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Guinée : Après les élections, répondre aux besoins sociaux

D 12 décembre 2010     H 04:28     A Paul Martial     C 0 messages


Au vu des résultats électoraux du premier tour où Alpha Condé ne comptait que 18,25% de vote face à son rival Cellou Dalein Diallo qui en comptait plus du double 43,69%, la victoire au second tour du dirigeant du RPG est une surprise.
Avec un total de plus de 52% des voix, ce retournement de situation tient certainement à la constitution d’un large font électoral dénommé arc en ciel où on trouvait des candidats du premier tour, anciens ministres du dictateur Lansana Conté, ou des partisans du Capitaine Dadis Camara impliqué dans le massacre du stade de Conakry.

Contrairement à son rival Cellou Dalein Diallo ex premier ministre de Lansana Conté qui passa le plus clair de son temps entre le FMI et la Federal Reserve Bank de New York, la biographie d’Alpha Condé est nettement plus sympathique. Ancien dirigeant de la FEANF, organisation étudiante africaine anti-impérialiste, proche des milieux marxistes, il resta un opposant acharné aux dictatures de Guinée. Pour autant, cela n’en fait pas le candidat de la rupture avec le système néocolonial. Désormais adhérent à l’Internationale Socialiste, il s’est évertué à donner des gages à la continuité du système.

Les élections se sont terminées dans une situation de tension ethnique particulièrement préoccupante qui ont provoqué au moins sept morts. Les observateurs des droits humains ont souligné la férocité une fois de plus avec laquelle la police et l’armée sont intervenues.
Ces conflits ethniques sont encouragés par la misère sociale et économique. La plupart des quartiers populaires n’ont ni électricité ni eau courante, le système sanitaire et l’éducation sont délabrés et le chômage est endémique. Les carences de l’Etat sont telles que chacun se réfugie dans sa communauté. Les partis politiques, qu’ils le veuillent ou non, reflètent les différentes communautés qui composent la Guinée et les candidats n’ont pas été irréprochables en matière de discours ethnique.

Le nouveau président Alpha Condé hérite d’un pays profondément divisé avec une armée qui continue à représenter un danger pour les libertés publiques. Un pays aussi gangrené par la corruption et le trafic de drogue au plus haut niveau de l’Etat.

Les premières déclarations d’Alpha Condé ne devraient pas inquiéter l’impérialisme. En effet pour réformer l’armée il compte sur l’aide des Etats-Unis et de la France et pour les contrats d’exploitation des mines de bauxite, il est d’une grande prudence : « Il y a des contrats scandaleux et certains sont en effet peut-être à revoir » et s’en remet au représentant du capitalisme internationale pour gérer les mines. « Mais il ne s’agit pas que de renégocier Il faut établir une véritable politique en ce domaine et la Banque mondiale peut nous y aider » .

Si les élections présidentielles ont provoqué un attentisme dans le mouvement social, y compris pour les organisations syndicales particulièrement puissantes en Guinée, elles peuvent maintenant exiger la fin de l’impunité des responsables des nombreuses répressions, la pleine transparence sur tous les contrats miniers et imposer que les bénéfices de l’exploitation des mines financent la satisfaction des besoins sociaux des populations

Paul Martial