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Ghana : mobilisation contre la vie chère et la corruption

D 26 octobre 2023     H 05:00     A Paul Martial     C 0 messages


Face à une crise économique d’ampleur, le président du Ghana se voit obligé de faire appel au FMI pour restructurer la dette tout en menant une politique d’austérité contre les populations.

Nana Akufo-Addo s’était fait élire en 2017 avec une promesse, celle d’un « Ghana Beyond Aid » exprimant la volonté que le pays ne soit plus dépendant des institutions financières internationales et des aides au développement des pays riches.

Crise économique

Cela ne signifiait nullement pour le président de cet État anglophone d’Afrique de l’Ouest de s’engager sur une voie économique alternative.

Ce changement de paradigme se résumait à changer les sources de financement en privilégiant les emprunts sur les marchés internationaux et en mettant fin à la succession des plans du FMI, une quinzaine depuis l’indépendance. Cette politique a eu comme seul résultat une augmentation des taux d’intérêts avoisinant les 8 %. Ainsi, le Ghana consacre la moitié de ses recettes au remboursement de la dette qui s’élève autour de 63 milliards de dollars.

Les principales richesses se limitent à l’exportation des matières premières comme le pétrole, l’or ou le cacao, sans aucune politique de transformation. Ainsi par exemple pour le cacao, le Ghana n’est pas intégré dans la chaîne de valeur lui permettant une augmentation de ses ressources.

Corruption

En plus de la politique libérale de Nana Akufo-Addo, une seconde plaie frappe le pays : la corruption. Que cela soit dans le domaine pétrolier, avec le procès qui s’ouvre contre la société Technip FMC, ou la démission début 2020 du procureur anticorruption qui dénonçait l’interférence de la présidence dans les affaires judiciaires. Une présidence qui dut aussi se séparer de son secrétaire d’État aux Finances, pris en flagrant délit de demande de pots-de-vin, ou sa ministre de l’Assainissement et de l’Eau, ayant plus d’un million de dollars à son domicile.

Mobilisation

La baisse du pouvoir d’achat frappe les GhanéenEs y compris ceux des classes moyennes. Les commerçants, en signe de protestation, ont plusieurs fois baissé leur rideau contre une inflation qui s’élève à près de 37 %. En l’absence de mesures sociales, les mobilisations contre la vie chère et la corruption rythment la vie du pays et ont pris rapidement une tournure politique. Les militantEs de la société civile ont créé « #AriseGhana » qui organise les manifestations de rue. À l’image de « Y’en a marre » au Sénégal ou du « Balai Citoyen » au Burkina Faso, une organisation de jeunesse s’est également créée « #FixtheCountry » (répare le pays).

Le slogan le plus populaire est sans nul doute « #OccupyJulorbiHouse » : jeu de mots entre « Jubilee House », désignant le palais présidentiel, et « Julorbi », signifiant en langue Ga « Voleurs ».

Face à ces mobilisations, la seule réponse du pouvoir est une répression policière disproportionnée, pour reprendre l’expression d’Amnesty International. En cela, le Ghana est loin d’être une exception.