Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Mali » Mali, le président IBK engage des pourparlers avec les djihadistes

Mali, le président IBK engage des pourparlers avec les djihadistes

D 13 février 2020     H 18:59     A Nicolas Beau     C 0 messages


Le président Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, a annoncé, lundi en marge du sommet de l’OUA, que les autorités maliennes tentaient de dialoguer avec les chefs jihadistes. Ce que n’a jamais cessé de faire en coulisses ce politicien roué et sans colonne vertébrale.

« J’ai le devoir et la mission, a affirmé un IBK décomplexé, de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, nous parvenions à un apaisement. Le nombre de morts dans le Sahel devient exponentiel. Je crois qu’il est temps que certaines voies soient explorées- (…) Nous ne sommes pas des gens butés, bloqués ou obtus. »

Ce 10 février, dans une interview à nos confrères de RFI et France 24 à Addis-Abeba, en marge du 33e sommet de l’Union africaine, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a jeté un pavé dans la mare. Un pavé ? Pa si sur. Au fond, et pour la première fois, le président malien a reconnu ce que beaucoup savent depuis des mois, voire des années : l’existence de contacts entre Bamako et les chefs djihadistes, notamment Iyad Ag Ghali

Une fausse surprise

L’annonce que le président malien cherche à dialoguer avec les chefs djihadistes qui en 2013 prévoyaient de descendre dur Bamako et d’installer une république islamiste, sera présentée comme un tournant. Ainsi on ne manquera pas, notamment au sein du pouvoir français, de s’étonner que Bamako assume une telle piste de discussion pour tenter d’éradiquer la crise sécuritaire. Or depuis toujours – les autorités françaises le savent parfaitement-, le président malien entretient des relations troubles avec les chefs djihadistes du Nord Mali, et notamment avec Iyad Ag Ghali.

Ces relations troubles entre IBK et Ag Ghali existaient avant même l’opération Serval de 2013, lorsque l’homme politique malien était soutenu, au terme d’une alliance constante, par l’Imam Dicko, alors président du Haut Conseil Islamique et interlocuteur permanent et fidèle d’Iyad Ag Ghali. Quelques semaines avant l’intervention française, les émissaires de Dicko rencontraient régulièrement le chef djihaiste.

Rebelle touareg du nord Mali devenu djihadiste, Iyad Ag Ghali a le parcours d’un personnage de roman. Passé par l’armée de Kadhafi et proche des services de renseignements algériens (DRS), celui que l’on surnomme « le lion du désert » est désormais inscrit sur la liste des terroristes recherchés par les Etats-Unis. Ses réseaux tentaculaires le placent pourtant hors de toute atteinte et le rendent incontournable dans la crise malienne. Replié dans le sud algérien depuis l’offensive des militaires français, cet expert des jeux à mille bandes apparait désormais comme indispensable dans le jeu des négociations.

La duplicité de Le Drian

Le pouvoir français, qui depuis son intervention militaire au Mali, met en avant son rôle salvateur dans la guerre contre le terrorisme, a toujours été parfaitement au courant du double langage du pouvoir malien, et s’en est fort bien accommodé. Après tout, la France a porté un IBK au pouvoir en 2013, en dépit de sa proximité avec l’Imam Dicko, et l’a soutenu encore, cinq ans plus tard, lors d’une réélection contestée.

Il faudra bien que Jean Yves Le Drian, qui comme ministre de la Défense de Hollande puis des Affaires Etrangères de Macron, a disposé des pleins pouvoirs en Afrique, se justifie de ces petits arrangements avec les réalités politiques maliennes.


Voir en ligne : Mondafrique

Rechercher

Les plus lus

1.  ALIMENTATION : Réduire la faim, soutenir les femmes agricultrices

2.  Déclaration à propos de la menace du gouvernement britannique de priver d’aide les pays qui violent les droits des personnes LGBTI en Afrique

3.  Angola : Isabel dos Santos, Honour and Lies

4.  La voix des Sahraouis étouffée au cœur de l’Europe

5.  Botswana : LABOUR TRANSFORMATION, THE DYNAMICS AND CHALLENGES IN A DEMOCRATIC SOCIETY


5 articles au hasard

1.  Djibouti : Deux blessés très graves à Yoboki et des dizaines d’autres après une intervention musclée des forces militaires locales

2.  Mali : de jeunes Dogons et Peuls unis contre les violences

3.  Burkina Faso : L’échec de l’intervention de l’armée française au Sahel et l’héritage de Compaoré

4.  togo : CAP 2015 et les forces démocratiques invitent le Chef de l’Etat à prendre en compte la situation sociopolitique du pays

5.  Djibouti : « L’échec ou la réussite d’un pays est indexé à la performance de son système éducatif »


Les plus populaires

1.  La liberté de la presse en berne au Burkina Faso : suspension de 9 sites en 48h portant à 13 le nombre de médias n’ayant plus droit de cité dans le pays

2.  Crowded camps and local aid : How DR Congo’s M23 conflict is impacting Goma

3.  NUMSA’s Political Perspectives on the Crisis of Leadership in the ANC and SA

4.  Cameroon : a Marxist approach to the national crisis

5.  Guinée : Sur la dissolution du FNDC