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Guinée : Construire une nouvelle dynamique dans le processus de démocratisation

D 23 décembre 2011     H 04:54     A CNOSCG     C 0 messages


Dans le processus démocratique qui se met en place en Guinée, le gouvernement du président Alpha Condé a posé des jalons qui sont autant de « réformes hardies » saluées par la société civile. Mais celle-ci ne manque pas de s’inquiéter face à « des préoccupations majeures des citoyens » qui attendent encore un plus fort engagement des autorités.

Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG) considère que, dans cette période cruciale de l’histoire de la Guinée, avec l’élection démocratique d’un président de la République, il est de son devoir de s’impliquer fortement dans le processus de démocratisation. Ainsi, il compte s’engager résolument, en se recentrant sur son rôle et ses missions, pour un Etat de droit en Guinée et l’instauration d’une gouvernance démocratique.

Le CNOSCG se doit de construire une nouvelle dynamique avec l’ensemble de ses composantes. Cette démarche doit permettre de relancer le débat et le dialogue autour du contenu du changement et de l’achèvement de la transition, aux fins d’offrir aux guinéens la capacité d’asseoir les bases d’un Etat de droit garantissant le progrès économique et social.

Depuis l’investiture du président de la République, le 21 décembre 2010, des réformes hardies ont été engagées par le gouvernement guinéen, notamment :
 • La réforme des secteurs de sécurité ;
 • La modernisation de l’administration publique ;
 • La lutte contre les détournements de fonds publics et la corruption (unicité des caisses de l’Etat) ;
 • L’engagement politique de garantir la sécurité alimentaire ;
 • La prise de conscience des limites et des défis du système éducatif guinéen ;
 • Des actions en vue d’améliorer l’accès des populations à l’eau et à l’électricité ;
 • La volonté d’engager un processus de réconciliation nationale et de dialogue…

Cependant, force est de constater que malgré ces efforts, des préoccupations majeures des citoyens restent et demeurent :

SUR LES CONDITIONS DE VIE

Globalement, le pouvoir d’achat des Guinéens continue de se dégrader, tant dans les zones urbaines que rurales. L’augmentation du prix du carburant, l’inflation persistante, sans aucune mesure d’accompagnement du gouvernement, peuvent constituer une menace pour le climat social. Les pénuries organisées du carburant favorisent la spéculation, entrainent souvent la flambée des prix de certains produits de grande consommation.
Les fonctionnaires sont durement touchés par cette pauvreté. L’administration publique est quasiment inexistante à l’intérieur du pays, à cause de l’absence de conditions minimales de travail.

SUR LA MOBILITE ET LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ET DES BIENS

La mobilité et la libre circulation des personnes et des biens sont soumises à des contraintes de deux ordres :

Structurel, par le mauvais état des routes, par exemple les routes nationales Boffa-Boké, Mamou-Faranah, Mamou-Kouroussa ou Kissidougou-Guéckédou, la surcharge des véhicules et le transport mixte, ainsi que la dégradation des voiries urbaines ;

Conjoncturel, par le retour en force des barrages routiers qui sont l’occasion pour les forces de défense et de sécurité de rançonner les usagers.

SUR LE DIALOGUE POLITIQUE

Au niveau politique, il n’existe pas à l’heure actuelle d’espace de concertation et de dialogue approprié dans le cadre de l’organisation d’élections législatives dans un climat apaisé. Ce déficit de dialogue constitue un facteur majeur du blocage du processus électoral. Cette situation créée aujourd’hui un sentiment de prise en otage des citoyens par les acteurs politiques.

SUR LA SECURITE DES BIENS ET DES PERSONNES

Des actions entreprises dans le sens d’assurer une meilleure sécurité aux citoyens guinéens restent encore sans effet. Le grand banditisme, les vols et les attaques à main armée continuent d’être des préoccupations constantes des populations, comme par exemple à Conakry, Forécariah et Kindia où des incidents mortels ont été enregistrés ces derniers temps. La grande inquiétude est que ces crimes et délits sont souvent perpétrés par des hommes en uniforme, ou avec leur complicité, dans une certaine impunité.

SUR LES ECHEANCES ELECTORALES

Le CNOSCG observe une inquiétude sans précédent des citoyens sur les échéances électorales en l’absence d’un chronogramme consensuel et de réforme de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Il constate de même un déficit de dialogue entre les partis politiques. Le dysfonctionnement, les défections et les contradictions internes au sein de la CENI ne rassurent pas les autres acteurs du processus électoral.

SUR LES DROITS DE L’HOMME

En dépit des dispositions constitutionnelles relatives à la défense des Droits de l’Homme, le CNOSCG constate avec regret les entorses fréquentes :
 au droit à manifester, les autorités interdisant et réprimant systématiquement toute manifestation publique ;
 à la liberté d’exercice des défenseurs des Droits de l’Homme ;
 aux procédures judiciaires, par la recrudescence des arrestations arbitraires et des détentions extra-judiciaires, accompagnées parfois de tortures.

Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne, fidèle à sa mission de veille, d’alerte, d’interpellation et de proposition citoyenne, demande :

SUR L’AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE

 au gouvernement, de poursuivre les réformes économiques destinées à maitriser l’inflation.
 au gouvernement, de prendre de toute urgence des mesures d’accompagnement permettant de limiter les effets de l’augmentation du prix du carburant.
 au gouvernement de prendre des mesures urgentes et immédiates pour l’amélioration des conditions d’existences et de travail à l’intérieur du pays.

SUR LA MOBILITE ET LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ET DES BIENS

 d’engager une politique d’entretien et de construction du réseau routier ;
 de supprimer les barrages routiers intra et inter urbains.
 de renforcer les capacités opérationnelles des brigades mobiles des forces de sécurité, notamment pour lutter contre les coupeurs de routes et les trafics illicites.

SUR LE DIALOGUE POLITIQUE

 au gouvernement, de concrétiser l’initiative de réconciliation nationale par la mise en place d’un cadre approprié et inclusif ;
 au Président de la République, de créer des conditions optimales en vue de garantir un dialogue direct, inclusif, structuré et sans préalable entre tous les acteurs politiques en vue de décrisper la situation politique ;

SUR LA SECURITE DES BIENS ET DES PERSONNES

 Au gouvernement d’envisager une politique efficace de lutte contre la criminalité et le grand banditisme ;
 Au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour mettre en place une politique de sécurité de proximité.

SUR LES ECHEANCES ELECTORALES

 au gouvernement et au CNT, de réformer la CENI en vue de restaurer la confiance des partis politiques et des citoyens envers le processus électoral ;
 à la CENI, de proposer un chronogramme consensuel des échéances électorales, issu du dialogue politique entre tous les acteurs, qui respecte les dispositions constitutionnelles en la matière.

SUR LES DROITS DE L’HOMME

 au gouvernement, de respecter et faire respecter les dispositions constitutionnelles et règlementaires régissant le droit de manifestation et de cortège ;
 aux forces de sécurité, de faire preuve de responsabilité et de professionnalisme dans l’encadrement des manifestations ;
 au gouvernement, de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la protection des défenseurs des Droits de l’Homme ;
 au gouvernement de mettre un terme aux arrestations arbitraires et extrajudiciaires.

Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne attache du prix à la prise en compte de ces propositions dont l’application correcte et immédiate permettra de rassurer les citoyens et d’instaurer un climat de sérénité entre les acteurs politiques, l’Etat et les populations en vue d’engager un développement durable dans la cohésion et la paix.

Le CNOSCG estime que la tenue d’élections législatives crédibles dans un climat apaisé est la condition sine qua non de la stabilité sociale, économique et politique du pays. Dans ce contexte, le CNOSCG exige la tenue des élections législatives avant la fin du premier trimestre 2012. Au cas où ces exigences ne seraient pas prises en compte, le CNOSCG se réserve le droit d’entreprendre toute action citoyenne pacifique nécessaire, jusqu’à satisfaction, dans l’intérêt du Peuple de Guinée.

Soyons vigilants afin de préserver l’unité nationale et les acquis démocratiques. Mobilisons nous pour le changement dans la Paix

* Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne regroupe l’ensemble des organisations modernes et traditionnelles, apolitiques et non gouvernementales.

Source : http://pambazuka.org