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Un journaliste guinéen illégalement détenu pour diffamation

D 11 juillet 2018     H 05:43     A Reporters sans frontières     C 0 messages


Reporters sans frontières (RSF) dénonce une violation de la loi de presse guinéenne et demande la libération immédiate de Mamadou Saliou Diallo, emprisonné suite à une plainte du ministre de la Justice.

Cela fait maintenant deux semaines que le fondateur de Nouvellesdeguinee.com Mamadou Saliou Diallo, se trouve derrière les barreaux. Accusé de “diffamation et calomnie” par le ministre de la Justice, Cheick Sako, le journaliste a été arrêté mardi 19 juin par la direction nationale de la police judiciaire. Dans un article, qui a été supprimé quelques heures après sa mise en ligne, le journaliste accusait le ministre de la Justice d’avoir touché des pots-de-vin et obtenu un appartement en Espagne en échange de l’attribution d’un marché de construction d’une nouvelle prison.

“En Guinée, la diffamation n’est pas passible de peine de prison. La détention de ce journaliste constitue donc une violation flagrante de la loi sur la presse de 2010, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Comment un ministre de la Justice peut-il accepter d’être à l’origine de la détention illégale d’un reporter ? Mamadou Saliou Diallo doit être immédiatement libéré, sans attendre que l’affaire puisse être jugée sur le fond.”

Dans un communiqué publié le 20 juin, l’Association guinéenne de la presse en ligne (AGUIPEL) avait demandé aux autorités le “respect des procédures” rappelant que “seule la loi sur la liberté de la presse est opposable aux journalistes” accusés de délits de presse.
Le ministre de la Justice n’a pas répondu aux sollicitations de RSF.

Suite à la publication du dernier Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018 dans lequel la Guinée (104ème) a perdu trois places, le président Alpha Condé s’en était pris aux journalistes guinéens, leur reprochant de présenter une image du pays qui “ne correspond pas à la réalité”. Le chef de l’Etat se targuait alors qu’”aucun journaliste n’avait été arrêté par le gouvernement”