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La suspension de RFI et France 24 est “une attaque contre la liberté et l’indépendance de l’information”

D 23 mars 2022     H 05:30     A Reporters sans frontières     C 0 messages


La junte militaire au pouvoir a annoncé engager des procédures pour suspendre les deux médias internationaux français après des révélations sur les exactions commises par l’armée malienne et ses supplétifs russes. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une une attaque contre l’information qui va porter préjudice aux Maliens et à l’ensemble des journalistes et médias présents dans le pays.

Les journalistes présents au Mali sont désormais prévenus. Les sujets qui fâchent les militaires au pouvoir conduiront à des menaces, des expulsions ou des suspensions. Dans un communiqué signé du Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, la junte malienne a ordonné la suspension à venir de RFI et de France 24 après une enquête en deux volets du premier média cité publiée les 14 et 15 mars sur des exécutions sommaires et pillages présumés commis par les forces armées maliennes et les forces sécuritaires russes qui les accompagnent désormais dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes dans le pays.

Alors que ces exactions ont été largement documentées par une dizaine de témoignages obtenus par RFI et sont venues compléter un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié de manière concomitante et faisant lui aussi état d’exécutions de civils par l’armée malienne, la junte a qualifié ces informations de “matraquage médiatique” visant à “déstabiliser la transition” et “discréditer” les forces de sécurité du pays. Dans une tentative de justification dangereuse et complètement infondée, la junte est allée jusqu’à comparer la couverture de RFI et de France 24 aux “agissements” de radio Mille collines, le média qui a contribué au génocide rwandais en diffusant des appels au massacre en 1994.

La suspension concerne également les réseaux sociaux de RFI et France 24. Les médias maliens sont également interdits de reprendre les contenus.

“Nous condamnons fermement cette décision qui porte un nouveau coup à l’indépendance et à la liberté de l’information au Mali, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF Arnaud Froger. Cette décision sanctionne des médias internationaux, mais elle constitue aussi une attaque contre le Mali et les Maliens eux-mêmes. Les journalistes et médias présents dans le pays vont avoir peur de s’attaquer à des sujets sensibles et les populations vont être privées d’informations essentielles.”

La liberté de la presse n’a cessé de se détériorer depuis le début de l’année dans le pays. Un obscur groupe proche de la junte se présentant comme le “Collectif pour la défense des militaires” (CDM), avait accusé les correspondants de RFI et de France 24 d’intoxication et de désinformation et demandé le retrait de leur accréditation à travers deux communiqués publiés ces derniers mois.

Le 7 février dernier, le journaliste de Jeune Afrique Benjamin Roger a été expulsé moins de 24h après son arrivée sur le territoire malien. Les autorités avaient justifié son renvoi pour un problème d’accréditation alors qu’il était détenteur d’un visa en règle et que le nouveau processus pour obtenir l’autorisation n’a été mis en place qu’après son expulsion. Ces nouvelles modalités sont par ailleurs particulièrement intrusives et attentatoires au secret des sources. Pour se faire accréditer, les journalistes doivent indiquer en détails les sujets qu’ils vont traiter et les personnes qu’ils vont rencontrer.

Alors que le Mali s’est rapproché de la Russie, notamment en déployant des mercenaires de la société de paramilitaires Wagner, la multiplication de ces pressions et sanctions visant tout particulièrement les journalistes et médias français rappelle tristement ce qui avait été observé en République centrafricaine (RCA). L’arrivée des Russes dans les sphères de la politique et de la sécurité à partir de 2018 dans ce pays s’était également traduite par des pressions et sanctions visant les journalistes ainsi que des campagnes de désinformation visant la France et ses ressortissants, y compris parmi les reporters.

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