Impérialisme : deux manifestants tués par l’armée française et ses alliés au Niger
2 décembre 2021 12:00 0 messages
Alors que des manifestants exigeant le départ des troupes françaises de l’opération Barkhane bloquaient un convoi de l’armée française samedi, celle-ci et la gendarmerie nigérienne ont réprimé violemment, faisant au moins deux morts et 18 blessés dont 11 graves.
Samedi 27 novembre un convoi de ravitaillement militaire français à destination de Gao au Mali a été bloqué dans la ville de Tera au Niger pendant plusieurs heures. Plus d’un millier de manifestants se sont regroupés et ont dressé des barricades de pneus pour empêcher le convoi de poursuivre sa route.
Le convoi avait déjà été bloqué plusieurs fois depuis son départ d’Abidjan en côte d’Ivoire, notamment sur le territoire du Burkina Faso, à Bobo-Dioulasso, dans la capital Ouagadougou et dans la ville de Kaya, comme nous le relations déjà dans un article précédent.
A chaque barrage, les manifestants expriment leurs revendications : le départ des troupes françaises et la fin des transferts de matériel militaire à travers leur pays, vécu par eux comme une forme de recolonisation.
A Tera, la répression des manifestants par l’armée française et ses alliés de la gendarmerie nationale nigérienne est montée d’un cran ce samedi. Après les avoir gazés aux lacrymogènes, les forces armées ont ouvert le feu, tuant deux manifestants et en blessant 18 autres, dont 11 gravement, comme le rapportent Le Monde et France 24.
Après avoir été bloqué toute la matinée, le convoi est finalement reparti en direction de Niamey, à l’Est, puis au Nord vers Gao. L’armée française réfute d’avoir tué des civils et n’admet n’avoir fait feu que pour des sommations. Pourtant un communiqué du ministère de l’intérieur Nigérian, révélé par un journaliste américain, confirme que le convoi et son escorte ont fait usage de la force, provoquant deux morts et 18 blessés. De plus les témoins sont formels, c’est bien l’armée qui a tiré sur les manifestants, selon ce reportage de TV5 Monde.
La multiplication des barrages sur la route de l’armée marque une contestation de plus en plus forte de la présence française au Sahel. La France est actuellement en plein remaniement de l’opération Barkhane et les populations des pays d’intervention ou proches, Mali, Niger et Burkina Faso, expriment leur ras-le-bol d’une situation qu’ils ne supportent plus.
« Armée française dégage », « libérez le Sahel », « plus de convoi militaire d’invasion et de recolonisation français », « On ne veut pas de vous ici », les slogans brandis par les manifestants montrent bien leur rejet de l’impérialisme français, qui intervient militairement dans ces pays au nom de la lutte contre le terrorisme, mais en réalité pour protéger ses intérêts économiques politiques et militaires.
Alors que les attaques des groupes djihadistes se poursuivent dans la région, l’intervention française est loin de pouvoir les enrayer, et semble même alimenter le phénomène de radicalisation, entraînant le renforcement de ces groupes. Les populations, premières victimes, multiplient donc les dénonciations contre la présence impérialiste française qui contribue à déstabiliser la région, en plus d’apporter son lot d’exaction aux côtés des forces armées locales.
Augustin Tagèl
Source : https://www.revolutionpermanente.fr/
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