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TOUAREGS : Autochtones du Sahel

D 30 avril 2012     H 05:19     A Moulzo     C 1 messages


Depuis plusieurs jours, le monde semble découvrir
l’existence d’un peuple jusqu’ici plutôt discret, celui des
touaregs. Appelés Kel Tamasheq - « Ceux qui parlent le
tamasheq »- ou encore les hommes bleus (à cause de leur turban
teint à l’indigo qui finit par déteindre sur la peau), les Touaregs
sont un peuple de quelques 2 millions d’habitants, éclatés entre
cinq pays (le Niger, le Mali, le Burkina Faso, l’Algérie et la Lybie).
Au nord, le pays Touareg est en contact avec le domaine
méditerranéen et pénètre le sahel au sud. Ce peuple est en
quelque sorte le pont entre le Maghreb et l’Afrique noire. Bien
qu’éclatés entre différents pays, les Touaregs ont quelques
particularités communes : d’abord la culture touarègue,
homogène ensuite le fait qu’ils habitent toujours dans les zones
les plus arides et les plus difficiles d’accès, souvent loin des
capitales politiques. Bien que nomades, beaucoup de Touaregs se
sont sédentarisés en s’installant autour de grandes villes comme
Agadez au Niger ou Tamanrasset en Algérie ou encore Kidal au
Mali.

Descendants des premiers habitants d’Afrique du nord, les
Touaregs sont des berbères qui disposent d’une écriture le
Tifinagh et ont en commun la même base linguistique le
Tamasheq. Ils partagent avec les Maures certaines coutumes
comme la cérémonie des trois thé, symbole d’hospitalité. Dernier
peuple d’Afrique de l’ouest à être soumis par le colon français, les
Touaregs vont être éclatés entre plusieurs pays à l’Indépendance
de ceux-ci. Souvent ignorés par les nouveaux maîtres des lieux,
ils apprennent pourtant à s’intégrer dans ces nations nouvelles
tout en revendiquant leur spécificité culturelle. L’organisation
sociale des Touaregs est assez rigide, chaque touareg devant
rester à la place qui est la sienne : nobles (inzajeghen),
tributaires (imghad), religieux (ineslemen), serfs ou anciens serfs
(iklan ou Bella selon la terminologie songhay).

Cependant, « Les Touareg maliens ne peuvent être coulés dans
un même moule. Par leur histoire, par leurs migrations
anciennes, par leurs implantations actuelles, ils se distinguent les
uns des autres. Leur économie, qu’elle soit exclusivement
pastorale, pastorale et caravanière, ou encore agro-pastorale,
varie en fonction de la région où ils vivent. Appartenant à une
même civilisation, les Touareg occupent au Mali un espace qui va
de la zone saharienne à la zone soudanienne, ils forment un pont
qui relie l’Algérie et le Burkina Faso. Le « pays touareg » malien,
à l’extrême nord-est, est si éloigné de la capitale, que Niamey est
son débouché naturel, en cas de crise, beaucoup plus que
Bamako [i] ». En effet, les kel Adar (installés autour de Kidal) sont
en lien constant avec leurs cousins du nord (Algérie) tandis que
les Iwellemmeden kel Ataram, « ceux de l’ouest » (chef-lieu
Manaka) sont plutôt liés à leurs frères du Niger, les
Iwellemmeden kel Denneg, « ceux de l’est ». Autour de
Tombouctou, les Touareg kel Antesar et Tenguereguif disposent
de titres fonciers sur des terres riches et sont souvent en
concurrence avec les autres groupes ethniques (paysans songhaï,
Peuls). Dans le Gourma et à la frontière du Burkina Faso, les
Touaregs s’adonnent à la cueillette et à l’élevage intensif. Il
semble donc que les Touaregs sédentarisés se soient adaptés
économiquement selon les dispositions naturelles des lieux.

Au Mali, les Touareg ont toujours
résisté face à ceux qui voulaient
leur imposer un État central.
D’abord contre le colonisateur
français, ensuite à partir de 1964
contre l’Etat malien. Ce sont les Kel
Adar (région de Kidal) qui se lèvent
contre le nouvel État malien en
1964 alors qu’ils avaient été plutôt
discret lorsque les Kel Ataram
résistaient contre l’envahisseur
français (ils perdirent beaucoup de
guerriers dans cette résistance). La
révolte des Kel Adar durera un an et
demi et la répression de l’État
malien fut terrible.

A cause de la sécheresse de 1972 et 1973, beaucoup de
Touaregs du Mali émigrent vers les pays voisins ( Niger, Algérie).
Si certains Touaregs maliens installés à Niamey sont rapatriés par
camions dès 1974, ceux installés en Algérie ( à Tamanrasset) y
restent pour profiter de la richesse de la région ( grâce au
pétrole). En 1990, un incident né au Niger enflamme de nouveau
le pays Touareg. Le pays touareg malien entre alors en révolte et
la réponse de l’État malien est de nouveau très violente.
Fusillades des rebelles, accusation de massacres de femmes et
d’enfants touaregs par l’armée malienne (qu’elle dément), cette
nouvelle rébellion marque une nouvelle fracture entre le peuple
Touareg et l’État malien. Pourtant, la population malienne, sous la
dictature de Moussa Traoré, est plutôt sympathisante de cette
révolte des Touaregs au nord du pays. A la chute du dictateur, les
heurts entre l’État malien et les touaregs ne s’arrêtent pourtant
pas. La blessure ouverte lors de la rébellion de 1990 est difficile à
soigner.

Les événements en Libye lors de la chute de Kadhafi donneront
l’occasion aux Touaregs du MNLA (Mouvement Nationale pour la
Libération de l’Azawad ) surarmés de s’emparer d’une bonne
partie du nord du Mali avant de décréter l’Indépendance du pays
Touareg.

Moulzo

[i] Edmond Bernus, ORSTOM

1 Messages

  • Salam, je m’appelle Ali THIOMBIANO et je suis Nigérien. Le père de mon père est Gourmantché, il a été roi du Gourma de 1911 à 1962 (Si vous voulez à 1952 parce qu’il avait été déporté par le colon à Bobo Dioulasso et remplacé par un de ses neveux qu’il a adopté) et sa mère est une princesse Mossi. Ma mère est Peul de par son père qui est Peul de Sarafaré au Mali et sa mère est une Sonraï du Niger, elle même issue d’un métissage ethnique. Qui suis-je alors ? Dans ma famille, certains ont des origines Touareg, Arabe, Haoussa. Je pense que nous devrons abandonner nos velléité moyennageuses pour nous consacrer au développement de nos populations. Nous avons beaucoup de côtés qui nous réunissent dont travaillons ensemble pour l’épanouissement de nos populations. Le Targui est mon cousin et je l’aime beaucoup mais pardon arrêtons cette effusion de sang qui ne profite à aucune communauté. Nous avions été colonisés et nos territoire balcanisé. Comme les Touareg, les autres ethnies sont dans plusieurs pays, oeuvrons plutôt à faire des Etats unis peut être prenant en compte beaucoup les économiques qu’ethnique. Qu’Allah nous assiste. Amine !