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LETTRE DE GUY MARIUS SAGNA

Sénégal depuis la prison

D 30 janvier 2020     H 11:00     A Guy Marius SAGNA     C 0 messages


29 - Janvier - 2020

L’Afrique s’éveille, Elle ne doit pas se recoucher.
Le 29 janvier 2020, cela fera deux mois que je suis à la chambre 08 du Quartier de Haute Sécurité (QHS8) de la prison du camp pénal. Les néocolonies, et le Sénégal en est une, ne sont pas indulgentes avec les femmes et les hommes anti-impérialistes panafricains. La bourgeoisie bureaucratique apatride peut fermer les yeux sur le "paacoo" des semences d’arachide à l’assemblée nationale, sur les vols des deniers publics au Coud, au port, au Prodac, à la poste, la spoliation du pétrole et du gaz, sur les multiples scandales quotidiens. Le Sénégal soumis préfère que les victimes du néocolonialisme s’immolent devant le palais présidentiel, quand il ne les envoie pas à une mort certaine dans le désert du Sahara ou dans la mer Méditerranée. Que ces mêmes victimes participent à une manifestation anticonstitutionnellement interdite et cela réveille le lion qui dort et déclenche l’hystérie collective de sa basse-cour.
Camarades et concitoyens, recevez mes félicitations et encouragements pour la lutte contre la hausse du prix de l’électricité. Cette lutte doit continuer pour exiger la baisse du prix de l’électricité, mais aussi exiger l’électricité pour tous. Ils disent que de 2012 à 2019 les villages électrifiés sont passés de 1648 à 4276. Ils ne disent jamais sur combien de villages, pour combien d’habitants. Nous disons aussi Noo Lànk pour tous nos concitoyens qui habitent les régions comme Kaffrine où 819 villages sur 1128 n’ont pas accès à l’électricité. Expliquons à nos concitoyens que c’est parce que le Président Macky Sall et ses alliés pillent notre pays et laissent l’impérialisme piller le Sénégal qu’il n’y a pas assez de ressources pour que tous aient l’électricité à un prix accessible à tous ; et qu’il ne revient pas aux citoyens de payer l’incurie politique, économique de leur élu.

Soyons tous des bougies en continuant de nous sacrifier pour éclairer le débat politique, économique et social, et contribuer à la libération du Sénégal dans une Afrique libérée, unie et souveraine.
C’est cette même politique de pillage néocolonial qui explique qu’il y a un déficit de 40.000 enseignants et de 600 juges, et qu’il y a en 2020 moins d’agents d’hygiène que pendant la colonisation, qu’il y a un déficit de plus de 750 médecins, que le budget 2020 de la santé a reculé de 07 points, …. Voilà pourquoi nous devons être aux manifestations de nos frères et patriotes concitoyens enseignants. Voilà pourquoi nous devons travailler à bâtir des ponts entre les différentes luttes pour l’édification d’un front multi-luttes.

Depuis le 29 décembre au commissariat central de Dakar, leurs questions et attitudes à mon endroit montrent qu’il y a UN CAS GUY MARIUS SAGNA. Je suis dans une prison pour condamnés dans le quartier de haute sécurité qu’ils réservent aux présumés terroristes, je suis la seule personne sénégalaise qui n’ait pas le droit d’user de téléphone, en deux mois je n’ai vu que 07 personnes en visite, pour un dossier de flagrant délit inscrit en instruction car le juge d’instruction n’est enfermé dans aucun délai.

J’ai de la pitié pour le juge Samba Sall. Le même jour où il me dit qu’il a une nièce parmi les travailleurs de PCCI privés de 14 mois de salaire et pour lesquels j’ai participé à trois marches interdites dont une qui m’a valu 10 heures de cellule, le même jour il me donne pour la deuxième fois un mandat de dépôt. Un penseur disait "Il y a deux choses infinies : la bêtise et l’univers." Quelle bêtise que de penser me briser en me mettant en prison !

Le 29 janvier sera aussi mon anniversaire.
Mais il y a un anniversaire important à retenir : 2020 marquera les 60 ans de nos vraies fausses indépendances. Mobilisons-nous davantage pour sortir l’Afrique des politiques du Fmi et de la banque mondiale, des APE et de l’accord de Cotonou, pour sortir la France et les institutions de Bretton woods de la gestion de nos monnaies, … pour une Afrique souveraine et unie. Mais n’oublions jamais l’avertissement de Hugues Serraf : "Quand l’Afrique s’éveillera, la France l’enverra se recoucher." C’est arrivé à la fin des années 1950 avec la mise à la tête de nos États de gens qui ne se sont jamais battus pour l’indépendance. Nous avons gagné la bataille de la libération de la parole monétaire. Mais prudence, la France et ses valets manœuvrent sur le Franc Cfa.
J’ai entendu le Président Macky Sall dire que, de dauphin, il ne connaît que le poisson. Qu’il sache que du "ni oui ni non", nous connaissons le jeu. Le Sénégal et l’Afrique sont des choses très sérieuses pour être ravalés au rang de jeu pour les Présidents Macky Sall, Ouattara, Condé, … sur la question du troisième mandat. Pour ma part, il doit être clair que si sur le 3ème mandat Macky maquille, nous prendrons le maquis : le maquis de la résistance contre l’oppression, contre le juridisme anti-démocratique, contre la duperie et la duplicité politiciennes …
Ce sera aussi NOO LÀNK à une 3ème candidature de Macky Sall.
Bonne année 2020 de Luttes et de Victoires !
La lutte continue.

Les peuples vaincront.