Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Guinée » GUINÉE : Le Parlement absent

GUINÉE : Le Parlement absent

D 7 octobre 2012     H 05:04     A IRIN     C 0 messages


CONAKRY - Les Guinéens espèrent que l’annonce de la démission du président de la commission électorale le 5 septembre - une des principales demandes de l’opposition - sortira le pays d’une impasse politique et permettra enfin la tenue des élections législatives.

Le président de la commission électorale, Lousény Camara, considéré comme un allié du président Alpha Condé, a déclaré qu’il démissionnait « dans l’intérêt supérieur de la nation » afin que le processus électoral se poursuive.

Les partis d’opposition ont accusé à maintes reprises le gouvernement de M. Condé de vouloir truquer le scrutin qui aurait dû se dérouler six mois après les élections présidentielles de 2010.

Depuis l’élection présidentielle, la Guinée est prise entre un passé chaotique et des aspirations à une démocratie stable. L’absence de parlement élu a non seulement entravé l’aide offerte par les bailleurs de fonds, mais également attisé les tensions ethniques et menacé d’inverser les progrès réalisés, indiquent les observateurs.
[ http://www.irinnews.org/fr/Report/89633/GUIN%C3%89E-Les-Guin%C3%A9ens-vont-choisir-un-pr%C3%A9sident-pour-la-toute-premi%C3%A8re-fois-Analyse ]

« Dernièrement, il semble que le discours politique ne porte que sur la date des prochaines élections législatives ou les personnes qui vont essayer de truquer les élections législatives », a dit à IRIN Anthony Ohemeng-Boamah, Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire des Nations Unies. « Le pays a besoin d’avancer rapidement, de revenir à la normalité et de faire de l’amélioration des conditions de vie des Guinéens une priorité ».

La junte militaire a pris le pouvoir en 2008 après la mort de Lansana Conté, président de la Guinée pendant 24 ans. Les leaders autocratiques et les régimes militaires se sont succédé à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis l’indépendance de 1958. Les élections organisées en 2010 ont fait naître l’espoir d’une gouvernance stable et démocratique.
[ http://www.irinnews.org/Report/82075/GUINEA-Uncertainty-in-wake-of-24-year-president-s-death ]

Bien que la victoire du président Condé ait été contestée, les Guinéens - y compris ceux qui soutiennent que son opposant, Cellou Dalein Diallo, a remporté l’élection - ont dit qu’ils l’acceptaient afin que le pays puisse aller de l’avant. Mais l’incapacité à organiser des élections législatives a engendré une méfiance et des tensions.
[ http://www.irinnews.org/Report/96199/GUINEA-Deadlock-over-parliamentary-elections ]

Échec

La Guinée a formé un parlement de transition au début de l’année 2010 - le Conseil National de la Transition (CNT) - dont les membres ne sont pas élus ; l’organe, qui avait un mandat temporaire, devait être en place jusqu’à la tenue d’élections législatives. Le président du CNT, Hadja Rabiatou Serah Diallo, indique que les partis politiques guinéens et le reste de la société civile n’avaient pas été à la hauteur après l’élection présidentielle.

« Pendant la transition, les partis politiques, les syndicats, la société civile, les femmes - tout le monde s’était rassemblé et parlait d’une même voix », a dit M. Diallo à IRIN. « Puis, après l’élection présidentielle, les intérêts des partis et les intérêts personnels ont pris le dessus, chacun est parti dans sa direction et nous avons tous oublié . Nous avons trop vite oublié qu’il était nécessaire de rester unis dans l’intérêt de la nation. Nous pensions pouvoir dire « mission accomplie », mais la transition n’est pas finie ».

« Ce sont les Guinéens les plus pauvres qui souffrent le plus de l’absence de parlement. Le manque de développement, l’implacable pauvreté - ce sont les plus pauvres qui payent », a ajouté M. Diallo.

Bien que la Guinée dispose des plus importantes réserves de bauxite, d’or, de fer et de diamants au monde, la plupart de ces habitants ont du mal à s’en sortir. L’Union européenne a repris sa coopération avec la Guinée après la formation d’un gouvernement civil en 2010, mais elle a conditionné le versement d’une grande partie des 174, 3 millions d’euros (219,2 millions de dollars) qu’elle devait lui allouer à l’organisation d’élections législatives.

« Tout le monde s’accorde à dire que la période de transition a duré trop longtemps », dit Ousmane Sylla, ambassadeur de Guinée à Bruxelles. À la mi-août, il a appelé les partis politiques guinéens à mettre de côté leurs « querelles » et à organiser les élections.

« L’élection du Parlement n’a pas seulement pour objectif de satisfaire les bailleurs de fonds - c’est une nécessité pour le peuple Guinéen », a dit M. Sylla à IRIN. « Il est très important que le peuple ait enfin la possibilité de dire "nous avons élu nos représentants et ils sont à notre écoute". Une fois les élections finies, je vous le dis, la Guinée connaitra une plus grande unité nationale et la paix sociale, ce qui favorisera le développement ».

Les Guinéens espèrent que la tenue des élections législatives apaisera les tensions actuelles. « La tenue des élections législatives nous permettra de mettre un terme à l’agitation politique et aux manifestations qui font des morts et des blessés et nuisent aux affaires », a dit à IRIN Aissata Sylla, une vendeuse. « Pour gagner notre vie, il faut la paix ».

Mais seules des élections justes et transparentes permettront de ramener la stabilité, a indiqué un habitant de Conakry qui s’est présenté sous le nom de Perrussot. « Nous ne sommes pas contre M. Condé - nous ne voulons pas l’empêcher de faire son travail. Nous voulons simplement une démocratie basée sur la vérité. Nous voulons un système parlementaire qui permette à chacun de s’exprimer ».

Source : http://www.irinnews.org