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Etat du Togo : Faure Gnassingbé et la "Kabyènostra"

D 25 octobre 2010     H 04:57     A Kassa Daglama Dzodzeto     C 0 messages


Bâtir une bourgeoisie financière kabyè grâce aux siphonages des ressources de l’Etat, assurer sa propre sécurité par un cercle restreint de l’armée conseillée par des experts israéliens trouvés par Charles Debbasch, telle est la vision du pouvoir de Faure Gnassingbé. La révélation a été faite dans le numéro 597 de La Lettre du continent du 14 octobre. Rien de nouveau sous le soleil du Togo mais l’enseignement que Faure Gnassingbé continue par d’autres moyens et avec d’autres hommes la vieille politique de son père qui est de bâtir un Etat Kabyè.

L’article du journal montre un président qui fait le bilan de son action politique. Sur ce plan, il est méfiant à l’égard de son parti, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) et est très déçu de l’ouverture vers l’opposition. Isolé, il est devenu très proche de ses conseillers.

Pour les questions économiques, Faure Gnassingbé s’appuie sur le Premier ministre Gilbert Houngbo et le ministre des finances, Adji Otèth Ayassor. Mais le vrai métronome dans ce domaine, c’est son « amie » Ingrid Awade, la toute-puissante patronne de la Direction générale des impôts, le grand argentier de la République.

Surnommé la « dame de fer », Ingrid Awade essaie de bâtir une bourgeoisie financière kabyè dévouée au chef de l’Etat. Tout ce qui est susceptible de constituer un obstacle à cette entreprise est battu en brèche. Ingrid Awade avait débuté cette mission en fermant l’établissement RAMCO, propriété d’un Indo-pakistanais, protégé du demi-frère Kpatcha Gnassingbé (toujours en détention dans les locaux de l’Agence nationale de renseignement, ANR), au profit des proches du groupe spécialisé dans la distribution CHAMPION.

« Alors qu’elle contrôle la zone franche du port de Lomé, Awadé réunit chaque mois des opérateurs économiques de l’ethnie Kabyè dans sa grande villa de la Résidence du Bénin. Parmi les visiteurs du soir figure Kpatcha Bassayi, directeur de la société Centro et « Monsieur BTP » du régime. Mais aussi Germain MEBA, patron de la société CIB-INTA, qui a une exclusivité sur le marché des produits informatiques et des nouvelles technologies appliquées. Tout comme le docteur Michel Kodom, gérant d’une clinique à Lomé très fréquentée par la nomenklatura locale », rapporte La Lettre du Continent.

Ingrid Awade est présente partout. Elle intervient également dans la sécurité de son « ami », le Chef de l’Etat du fait de sa proximité avec le commissaire divisionnaire Aharh Ahaware, directeur de la documentation nationale (service de renseignement) ainsi que le général Zakari Nandja, ministre de l’eau et de l’hydraulique villageoise, ex-chef d’Etat-major, et certains officiers israéliens actifs à la présidence. Ils viennent du fameux réseau de Charles Debbasch.

A Lomé II, les diplomates sont en nombre. On compte Gilbert Bawara, Koffi Esaw et Robert Dussey, qui s’emploient à neutraliser le chef « officiel » de la diplomatie, le ministre UFC-AGO Eliott Ohin. Kofi Esaw est actuellement chargé de missions en Inde, au Koweït et au Japon, pour y étudier des possibilités d’ouvertures d’ambassades. Pour y faire des affaires.

Faure Gnassingbé reste dans la continuité de la politique de son père. Il s’agit avant tout de conserver le pouvoir et pour ce faire, le clan s’appuie sur le facteur ethnique en essayant d’ériger une bourgeoisie kabyè tout et en mettant les membres de son ethnie dans l’administration à travers des concours truqués. C’est ce qu’on appelle la « kabyènostra », la mafia kabyè.

La différence avec son père, c’est qu’il veut donner à sa politique ethno-clanique un vernis démocratique et plus humain. C’est en cela qu’il tente des rapprochements avec l’opposition.

Kassa Daglama Dzodzeto

Source : http://www.mo5togo.com