Vous êtes ici : Accueil » Afrique du Nord » Egypte » Égypte : Une répression systématique et sans fin

Égypte : Une répression systématique et sans fin

Des défenseurs des droits humains et des citoyens ordinaires sont ciblés, harcelés et torturés

D 14 janvier 2022     H 06:30     A Human Rights Watch     C 0 messages


Les tentatives superficielles de l’Égypte pour donner une impression de progrès en matière de droits humains n’ont pas réussi à masquer la répression brutale du gouvernement contre toutes sortes de dissidences en 2021, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2022.

Bien qu’ayant mis fin à l’état d’urgence à l’échelle nationale en octobre, le gouvernement égyptien a joint des dispositions de décret d’urgence à d’autres lois, et les cours de sûreté de l’État d’exception ont continué à poursuivre les activistes politiques pacifiques et défenseurs des droits humains. En janvier 2021, les règlements d’application de la loi sur les associations ont formalisé des restrictions étendues et arbitraires sur les organisations indépendantes de la société civile, les obligeant à s’enregistrer avant le 11 janvier 2022, sous peine de dissolution. Les autorités ont utilisé des lois discriminatoires sur la moralité et la débauche afin d’arrêter et de détenir des influenceuses des médias sociaux sur des accusations injustes d’« atteinte aux valeurs familiales ».

« En 2021, le gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi a continué sur la voie d’une répression implacable », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

Les forces de sécurité égyptiennes ont agi en toute impunité, procédant régulièrement à des arrestations arbitraires, à des disparitions forcées ainsi qu’à la torture à l’encontre d’activistes politiques réels ou présumés et de citoyens ordinaires. Un rapport de Human Rights Watch publié en septembre a documenté plus d’une douzaine d’exécutions extrajudiciaires de prétendus « terroristes » par les forces de l’Agence nationale de sécurité lors de prétendues « fusillades », malgré les preuves que les personnes tuées ne représentaient aucun danger pour les forces de sécurité ou qui que ce soit d’autre, et que dans de nombreux cas elles se trouvaient déjà en détention.

Les autorités ont étendu la répression aux militants à l’étranger en arrêtant et parfois en « faisant disparaître » des membres de leurs familles en Égypte, notamment la famille de Mohamed Soltan, défenseur des droits humains basé aux États-Unis.

L’armée a imposé de sévères restrictions à la liberté de mouvement dans le Sinaï Nord et a démoli des centaines de maisons et rasé la plupart des terres agricoles du gouvernorat, où l’armée combat le groupe armé Wilayat Sina’. De nombreuses démolitions ont eu lieu en l’absence de nécessité militaire « absolue » et peuvent constituer des crimes de guerre.

En décembre 2020, les autorités ont arrêté Safwan Thabet, un homme d’affaires, ainsi que son fils, Seif Thabet, en février 2021, et les ont maintenus en détention provisoire dans des conditions s’apparentant à de la torture après qu’ils auraient refusé les demandes des agents de la sécurité de céder le contrôle des actifs de leur entreprise à l’État.

En septembre, le président Abdel Fattah al-Sissi a présenté une « Stratégie nationale pour les droits humains », que les groupes de défense des droits humains égyptiens ont vivement critiquée pour ne pas avoir résolu la crise multiforme des droits humains dans le pays.

Lors d’une déclaration conjointe prononcée au cours de la 46e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en mars, 32 pays ont déclaré qu’ils étaient « profondément préoccupés par la trajectoire des droits humains en Égypte » et ont souligné les « restrictions imposées par le gouvernement à la liberté d’expression et au droit de rassemblement pacifique, l’espace restreint pour la société civile et l’opposition politique, ainsi que l’application de la législation antiterroriste contre les critiques pacifiques. »