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Areva au Niger : Il n’y a pas que l’uranium qui s’enrichit

Article paru sur le blog de Jean-Charles Houel le 10 avril 2009

D 19 mai 2009     H 22:17     A Jean-Charles Houel     C 0 messages


Un collectif comprenant la Ligue des droits de l’Homme,
le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) le groupe ATTAC,
les Verts, ainsi que l’association Sortir du Nucléaire a
organisé une réunion publique, jeudi 9 avril au Moulin, pour
contester la convention passée entre le groupe français AREVA
et le gouvernement nigérien. Le Niger est, en effet, l’un des
principaux pays dont le sous-sol contient des milliers de tonnes
d’uranium. Implantée là-bas depuis quarante ans, la COGEMA
devenue AREVA, présidée par Anne Lauvergeon, veut passer sa
production de 6 000 à 12 000 tonnes d’ici à 2012. Cela entraîne
des opérations de prospection, d’exploitation, des activités de
transport par le port de Cotonou, de l’enrichissements au
Tricastin et la distribution de combustible nucléaire aux
différentes centrales nucléaires françaises. AREVA ne s’arrête
pas là puisque le groupe assure également le retraitement des
déchets…lesquels servent à alimenter l’industrie d’armement
sans oublier l’enfouissement pour les siècles des siècles comme
dirait Benoit XVI.

L’objectif du collectif était simple : démontrer qu’Areva
(l’Etat français est majoritaire dans le capital) exploite dans tous
les sens du terme le pays, sa population, ses richesses…Nicolas
Sarkozy a même promis la construction d’une centrale nucléaire
au Niger, un pays souffrant de détresse hydrique chronique
dont les nappes aquifères fossiles s’épuisent à grande vitesse.
Comme l’a bien dit Sonia Salès, « certains assurent qu’il y a de
l’eau pour cent ans ! ». Qu’est-ce que cent ans quand il a fallu
des dizaines de milliers d’années pour former ces nappes vitales
pour l’homme, l’élevage, les cultures vivrières.
Les zones géographiques affectées à l’extraction du minerai
sont situées au nord du Niger, une région bien connue des
Lovériens jumelés avec
Timia. Ces rapports
privilégiés et affectifs avec
ce village nigérien sont
actuellement mis à mal par
la rebellion touareg (le
Mouvement Nigérien pour
la Justice : MNJ) qui
empêche toute liaison
entre Agadez et Timia. Au
cours de la soirée, ont été
évoqués : les néocolonialismes européen, chinois, américain,
l’instabilité économique et démocratique de ce pays africain
classé parmi les derniers pour son indice de développement
humain. Jean-Claude Mary, de sortir du nucléaire, a très bien
situé le débat entre modernisme à l’occidental et progrès à
l’africaine : « doit-on imposer nos schémas culturels,
économiques, technologiques à des pays qui n’avancent pas au
même rythme que nous ou en tout cas pas forcément dans la
même direction ? »

Pierre Vandevoorde (NPA) Rémi Sergé (ATTAC) et le
représentant local de la Ligue des droits de l’Homme ont, tour
à tour, exposé les dangers de cette renaissance de la
Françafrique qui, de fait, depuis les réseaux Foccart, n’a
jamais vraiment changé. Jérôme Bourlet a, pour les Verts,
rappelé les oppositions fondamentales avec le tout nucléaire
français, pari financier et technologique des années soixante.
Les nouvelles centrales EPR vont coûter très cher et il est
même question de prolonger la durée des vies des centrales
actuelles. L’association des autorités de sûreté nucléaire sera
peut-être d’un autre avis.

Jean-Charles Houel


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