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Égypte : le syndicalisme indépendant face au pouvoir

D 8 décembre 2012     H 12:24     A     C 0 messages


La Fédération égyptienne des syndicats indépendants explique son rejet de la Déclaration institutionnelle émise par le
président de la république, Mohammed Morsi, le 21 novembre.

[ …] Aucun des projets successifs produits par la Constituante ne
prévoit de droits pour les ouvriers, les paysans, les pêcheurs ou les
précaires. Les seuls articles mentionnant les travailleurs ou la justice
sociale ne sont contraignants ni pour l’Etat ni pour les employeurs,
alors même que les textes protègent les intérêts des propriétaires
d’usines et d’entreprises et qu’actuellement, nous voyons des patrons
s’abstenir de payer leurs salariés, les licencier ou fermer l’entreprise en
mettant tous ses salariés au chômage une fois qu’ils ont profité de tous
les avantages et exonérations fiscales et qu’il ont, de surcroit, obtenu
des prêts bancaires qu’ils ne remboursent jamais.

L’actuel projet de Constitution ne donne pas au gouvernement la
possibilité de prendre des mesures permettant de redémarrer les
activités d’entreprises fermées, de réembaucher leurs salariés ou de leur
redonner des droits [ …] il n’y aura pas dans ces Assemblées d’élus
pour défendre les droits de tous ceux qui travaillent en Égypte, comme
celui d’avoir une loi du travail qui ne soit pas injuste [ …] ou le droit
d’avoir des lois établissant vraiment un salaire minimum et un salaire
maximum, une sécurité sociale et un système d’assurance maladie
universelle et des droits pour tous ceux qui travaillent âprement en en
étant privés.

[Le président …] a affirmé qu’il allait utiliser la loi contre ceux qui
bloquent la production ou les routes, ce qui signifie que s’il promulgue
une loi interdisant les grèves, rassemblements, sit-in, occupation des
locaux, nous ne pourrions plus défendre nos droits bafoués. Serionsnous
condamnés à être licenciés, privés de salaires, à voir nos
camarades tomber malades et mourir parce que leur employeur
n’assure pas leur sécurité et leur santé au travail, à voir des employeurs
encaisser nos cotisations et refuser de payer les leur sans pouvoir réagir ?
La première loi promulguée par le Président après ce discours a été la
loi n° 97 de l’année 2012 modifiant la loi n° 35 de l’année 1976 relative
aux organisations syndicales. Nous craignons que cette modification ait
pour effet de remplacer les dirigeants des Syndicats nationaux ayant
atteint l’âge de la retraite
depuis longtemps (et qui ont
continué à occuper le
sommet de la hiérarchie de la
Confédération nationale
officielle grâce aux
gouvernements successifs de
Hosni Moubarak) par des
cadres des Frères Musulmans
soumis au nouveau régime.

Nous n’avons présenté ici qu’un bref aperçu
de ce que nous subissons (jugements,
emprisonnements, licenciements, sanctions
disciplinaires, mutations arbitraires…) parce
que nous utilisons notre droit de grève ou
celui de créer des syndicats. Comment dans
ces conditions et après avoir attendu une loi
sur les libertés syndicales, bloquée par le
gouvernement pendant deux ans, accepter
qu’au lieu de l’émettre, il s’empresse
d’élaborer une loi censée protéger la
Révolution qui criminalise la grève et les sitin
 ?
[…] ces décisions sont directement dirigées
contre nous et contre nos intérêts, nous
devons nous dresser contre les parties de la
Déclaration constitutionnelle immunisant les
décisions présidentielles, la Constituante et le
Sénat. Nous appelons l’ensemble des
travailleurs intègres, qu’ils soient membres
de syndicats indépendants ou de syndicats
appartenant à la confédération officielle tout
en étant des syndicats intègres et de lutte, à
occuper les places publiques avec nos
concitoyens en levant nos pancartes portant
les revendications suivantes :
 La modification de la Déclaration
constitutionnelle comme indiqué
précédemment.
 Recomposer la Constituante afin d’y
inclure au moins 50% d’ouvriers et de
paysans.
 Garantir les libertés syndicales dans la
Constitution et la loi.
 Élaborer un nouveau Code du travail
garantissant les droits des travailleurs.
 La promulgation en urgence d’une loi
établissant un salaire minimum et un
salaire maximum et les indexer sur les
prix.
 La réintégration des salariés licenciés.
 La démission du gouvernement Qandil

Source : www.solidaires.org