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Front social : la coordination TLP appelle à manifester le 5 décembre prochain contre la présence des bases étrangères au Niger

D 3 décembre 2021     H 12:30     A Tournons la page     C 0 messages


Dans une déclaration qu’elle a rendu public jeudi dernier, la coordination régionale de l’association « Tournons La Page » (TLP) a brossé un tableau sombre de la situation sociopolitique et surtout sécuritaire du pays. Après avoir dénoncé la mauvaise gouvernance qui persiste au Niger, la restriction des libertés publiques ainsi que la dégradation de la situation sécuritaire, elle a lancé un appel à manifester pour le dimanche 05 décembre 2021 afin notamment d’exiger des autorités la libération des détenus politiques, le traitement judiciaire des dossiers de malversations commis sous le régime de l’ancien président Issoufou Mahamadou ainsi que le départ des bases étrangères du Niger dont particulièrement les soldats de la force française Barkhane

Déclaration de la coordination régionale TLP-Niamey

Réunie en session extraordinaire dans le but d’examiner la situation sociopolitique, économique et sécuritaire du pays, la coordination régionale Tournons La Page Niamey rend publique la déclaration dont la teneur suit :

Du social

La coordination régionale TLP-Niamey se désole de constater la dégradation persistante du système éducatif nigérien, secteur pourtant considéré comme clé de voute de tout développement, du fait de l’inadéquation de la politique éducative d’une part et du manque de volonté des pouvoirs publics à veiller à la promotion d’un enseignement de qualité, illustré par l’insuffisance des ressources allouées d’autre part.

La récente tragédie de Maradi ayant fait 25 élèves morts calcinés dans leur classe en paillote à la suite de l’incendie survenu le 8 novembre 2021 à l’école AFN, prouve l’urgence de mettre un terme à ce type de classes inappropriées. La décision prise lors du conseil des ministres du 08 novembre 2021 portant interdiction des classes en paillotes au préscolaire est salutaire mais pas suffisante car, ne prenant pas en compte la subsistance de ces classes au primaire et au secondaire. À cette date, il existe encore 36 000 classes en paillote au Niger qui exposent à divers risques près d’1,4 millions d’enfants dans le pays, si l’on prend la statistique moyenne de 40 élèves par classe du Ministère de l’éducation nationale.

En raison de l’insécurité grandissante, la région de Tillabéri compte 339 écoles fermées totalisant un effectif de 34 000 enfants dont 16 000 filles privé(e)s de leur droit à l’éducation selon le rapport d’OCHA Niger de novembre 2021. Pourtant, la Constitution nigérienne garantie à chacun le droit à l’éducation et à l’instruction comme le stipule l’article 12 « Chacun a droit à la vie, à la santé, à l’intégrité physique et morale, à une alimentation saine et suffisante, à l’eau potable, à l’éducation et à l’instruction dans les conditions définies par la loi. L’Etat assure à chacun la satisfaction des besoins et services essentiels ainsi qu’un plein épanouissement. Chacun a droit à la liberté et à la sécurité dans les conditions définies par la loi ». En plus des écoles précitées, au moins 13 marchés hebdomadaires ont été fermés.

De la gouvernance

Depuis "l’avènement de la démocratie" au Niger, jamais les nigériens n’ont connu de gouvernance aussi mauvaise et injuste que celle de la décennie de l’ancien président Mahamadou Issoufou. Encore aujourd’hui les Nigériens ressentent les séquelles de cette tragédie soi-disant démocratique plutôt emprunte d’autoritarisme caractérisée par un accroissement de la pauvreté, de l’insécurité et d’immense scandales de corruption comme le Niger n’en avait jamais connu. Les exemples ne manquent pas : les détournements au Ministère de la défense nationale, l’Uranium Gate, l’acquisition du Mont Gréboune, la rénovation de l’aéroport Diori Hamani, les irrégularités démontrées par les différentes inspections d’État et tant d’autres.

Presque un an après le départ de ce désastre démocratique, l’actuel président de la république semble encore dans le tâtonnement au point de vouloir gouverner à travers la communication institutionnelle. Jusqu’aujourd’hui, aucun acte concret tendant vers une décrispation de toutes les crises héritées de son prédécesseur, champion en destruction démocratique, n’a été posé. Une crise politique encore d’actualité aggravée par les crises sanitaires liées à la COVID-19, au choléra et au paludisme ainsi qu’à une insécurité si galopante qu’elle tend à remettre en cause la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale.

De la situation sécuritaire

La coordination régionale TLP-Niamey constate avec indignation la détérioration progressive de la situation sécuritaire malgré toutes les mesures prises en vue d’éradiquer cette calamité et la quantité astronomique du budget alloué à la sécurité.

Ainsi, depuis 2019, les attaques contre les Forces de Défense et de Sécurité ou les civils sont quasi-quotidiennes. On peut rappeler les attaques meurtrières d’Inatès, de Chinegodar, Banibangou ou encore de Bakorat. Depuis le début de l’année 2021, ce sont près de 600 civils et militaires qui ont été assassinés lors des attaques terroristes. Certaines parties du territoires nationales ne sont plus contrôlées par l’État au point où les groupes terroristes vont jusqu’à collecter la zakat parmi les populations. Ce qui a sans doute provoqué la migrations interne de plus de 95 000 personnes, notamment dans la région de Tillabéry. De plus, du fait de l’insécurité, des agriculteurs ne pouvant plus cultiver dans de bonnes conditions, il y a aujourd’hui, près de 600 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire.

Face à ce bilan catastrophique, indescriptible et inqualifiable, il est force de constater que les solutions proposées par le gouvernement et ses alliés s’avèrent inefficaces. Les nombreuses bases militaires étrangères, notamment française présentent dans le pays ne semblent pas être en mesure de combattre l’insécurité et l’intérêt de leur présence est donc remis en cause par une grande partie de la population. Il urge donc de repenser la réponse sécuritaire.

Aux regards de tout ce qui a été cité, la coordination régionale TLP-Niamey :

Appelle le gouvernement à allouer plus des fonds pour améliorer l’éducation au Niger et ainsi donner des clés à la future génération pour participer au développement du pays ;Ø

Exige du gouvernement la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion de l’ère Issoufou tel qu’Anass Djibril, arbitrairement détenu depuis le 28 mars 2021 ;Ø

Exige l’ouverture d’une enquête indépendante contre l’ancien président Mahamadou Issoufou, son gouvernement et ses complices pour toutes les malversations financières commises sous son régime ;Ø

Salue le courage et la détermination du gouvernement Malien, des jeunesses maliennes et burkinabé qui mènent des actions pour reprendre en main le destin de leur pays ;Ø

Invite les députés nigériens à mener un débat patriotique à l’Assemblée nationale pour clarifier et discuter du bien-fondé de la présence militaire étrangère au Niger ;Ø

Exiger le retrait pur et simple de toutes les bases étrangères, particulièrement celles françaises dont la présence encombrante semble plus favoriser l’expansion du terrorisme au sahel ;Ø

Appelle l’ensemble des citoyens nigériens à se mobiliser contre cet état de fait et appuyer nos revendications à travers une marche pacifique le 5 décembre 2021 à partir de 8h de la place Toumo à la place de la Concertation à Niamey.

Vive le mouvement Tournons La Page !

Vive les Forces de Défense et de Sécurité !

Vive le Niger !

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

La lutte continue !

Fait à Niamey le 25 novembre 2021