Sénégal - Daaras : Faillite d’une politique de l’éducation, où crise spécifique
12 avril 2013 05:20 0 messages
L’incendie d’un ‘’ Daara’’ (1) survenu dans un quartier de
la Médina, à Dakar, a remis sur le tapis la problématique du système
d’éducation dans notre pays. Mais il n’en demeure pas moins que le
débat reste occulté, et renvoie quand au fond, à la faillite de la
politique de l’éducation au sénégalais. Cela de Senghor à nos jours,
en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.
En effet, les politiques de ces hommes n’ont pas opté pour
un système éducatif qui tient compte des réalités et des intérêts, du
pays basé sur le triptyque : Français- l’Arabe- langue maternelle. Si
tel était le cas depuis l’accession de notre indépendance, nous
aurions pu faire l’économie de ce débat byzantin que nous connaissons
aujourd’hui, sur les ‘’Daaras’’. Car tous les scientifiques qui
réfléchissent sur les problèmes de l’éducation, de l’école sénégalaise
au sens large, s’accordent sur le fait qu’une classe pratiquant le
bilinguisme (langue maternelle et langue française), a un meilleur
résultat que celle qui pratique le monolinguisme par la langue
française, au bout du compte. Donc les problèmes que nous connaissons,
découlent d’une mauvaise option du système au départ. Mais pourquoi ?
Par ce que simplement nos dirigeants n’étaient et ne sont pas
politiquement libres et indépendants pour décider souverainement d’une
option pour un système éducatif commandé par des impératifs
nationaux. Des lobbies intérieurs et extérieurs ont chacun tiré les
ficelles selon leurs intérêts. A l’interne, les conservateurs
religieux liés à des politiciens ont indexé de façon démagogique
l’Ecole classique pour ne pas dire républicaine et laïque, comme une
attaque contre l’islam. Entretenant une confusion entre le Daara et
l’école nationale, démocratique appelée à préparer le citoyen à la
formation et à son insertion dans l’économie (techniciens agricoles,
ouvriers du BTP, Sages-femmes, infirmiers d’Etat, médecins,
professeurs de tous corps et catégories etc.) Le contraire de la
mission des Daaras qui postule un enseignement confessionnel. Pour
l’ancienne puissance colonisatrice la France, tout système éducatif
qui menacerait ses intérêts stratégiques (économie, culture) ne serait
pas de mise. C’est d’ailleurs ce qui explique l’institution de
l’Organisation Internationale de la francophonie (OIF), qui veille
au grain. Malgré tous les discours racoleurs, politiciens sur la
démocratie et le développement. Telle est la réalité d’un fait
néocolonial, de 1960 à nos jours, qui structure notre univers que
d’aucuns tentent d’éluder.
Nos gouvernements, d’hier comme d’aujourd’hui, ont manqué
d’assumer tout simplement leurs responsabilités historiques dans le
domaine de l’éducation. Et plus globalement de défendre notre
indépendance et notre souveraineté. Une faute, pour ne pas dire une
trahison, lourde de conséquence.
Et durant toute une période historique ils ont violé le
droit de plusieurs générations par la non application du droit à
l’éducation des enfants découlant de l’article 8 de notre
constitution. Cela en détourant les moyens qui devrait être affectés
à l’Education et à la Formation, à d’autres fins. Le prêchi-prêcha sur
les 40 % du budget général, consacrés à ce secteur n’y fait rien. Le
sabordage de l’économie contrôlée par des secteurs dont les intérêts
ne sont pas en phase avec ceux des sénégalais, allait naturellement
agir négativement sur la planification de notre développement, dans
tous les domaines. Ce qui fait que les statistiques ne servent plus à
grands chose, sinon à la manipulation par les politiciens.
Par exemple Etat crée des Ecoles de formation pour ses
personnels et vient leur dire qu’il ne peut pas les recruter. Alors
que le besoin se fait sentir partout. L’Etat a-t-il le droit de former
des : Magistrat, Administrateur Civil, greffier et leur dire après
leur fin d’étude, ‘’ je n’ai pas prévu de postes budgétaires pour vous
? ‘’. Du n’importe quoi diront légitiment, ces derniers !!! Qui doit
embaucher un Magistrat ou un greffier si ce n’est l’Administration ?
C’est la faillite d’une politique, c’est ce désordre au
niveau du système éducatif et son corollaire les enfants de la rue,
qui ouvrent la voie aux ‘’Entrepreneurs de Daaras’’ et autres lobbies
politiciens, pour servir aux démocrates et honnêtes gens, ce
discours démagogique, dérisoire sur les ‘Anti’ et autres ‘Contre’
l’Islam, en direction de tous ceux qui sont contre les enfants
exploités.
Dakar, le 22 mars 2013
Ababacar Fall-Barros
Ancien conseiller Municipal Sacré-Cœur.
(1) Ecole confessionnelle des musulmans
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