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La mort de trois algériens au Sahara accroit le risque d’un conflit

D 8 novembre 2021     H 13:29     A La rédaction de Mondafrique     C 0 messages


La date est symbolique, le 1 novembre 2021, trois camionneurs algériens qui empruntaient la route reliant Nouakchott à Ouargla, ont été tués à proximité de localité de Bir Lahlou dans le Sahara occidentale contrôlée par le Polisario, à cheval entre la frontière mauritanienne et algérienne.

Un certain nombre d’experts et autres spécialistes adoptent un point de vue rassurant sur le dernier incident grave entre le Maroc et l’Algérie, la mort de trois camionneurs algériens tués par drone alors qu’ils se trouvaient le territoire du Sahara controlé par le Polisario, l’allié d’Alger. Après tout, plaident-ils, le conflit oublié du Sahara a donné lieu, toutes ces dernières années, à des tensions régulières vite oubliées. Ce rituel guerrier donnait lieu à des protestations patriotiques qui jouaient sur la corde nationaliste des opinions publiques marocaine et algérienne, et rien de plus.

Un climat délétère en Algérie
Deux raisons au moins pourraient nourrir une escalade dramatique. Tout d’abord, le chef d’état major algérien, le général Chengriha, qui a commandé longtemps la troisième région militaire face à la frontière marocaine et qui est l’homme fort aujourd’hui à Alger, est connu pour ses positions hostiles à Rabat. D’autre part, l’institution militaire algérienne, discréditée dans la rue où des manifestants de plus en plus nombreux appellent à un pouvoir civil, doit restaurer son image et sa légitimité auprès du peuple algérien. Le scénario d’un conflit ouvert avec le Maroc est sur la table de l’état major militaire depuis des semaines.

Mieux vaut un conflit bref et sans trop attendre, estiment de nombreux gradés algériens.Le Maroc, devenu le troisième acheteur d’armes en Afrique, a considérablement augmenté sa force de frappe. Son alliance avec Israel lui fournit également des moyens de renseignement considérables. demain le Royaume marocain pourrait être un adversaire autrement plus dangereux.

Le Maroc sur le banc des accusés
Le pouvoir algérien a accusé d’emblée l’armée royale marocaine d’être le responsable direct à travers un communiqué d’APS le 3 Novembre. « Les autorités algériennes ont aussitôt pris les dispositions nécessaires pour enquêter sur cet acte ignoble en vue d’élucider les circonstances qui l’ont entouré », note le communiqué, ajoutant que « plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara Occidental comme ayant commis avec un armement sophistiqué ce lâche assassinat à travers cette nouvelle manifestation d’agressivité brutale qui est caractéristique d’une politique connue d’expansion territoriale et de terreur », note le communiqué de la présidence.

De vives tensions caractérisent les relations entre le Maroc et l’Algérie. Le Gazoduc MED Gaz a pris fin le 31 Octobre. Le 11 Octobre 2021, assassinat de deux camionneurs marocains au Mali près de la ville de Didiéné, Deux événements récents ont marqué la scène après l’annonce par le ministre algérien des affaires étrangères de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays le 24 Août passé.

Le risque de l’escalade
« Leur assassinat ne restera pas impuni », menace la même source du communiqué de la présidence algérienne. Les autorités mauritaniennes, de leur côté, déclinent toute responsabilité dans l’incident à travers un communiqué publié le jour même. Le Maroc réfute l’accusation algérienne et demande à la MINURSO (La mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidentale) d’enquêter sur les lieux. La zone est sécurisée par des militaires du Front du Polisario qui eux aussi enquêtent en prenant des photos des carcasses des deux camions brûlés.

Une grave tension est palpable, d’autant que l’armée algérienne renforce sa présence aux frontières maroco- mauritanienne. Le quotidien espagnol la Razon publie les images satellitaires montrant le déploiement de batteries de missiles de l’armée algérienne face aux frontières marocaines.

Un drone de l’armée marocaine
Le communiqué de la présidence algérienne évoque l’usage d’un « armement sophistiqué » par l’armée royale marocaine. On parle d’attaque de drone car la localité de Bir Lahlou est distancée de plus de 25 km du mur de séparation de l’armée marocaine. Le Maroc maintient le silence qui peut être interprété à plusieurs niveaux.

Certains journalistes manifestent une position tranchée. Ainsi Ignacio Cembrero, ancien correspondant au Maghreb d’El Pais et grand spécialiste du Maroc, évoque également l’utilisation d’un drone armé par l’armée royale marocaine. Un accident ? Ou un avertissement ? Pour l’instant le doute est total. Le Maroc qui doit gérer aujourd’hui ses nouvelles relations apaisées avec Israel face à une opinion largement pro palestinienne, n’a pas d’intérèt objectif à jouer les prococateurs face au frère ennemi algérien.


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