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Au Togo, la mentalité coloniale qui perdure

D 10 octobre 2010     H 04:46     A Bertold de Ryon     C 0 messages


La vieille impunité coloniale n’est plus tout à fait ce qu’elle
était. Parfois, il arrive que des raisons tactiques
commandent à la fameuse « raison d’Etat » de prendre ses
distances avec un comportement qui sent un peu trop
ouvertement la mentalité colonialiste.
C’est ce qui est récemment arrivé au Togo. Un militaire
français a dû apprendre la leçon à ses dépens. La scène où on
voit le voit interpeller, de façon violente, un photographejournaliste
togolais, Didier Ledoux, a vite fait le tour du monde.
Elle s’est déroulée le mardi 11 août à Lomé, au Togo, en marge
d’une manifestation de l’opposition qui continue à dénoncer
l’élection présidentielle truquée du 4 mars dernier. Au cours de la
scène (vidéo sur Youtube : http://www.youtube.com/watch ?
v=wcVvyhgu_2M), on entend le militaire français apostropher le
photographe togolais, le tutoiement étant de rigueur. L’officier est
mécontent d’avoir été pris en photo et exige que le journaliste la
supprime, puis il le menace de faire appel au régiment des
commandos de la garde présidentielle, « pour foutre un peu
d’ordre là-dedans », avant demander à des gendarmes togolais,
qui entourent et malmènent Didier Ledoux, de « le foutre en
taule ». Ainsi, en marge d’une manifestation de l’opposition
(contre une dictature soutenue par la France), un officier français
donne des ordres à des membres des « forces de l’ordre » locales
et se targue de sa position au sein de la hiérarchie de l’armée
nationale.
La publicité de cet incident a fini par déranger les ministères
français de la Défense et des Affaires étrangères qui ont pris
rapidement leurs distances, déclarant publiquement qu’ils ne
« cautionn(aient) ni le vocabulaire ni le comportement » de
l’officier. Létondot a été rappelé immédiatement en France et mis
aux arrêts pendant dix jours c’est-à-dire qu’il a continué à
effectuer son service dans les conditions normales mais il lui était
interdit, en dehors du service, de quitter sa formation ou le lieu
désigné par l’autorité militaire. Le militaire, qui se voit comme
une victime, a par la suite déclaré s’être « fait piéger »,
reconnaissant tout de même incidemment qu’il avait bien
« remarqué qu’un photographe [le] prenait en train de
commander aux gendarmes, et [...] cela allait être très mal
interprêté ». Selon lui, « ce n’était pas des menaces parce que je
n’ai évidemment aucun pouvoir sur la gendarmerie
togolaise. » (L’Express) Il est fini, le « temps des colonies » ?

Bertold de Ryon