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Guinée : Crise politique et sociale

D 16 novembre 2010     H 04:42     A Paul Martial     C 0 messages


Si le blocage du second tour des élections présidentielle est en passe d’être levé, les principaux problèmes demeurent, et avant tout la situation sociale déplorable des populations.

En Septembre 2009, la garde présidentielle et les milices du pouvoir vont tuer, blesser et violer des dizaines de personnes au stade de Conakry, capitale de la Guinée, où se tient un rassemblement de l’opposition. A l’époque c’est Dadis Camara, qui à la mort du dictateur Lansana Conté, avait pris le pouvoir. Il sera victime d’un attentat raté de son aide de camp. Diminué, il sera en exil plus ou moins forcé au Burkina Faso.
Sous la pression des chancelleries occidentales, le n° 2 de la junte Sekouba Konaté prend les rênes du pouvoir et organise au plus tôt des élections présidentielles.

Elles se tiennent en juin 2010. 24 candidats briguent le suffrage de 4.3 millions d’électeurs. Les deux candidats arrivés en tête sont le libéral Cellou Dallein Diallo de l’UFDG avec plus de 43% des voix, et 18% pour Alpha Condé dont le RPG est affilié à l’internationale socialiste. Depuis, l’organisation du second tour est bloquée en l’absence de consensus sur la présidence de la Commission Electorale Nationale Indépendante créant, une situation tendue.
En effet, des heurts violents ont eu lieu entre partisans des deux candidats, l’armée est de nouveau sortie de ses casernes et, de nouveau, s’est rendue coupable d’exactions et de violations des droits humains. A cela s’ajoute, un résultat du premier tour laissant apparaître un vote essentiellement fondé sur l’ethnie, avec des dérapages de certains politiques sur la stigmatisation de telle ou telle communauté.

Qu’est ce qui peut distinguer les deux prétendants au pouvoir ? Cellou Dallein Diallo, ancien premier ministre du dictateur Lansana Conté a un discours plus libéral qu’Alpha Conté qui, lui, est toujours resté dans l’opposition sans jamais céder aux sirènes du pouvoir. Si c’est incontestablement un point fort, il n’hésite pas cependant à faire des alliances avec des ministres et caciques de Lansana Conté ou de Dadis Camara et ne remet nullement en cause le rôle de la Guinée comme simple fournisseur de matières premières aux trusts impérialistes

On serait presque tenté de croire Kouchner quand il affirme que la France n’a pas de candidat ! En tous cas une chose est sûre. Aucun des deux candidats ne gène le pouvoir français. Ce qui compte pour les chancelleries occidentales, la France comme les Etats-Unis, c’est la stabilité du pays. En effet, les calés en géographie auront noté que la Guinée a des frontières communes avec des pays comme la Sierra Léone et le Libéria qui sortent avec difficulté de plus de dix ans de guerre civile. Frontière commune également avec la Côte d’Ivoire qui est en crise depuis le début des années 2000 et connaît un processus électoral lui aussi difficile. La déstabilisation de la Guinée peut avoir un effet domino sur les autres pays.

Le gouvernement français a donc mobilisé ses alliés le Burkinabé Compaoré et Abou Diouf en charge de l’Organisation Internationale de la Francophonie, pour trouver un président de la CENI acceptable par les deux candidats. Ce rôle sera finalement dévolu au malien, le général Sangaré.

Dans l’hypothèse où le vote du second tour se passe bien, les principaux problèmes de la Guinée demeureraient. Une armée peu disciplinée, divisée, encline à reprendre le pouvoir pour continuer à bénéficier de privilèges importants au regard des conditions de vie de la population, une corruption qui favorise les pillages économiques du pays au détriment du peuple.

Mais cette situation n’est pas éternelle. La structuration et la puissance du mouvement syndical sont un point d’appui dans la recherche d’une alternative sur le terrain politique, autour de la construction d’une organisation qui se situe dans la lutte contre le capitalisme pour répondre aux besoins essentiels des guinéens. L’enjeu des prochaines années se situe bien là.

Paul Martial