Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Côte d’Ivoire » Crise Ivoirienne (10)

Crise Ivoirienne (10)

Jean Robert Wafo, Secrétaire régional à la communication Sdf Littoral : « Le débat devrait plutôt être axé sur la crédibilité de la Cei »

D 26 décembre 2010     H 04:34     A     C 0 messages


Le vote n’était pas crédible en zone rebelle. Les scores obtenus par M. Ouattara dans cette zone laissent perplexes en ce sens qu’ils rappellent l’ancienne époque soviétique, des partis uniques ou des Républiques bananières. En l’absence de désarmement et de démobilisation, qui étaient pourtant prévus dans les accords de Ouagadougou et qui n’ont pas semblé préoccuper l’Onuci pour des raisons inavouées et qui sont malheureusement connues de tous. Aujourd’hui, les populations de ces zones ont voté avec la peur des représailles pour le village qui ne choisirait pas majoritairement pour l’allié des rebelles. Pour ce qui concerne les résultats, la proclamation faite par la Cei est nulle, tant sur la forme que sur le fonds. Elle ne s’est pas faite au siège de cette instance administrative, mais plutôt au Qg. d’un candidat et en l’absence des autres commissaires de cette instance. Le délai de trois jours accordé à la Cei pour proclamer les résultats était impératif et non indicatif. Elle avait donc jusqu’à mercredi 1er décembre pour arrêter les résultats provisoires. Elle ne l’a pas fait. Il revenait donc au Conseil constitutionnel de prendre le relais, conformément à la loi électorale ivoirienne. Le débat sur la crédibilité de cette haute institution est puéril, en ce sens qu’elle est loin de faire plus mauvaise figure que des institutions du même type sur le continent et ailleurs. Si l’on prend le cas précis de la France, les membres du Conseil constitutionnel sont nommés par le président de la république et les présidents des deux chambres parlementaires : l’Assemblée nationale et le Sénat. Le fait de ne pas être matériellement inscrit dans un parti n’enlève rien au fait que c’est le Président de la République française qui les nomme. Le débat devrait plutôt être axé sur la crédibilité de la Cei, qui comme Elecam au Cameroun, est une instance notoirement partisane de par la composition de ses membres. La Cei est composée au deux tiers des partisans de Ouattara, tant au niveau des commissaires centraux que des commissaires régionaux. Le Président de la Cei, Youssouf Bakayoko est indigeste et profondément malsain. La certification de l’Onu aurait dû porter si l’on s’en tient aux accords de Ouagadougou, sur l’ensemble du processus électoral qui va de l’inscription sur les listes électorales à la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. C’est ce qui s’est passé au premier tour. Le débat sur la crédibilité du Conseil constitutionnel ivoirien est puéril en ce sens qu’elle est loin de faire plus mauvaise figure que des institutions du même type sur le continent et ailleurs. On ne saurait demander aux Ivoiriens en particulier et aux Africains en général d’avoir des institutions fortes et cautionner par ailleurs qu’un pays proclame son président en dehors de tout cadre légal. Le Conseil constitutionnel est le seul et unique organe habilité à proclamer les résultats définitifs en Côte d’Ivoire.