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Sénégal : Persécutions politiques d’Ousmane SONKO et des militants du Parti Africain du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité – PASTEF

D 7 mai 2023     H 10:59     A Moulzo     C 0 messages


Depuis maintenant plusieurs mois, le Sénégal est secoué par des manifestations politiques liées à la persécution de l’opposant politique Ousmane SONKO et de son parti le PASTEF.

Ousmane SONKO est arrivé troisième aux dernières élections présidentielles de 2019 avec un peu moins de 16% des voix et pour une première participation à une élection Présidentielle. Son parti le PASTEF, créé en 2014 (il y’a un peu moins de 10 ans), est devenu une force politique à part entière, avec une forte base populaire, surtout dans les quartiers pauvres de Dakar et dans les régions mais également au sein d’une bonne partie des intellectuels et des Sénégalais de la Diaspora qui voient dans le projet de PASTEF-Les patriotes un projet abouti pour le pays.
Lors des dernières élections législatives de juillet 2022 au Sénégal, l’inter coalition regroupant Yewi Askan Wi (le PASTEF et ses alliés) et Wallu (le Parti Démocratique Sénégalais – PDS et alliés) a obtenu 80 députés (YAW : 56 ; Wallu : 24) contre 82 pour Benno Bokk Yaakaar, la coalition du Président Macky SALL et 3 députés pour des partis indépendants qui ajoutés aux députés de l’opposition auraient pu faire basculer l’Assemblée nationale sénégalaise dans l’opposition et imposer une cohabitation à Macky SALL.

Aux lendemains des élections législatives qui ont montré la grande force de l’opposition et surtout du parti d’Ousmane SONKO, la peur a gagné le parti au pouvoir et le Président Macky SALL. D’ailleurs, les élections législatives de 2022 ont été marquées par l’invalidation inédite de la liste des titulaires de YAW et le maintien de la liste des suppléants (sic !) empêchant ainsi Ousmane SONKO et d’autres ténors de l’opposition d’être sur les listes des députés. Faisant fi des manigances et empêchements, Ousmane SONKO s’est emparé de son bâton de pèlerin et a mené campagne partout dans le pays. Devenu Maire de Ziguinchor (une ville au sud du Sénégal) quelques mois plus tôt, en janvier 2022, au nez et à la barbe de Benno Bokk Yaakaar et de son candidat, malgré les milliards injectés pour le battre ainsi que les soupçons d’achats de vote, Ousmane SONKO est devenu l’homme à abattre. Mais le Peuple est devant lui, debout comme un seul homme pour faire barrière, un véritable pare-feu contre le virus de l’injustice et de la force de l’Etat au service d’un seul homme, Macky SALL qui, en août 2016 déjà, avait radié Ousmane SONKO par le décret n°2016-1239 de l’Inspection générale des impôts et domaines pour manquement au devoir de réserve. Il faut croire qu’Ousmane SONKO (49 ans le 15 juillet prochain) est la bête noire du Président de la République du Sénégal.

Accusé de viol et menaces de mort le 3 février 2021 par une masseuse instrumentalisée d’après le leader de PASTEF, sa convocation le 21 mars 2021 au tribunal a été l’occasion pour le pouvoir de mettre en œuvre cette célèbre phrase de Max Weber : « L’Etat a le monopole de la violence légitime ». Mais ce dernier avait certainement oublié de rajouter que le Peuple a aussi le devoir de la Résistance légitime ! Cette triste journée du 21 mars a montré combien les jeunes sénégalais portaient Ousmane SONKO dans leur cœur. 14 jeunes sont morts, tués pour la plupart par balles, des jeunes qui ne demandaient qu’à vivre dans un pays libre et indépendant et qui avaient placé tout leur espoir en Ousmane SONKO.
Quelques mois plus tard, c’est au tour du ministre du tourisme de Macky SALL, Mame Mbaye NIANG, prétendument épinglé par un rapport de la cour des comptes pour un détournement de 29 milliards (plus de 44 millions d’euros) sur des fonds destinés à soulager les populations des effets du Covid, de porter plainte contre Ousmane SONKO pour diffamation. Entre temps, des journalistes comme Pape Allé NIANG sont jetés en prison pour avoir fait leur travail de journaliste, des centaines de militants et sympathisants de PASTEF croupissent encore aujourd’hui dans les geôles d’un pouvoir aux abois qui n’a plus que la violence et la persécution pour empêcher la candidature d’Ousmane SONKO en 2024.

Jugé en première instance le 30 mars 2023 pour l’affaire l’opposant au ministre de Macky SALL, Ousmane SONKO a été condamné à 2 mois avec sursis et à une amende record de 200 millions de francs CFA (plus de 300 000 €). Mais son adversaire ainsi que le parquet ont interjeté en appel, espérant certainement une peine plus lourde (plus de 3 mois) qui signerait la fin des espoirs du candidat de PASTEF aux élections présidentielles de février 2024. Lors de ce procès, Juan BRANCO, célèbre avocat de Julian Assange des Wikileaks ainsi que des gilets jaunes en France et membre du consortium d’avocats de SONKO a été rapatrié manu militari dès son arrivée à l’aéroport Blaise Diagne, le ministre de l’intérieur l’accusant d’insultes au Président sénégalais. Mal lui en a pris car toute la twittosphère a braqué son regard sur le Sénégal lorsque l’avocat franco-espagnol a tweeté « Juan arrêté ». Lors de cette journée extraordinaire, le monde entier a vu des militaires casser la vitre de la voiture de SONKO, dont le flegme et le calme marquèrent plus d’un, avant de le sortir de sa voiture contre son gré pour l’accompagner chez lui. Le même jour, un sympathisant de PASTEF, Dame MBODJ, syndicaliste qui n’a pas sa langue dans sa poche, a essuyé des tirs de balles réelles contre sa voiture, avant de se réfugier dans un hôtel pour sauver sa vie, poursuivi d’après les caméras de l’hôtel par ses assaillants. Le quartier d’Ousmane SONKO est par la suite barricadé, les forces de l’ordre empêchant toute personne de s’en approcher et Ousmane SONKO d’en sortir, même pour accompagner son fils à l’école. Il semble évident à présent que l’objectif est d’enfermer Ousmane SONKO dans des procès à répétition pour l’empêcher de mobiliser contre la 3ème candidature de Macky SALL, qui joue au ni oui ni non alors que la constitution en son article 27 dit clairement que « Nul n’a le droit de faire plus de deux mandats consécutifs ».

Mais si les manifestations de PASTEF sont régulièrement interdites au Sénégal et parfois violemment réprimées, les militants de la Diaspora s’organisent partout dans le monde, en France, aux USA, au Canada, en Italie et ailleurs pour dénoncer la situation au Sénégal qui s’apparente à une véritable dictature.

Cette situation très tendue a suscité une forte réaction de la part de la communauté internationale, qui a appelé au respect des droits de l’homme et de l’état de droit au Sénégal. Des organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International et Human Rights Watch, ont également dénoncé les arrestations et les persécutions contre les militants du parti d’Ousmane SONKO. Les autorités sénégalaises justifient ces actions en arguant la violation des lois et de l’ordre public, mais pour beaucoup de sénégalais, il s’agit d’une manière de museler l’opposition et d’étouffer les voix qui dénoncent les abus de pouvoir.
La situation est d’autant plus préoccupante que le Sénégal est considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, avec une presse libre et des institutions jusque-là solides qui ont permis deux alternances démocratiques en 2000 et en 2012. Cette répression politique met en péril ces acquis démocratiques et risque de compromettre la stabilité politique du pays.

Le procès en appel pour diffamation de Mame Mbaye NIANG contre Ousmane SONKO, initialement prévu le 17 avril 2023, a été finalement renvoyé au 8 mai. Le lendemain du procès, c’est au tour du SG de PASTEF, Bassirou Diomaye FAYE d’être cueilli par la Division des Investigations Criminelles (DIC), à la sortie de son bureau des impôts et domaines, poursuivi selon son avocat, pour trois infractions (diffamation sur un corps constitué, diffusion de fausses nouvelles et outrage à magistrat). Le membre du bureau politique de PASTEF a été placé sous mandat de dépôt le 18 avril 2023 par le juge Mamadou Seck, le magistrat instructeur ayant suivi le procureur dans son réquisitoire introductif.

La situation du Sénégal est grave et dangereuse, à quelques mois des élections présidentielles prévues en février 2024. Malgré les appels de la société civile, des marabouts et de personnalités reconnues au Sénégal mais également de rencontres entre personnalités politiques sénégalaises et étrangères (France, USA…), la situation reste très tendue. Les persécutions subies par Ousmane SONKO et les militants de PASTEF-Les patriotes se poursuivent et la crise politique s’aggrave de jour en jour. Les intimidations et les arrestations n’arrêteront pas les militants et démocrates africains qui continueront, par tous les moyens nécessaires, de dénoncer cette dérive autoritaire qui n’a pour seul objectif que d’empêcher l’espoir de tout un peuple, de participer aux prochaines joutes électorales. Mais comme l’a si bien dit Ousmane SONKO le 18 août 2022 devant la presse, dans la foulée des élections législatives faisant de PASTEF la principale opposition au Sénégal : « S’il plaît à Dieu et si le parti PASTEF, qui a ses règles d’investiture, le souhaite, je suis partant pour une candidature à cette élection prévue en 2024 » et d’ajouter « Personne n’est mieux placé que moi pour remporter cette présidentielle ». Et ça, tous les Sénégalais et les Africains en sont convaincus. Seule la lutte libère !

Moulaye AIDARA pour le MONCAP DIASPORA
Président du sous-commissariat DIASPORA Affaires étrangères Panafricanisme
Membre du pôle Formation et débats


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