations (l’OIM) n’a reçu que 10 pour cent des 41,6 millions de dollars de son appel de fonds pour aider les personnes déplacées à rentrer chez elles ou pour construire de nouveaux abris sur les sites d’accueil.

« Parmi ceux qui ont été interrogés, l’alimentation est la priorité majeure : 77 pour cent des personnes retournées et 83 pour cent des personnes déplacées ont dit qu’elles n’avaient pas suffisamment à manger. L’abri est l’un des défis majeurs qui empêchent les retours durables, » a dit Philippe Conraud, Coordinateur régional humanitaire d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest.

Le manque de financement signifie que les distributions de secours d’urgence aux DPI dans l’ouest du pays ont été réduites pour se concentrer seulement sur les plus vulnérables, selon M. Mathieu.

« Conditions précaires » pour les personnes retournées

Malgré l’amélioration générale de la sécurité depuis la fin du conflit en avril, les conditions dans lesquelles vivent une grande partie des personnes revenues dans leur communauté restent fragiles. Beaucoup de ceux qui ont été obligés de revenir afin de chercher un emploi vivent dans des campements sans eau ni installations sanitaires. Ils vivent souvent dans des « conditions très précaires, sans le soutien dont ils auraient besoin pour faire du retour une solution durable et - comme ceux qui restent déplacés dans des camps ou des familles d’accueil - ils sont extrêmement dépendants de l’aide pour restaurer leurs moyens de subsistance, » indique le rapport.

Dans certains cas, les personnes déplacées ont été obligées de s’en aller, quand les sites de DPI, qui peuvent être dans des écoles, ou dans des églises, ferment. Selon l’OIM, au moins 800 familles, évincées de 14 sites dans l’ouest du pays, vivent aujourd’hui dans des abris de fortune, sans protection contre les éléments naturels.

« Les déplacés ont un besoin urgent d’abris de transition, en particulier ceux qui souhaitent rentrer dans leurs villages d’origine mais ne le peuvent pas car leurs maisons ont été détruites », a dit David Coomber, chef de mission de l’OIM en Côte d’Ivoire, dans un récent communiqué [ http://www.iom.int/jahia/Jahia/media/press-briefing-notes/pbnAF/cache/offonce/lang/fr?entryId=30728 ] .

La sécurité demeure un problème depuis que l’ancien président Laurent Gbabgo a été chassé du pouvoir le 11 avril après des mois d’affrontements qui ont coûté la vie à 3 000 personnes.
Selon les habitants de la capitale économique, Abidjan, les tensions sont encore très sensibles dans certains quartiers comme Abobo et Yopougon.

« De la vengeance dans l’air »

Jean Parfait Atse, un étudiant de 26 ans, a indiqué qu’il avait dû quitter deux abris différents avant d’atterrir chez des amis dans la capitale, Yamoussoukro. « Je n’ai jamais tué personne. Je faisais partie d’un groupe d’amis qui venaient d’horizons politiques différents. Mais parce que mon frère aîné était policier [pro-Gbagbo], ma famille n’a pas le droit de revenir à Abobo. Nous avons peur des soldats des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) [partisanes de Ouattara] qui sont partout, » a t-il dit à IRIN.

« A Abobo, certains quartiers sont encore évités par tout ceux qui ont soutenu Gbagbo. On y sent comme de la vengeance dans l’air. »

Les ONG appellent à un « soutien durable » dans l’ouest qui connaît depuis des années des affrontements ethniques [ http://www.irinnews.org/report.aspx?reportid=93962 ] entre les tribus autochtones et les nouveaux arrivants. Mais dans les situations de réponse post-conflit, a souligné M. Mathieu, on observe souvent une réduction des financements des donateurs.

Xavier Gnana, producteur de cacao, a fui la ville de Guiglo, dans l’ouest, à la fin mars après l’incendie de ses entrepôts de cacao. « Tant que les élections législatives [prévues le 11 décembre] ne se sont pas déroulées dans un climat pacifique, j’ai trop peur pour retourner.c’est toujours l’anarchie là-bas. Quiconque a eu le moindre argument avec toi peut agir en ignorant la loi, sans être inquiété, » a t-il dit.

Source : http://www.irinnews.org