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Mali : Farabougou toujours encerclé par les djihadistes

D 13 février 2021     H 14:54     A La rédaction de Mondafrique     C 0 messages


Cela fait quatre mois que cette commune de 3000 habitants à quelques 400 kilomètres au nord de Bamako est assiégée par les djihadistes sans aucune solution pour la libérer.

La situation de ce village est à la fois emblématique du conflit qui se déroule dans le centre du Mali et de l’impuissance des autorités maliennes et de ses partenaires extérieurs.

Les malheurs de Farabougou ont fait la Une de la presse malienne, qui vivait ce blocus comme une humiliation nationale, ils ont fait aussi les titres des médias internationaux. Puis curieusement, Farabougou est tombé dans l’oubli alors que la situation n’a pas évolué d’un iota. Les habitants sont toujours reclus dans le périmètre de leur village, les djihadistes ayant détruit le pont il ne reste qu’une seule route pour quitter les lieux ou s’approvisionner, mais celle-ci est surveillée par les groupes armés terroristes et surtout minée avec des engins explosifs improvisés rudimentaires mais très efficaces.

L’appel aux djihadistes

En septembre dernier, selon des notables de la région, rencontré par Mondafrique, deux Peuls étaient tués par des chasseurs traditionnels, appelés Dozos. Fatiguée d’être la cible de ces groupes d’autodéfense, la communauté peule du centre du Mali en appelle parfois aux djihadistes pour se défendre, c’est ce qui fut fait ici.

Après les meurtres, des négociations ont commencé avec toutes les personnalités du village et celles de certaines communes proches. Imams, chefs de villages, milices, djihadistes ont négocié pendant de longues heures. Une solution était sur le point d’être trouvée lorsque le mardi 6 octobre, une autre personne était tuée déclenchant des représailles immédiates.

Ce même jour vers 10 h les djihadistes enlevaient neuf chasseurs de la tribu des Dozos qui se rendaient au marché. Vers 14 h, ils relâchaient les femmes et les enfants mais gardaient les hommes en otages. Les Dozos partaient alors au combat avec la ferme intention de libérer les détenus. Le bilan fût terrible pour les chasseurs traditionnels : 13 morts et 8 blessés. Dans la foulée, les djihadistes assiégeaient Farabougou.

D’interminables négociations

A la suite de ces événements, les négociations ont repris. Après moult round de pourparlers, des chefs de villages et imams ont signé un document acceptant les conditions des djihadistes. Ces exigences sont toujours les mêmes : port du voile, interdiction des fêtes, justice des cadis, avec dans ce cas précis, le paiement de la Zakhat, non en numéraire mais en riz, et cerise sur le gâteau, le désarmement des Dozos. Ce que ces derniers n’ont pas accepté, bien entendu, mieux ils se sont lancés dans une chasse à l’homme contre tous ceux qui avaient participé à ses négociations.

Plus de quinze jours après le début du siège, l’armée malienne, aux commandes du pays depuis le coup d’Etat du 18 août dernier, a enfin décidé d’intervenir. Mais la seule voie d’accès étant minée, elle a dû se contenter de stationner aux alentours de Farabougou et de ravitailler le village par les airs en larguant des colis de nourriture.

Le 8 novembre, le ministre de la réconciliation le colonel-major Ismaël Wagué, flanqué de ses homologues de la Santé, de la Protection sociale, de la Sécurité intérieur, organisait un grand forum dans la ville de Niono, auquel participaient les communautés bambaras, peules et les Dozos des douze communes de ce cercle. Il s’agissait de discuter afin d’apaiser les tensions. A la fin de ces quatre jours de discussions tout le monde s’est félicité de l’ouverture et du dialogue, mais sur le terrain, le rapport de force n’a pas été modifié.

L’impuissance de la Minusma

Reste la Minusma, dont le Centre du Mali est la deuxième priorité stratégique après la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Selon son mandat, sa mission consiste à « faciliter l’application d’une stratégie globale dirigée sur le plan politique par le Mali afin de protéger les civils, de réduire les violences intercommunautaires et de rétablir l’autorité et la présence de l’État ainsi que les services sociaux de base dans le centre du pays. » Pour l’instant, la Minusma s‘est pourtant contentée de fournir des vivres populations de Farabougou. Une tentative de médiation serait en cours mais la lourde machinerie onusienne se déplace très lentement.

Quant à l’opération Barkhane, elle s’est positionnée d’emblée comme incompétente pour régler les problèmes entre communautés.

Jusqu’à quand Farabougou devra-t-elle patienter ?


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