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L’asphyxie financière du peuple ivoirien

D 21 mars 2011     H 11:27     A Moulzo     C 0 messages


Tous les moyens semblent bons pour faire partir Laurent
Gbagbo, dit le boulanger à cause de son habitude de rouler
tout le monde dans la farine. Bien que l’option militaire T semble de plus en plus lointain, d’autres méthodes plus subtiles
sont employées pour faire partir celui qui a été proclamé
Président de la République par la cour constitutionnelle
ivoirienne.

Le camp de d’Alassane Ouattara, l’autre président de
la Côte d’Ivoire, déclaré lui vainqueur des présidentielles
ivoiriennes de novembre 2010 par la CEI (Commission électorale
indépendante) et retranché depuis dans un hôtel d’Abidjan avec
son gouvernement, ne compte désormais plus sur une
intervention de la communauté internationale. Les heurts de plus
en plus violents entre les deux camps doivent nous inquiéter car
la Côte pourrait aller tout droit vers la guerre civile. Les images
récentes de populations entières fuyant la guerre doivent nous
inciter à prendre toute la mesure de ce qui se passe actuellement
en Côte d’Ivoire.

Après les menaces d’intervention militaire, l’option de
l’asphyxie financière de Gbagbo n’est peut être pas non plus la
meilleure des solutions. Le peuple ivoirien sera le seul a en
souffrir. La fermeture de la direction nationale de la Bceao en
Côte d’Ivoire isole « les opérateurs économiques ivoiriens de la
possibilité de mener à bien leurs transactions financières »,
d’après Blaise Ahouantchédé, le directeur général du Groupement
interbancaire monétique de l’Uemoa (Gim-Uemoa) qui promeut la
monétique au sein de la zone.

La Côte d’Ivoire, c’est 40% du PIB de la zone Union
Économique et Monétaire Ouest Africaine ( UEMOA) et toute
asphyxie financière de la Côte d’Ivoire aura une influence certaine
sur le reste de l’Afrique de l’ouest. Laurent Gbagbo menace
d’ailleurs de créer sa propre monnaie, ce qui n’est pas très
compliqué. Il suffit que sa nouvelle monnaie soit adossée au
dollar ou encore au yuan chinois ou le Rand sud africain pour que
cette option ne soit plus une utopie. Pour tous les Africains qui
réclament depuis de nombreuses années la fin du franc CFA,
principal outil de domination de l’ex-colon français, ce serait par
ailleurs un signal fort que beaucoup soutiendraient. Mais en
attendant, les Ivoiriens attendent leurs salaires de février et tirent
le diable par la queue pour se nourrir. A-t-on le droit de prendre
ainsi en otage tout un peuple à cause de conflits politiciens ?
Pourquoi ne recompte t-on pas les bulletins de vote pour être
définitivement fixé ? Pourquoi ne pas organiser de nouvelles
élections ?

La crise ivoirienne cache certainement plus de choses qu’il n’y
paraît. Derrière la guerre entre Ouattara et Gbagbo, il faut aussi
voir une nouvelle donne en train de se poser dans ce pays si
important pour l’ancien colonisateur français. Est-ce le début de
la fin de la Françafrique qui se joue en Côte d’Ivoire et en
Tunisie ? Tout, en tout cas, semble l’indiquer mais la vigilance
reste de mise car l’impérialisme capitaliste, tel un phoenix a
appris depuis des siècles à renaître rapidement des cendres tout
chauds de la révolution.

Moulzo