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Guinée : Dadis Camara doit partir !

D 3 décembre 2009     H 16:14     A Paul Martial     C 0 messages


Le peuple guinéen, une fois de plus est victime de l’armée.
Les grèves générales de 2006 et 2007 avaient montré la
violence et la brutalité avec laquelle les hommes du BATA
(Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées) et de la Garde
Présidentielle avaient conduit la répression. Ce qui s’est passé le
28 septembre au stade de Conakry surpasse dans l’horreur et
l’abomination ce que l’on avait connu. Les tueries, les viols les
tabassages, ne sont pas le lot d’une quelconque bavure mais
d’une volonté délibérée de la junte de terroriser les populations.
La dernière communication d’Human Rights Watch démontre que
ces actes étaient prémédités. Les responsables sont bien au
camp d’Alpha Yaya Diallo.

Aucune illusion à se faire sur Camara

Dadis Camara a toujours était un soutien à l’ancien dictateur
Lansana Conté même s’il restait dans l’ombre il jouait un rôle
important. D’un coté il suscitait les mutineries et de l’autre il
négociait les conditions de leur fin, ainsi il gagnait sur les deux
tableaux en apparaissant indispensable au régime Conté, et en
gagnant une popularité parmi les militaires pour lesquels il
obtenait des avantages. En prenant le pouvoir, Camara avait juré
que ni lui ni les autres membres de sa junte appelée indûment
CNDD (Conseil National pour le Développement et la
Démocratie), postuleraient aux élections présidentielles. Il avait
déclaré aussi qu’il lutterait conte la corruption et le trafic de
drogue. Le bilan est clair, il fait comme tout les autres dictateurs
en s’inventant un appel du peuple qu’il le supplierait d’être
candidat. Quant à la corruption, certes des corrompus ont été
envoyé en prison, mais pour être aussitôt remplacé par les
membres du CNDD. Personne ne peut être dupe du verbiage
nationaliste et anti-impérialiste d’un Camara qui a toujours
soutenu Conté qui a livré le pays aux multinationales contre
rétribution pour lui et son clan, alors que dans le même temple
les guinéens vivent dans un dénuement complet.

Soutien françafricain

Et aucune illusion à se faire sur le gouvernement français.
Quelques jours avant le massacre du 28 septembre, Balkany un
des membres des réseaux de la Françafrique se faisait l’avocat du
dictateur, juste après, Joyandet déclarait qu’il suspendait la
coopération militaire française, ce qui revient à dire que pendant
les répressions lors des grèves générales de 2006 et 2007 qui ont
fait des centaines de morts, la France continuait de collaborer. Un
gouvernement français, qui dans les années 2000, avait formé la
garde présidentielle, les mêmes qui systématiquement se
distinguent dans la répression des mouvements populaires. Si le
gouvernement français condamne la junte c’est par ce que
Camara est un élément qui déstabilise la région et donc est une
menace potentielle pour le climat des affaires des multi
nationales comme l’a été dans son temps Charles Taylor et non
pour des raisons humanitaires ou des droits humains. En effet, la
France soutient sans état d’âme des dictateurs, qui renient leur
parole pour s’accrocher aux pouvoirs comme Tanja au Niger, qui
fait assassiner les opposants comme Deby au Tchad, qui fait tirer
sur son peuple comme Biya au Cameroun ou Faure au Togo et la
liste est longue.

Discrédité et isolé à l’internationale comme à l’intérieur, la
junte est divisée malgré les efforts de Camara pour maintenir son
unité. Les grandes mobilisations populaires, à l’image de ce que
le pays a connu pendant la grève générale, peuvent faire plier le
pouvoir militaire. Les pressions populaires peuvent être telles,
que la peur peut changer de camp. Le départ de Camara ne doit
être qu’un début pour la mise en place d’un gouvernement de
transition qui répond aux urgences sociales des populations.