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Le sort des noirs subsahariens en Libye

D 6 novembre 2011     H 04:36     A Moulzo     C 2 messages


Sayouba Savadogo, universitaire originaire du Burkina Faso
qui s’intéresse aux liens entre l’arabité et l’africanité
évoquait le 14 septembre 2011 sur Radio Canada
International (dans l’émission Tam Tam) le sort des noirs en Libye
et pas seulement depuis la chute de Mouammar Kadhafi. Le
racisme à l’égard des noirs est très important dans les pays
arabes et on n’en parle que très peu d’après l’universitaire, c’est
un sujet tabou depuis toujours. La Libye n’échappe pas à cet état
de fait car bien que Kadhafi ne cesse de revendiquer son
africanité, sa relation avec les noirs d’Afrique est ambigüe. En
effet, parlant des immigrés africains en route vers l’Europe,
Kadhafi déclarait avant sa chute « nous ne savons pas si
l’Europe restera un peuple uni ou sera détruit comme cela s’est
fait avec les invasions barbares ».

Il ne faut pas oublier en effet qu’il y a beaucoup de noirs non
originaires d’Afrique subsaharienne dans les pays du Maghreb et
ces derniers se considèrent comme arabes mais il est rare de voir
des noirs dans les instances dirigeantes des pays arabes, y
compris dans leurs représentations diplomatiques à l’étranger.
Voici un extrait d’un texte de 1988 de Louis Blin intitulé « Les
noirs dans l’Algérie contemporaine » : « Les Noirs ayant séjourné
dans des pays arabes ont souvent de tristes souvenirs à
raconter... On peut citer quelques faits parmi d’autres : à Oran ou
à Tlemcen, des familles de vieille souche bourgeoise ont encore
leur famille de domestiques noirs attitrée ; dans les films
algériens tournés au Sahara, tels que ceux de Mohammed
Lakhdar Hamina, aucun Noir n’apparaît, ce qui est un oubli
probablement inconscient mais révélateur ; des étudiants
algériens refusent de partager leur chambre en cité universitaire
avec des Noirs, et même de passer des mémoires de fin d’études
avec enseignant originaire d’Afrique noire, préférant un Français
moins diplômé ; en 1979, le taux de scolarisation dans les cinq
départements de I’Oranais s’élevait à 85 %, mais à 50 %
seulement pour les Noirs, et les étudiants noirs algériens
n’étaient que 5 sur 8000 à l’université d’Oran ; en général, les
parents refusent de voir leurs enfants se marier avec plus foncés
qu’eux, la pâleur du teint étant recherchée de façon quasi
obsessionnelle. ». Certes, Il ne s’agit pas dans ce texte de la
Libye mais de l’Algérie mais le racisme dans les pays arabes est
bien réel, ce qui se passe actuellement en Libye n’est que la
version extrême et décomplexée de ce racisme. Le noir est
d’ailleurs souvent associé à l’esclave dans beaucoup de pays
arabes et le terme pour désigner l’homme noir est souvent « 
esclave ». Dans la conscience collective de beaucoup de pays
arabes, l’homme noir est un sous homme. M. Savadogo n’hésite
d’ailleurs pas à parler de racisme culturel dans certains pays
arabes.

En Libye, le racisme exacerbé à l’égard des noirs n’est donc pas
une nouveauté. Considérés depuis toujours comme des sous
hommes corvéables à merci, les immigrés africains installés en
Libye souvent de façon provisoire souffrent en silence depuis de
nombreuses années. La chute de Kadhafi n’a fait que révéler au
grand jour la haine féroce à l’égard des immigrants africains,
haine contenue tant que le dictateur libyen était aux amarres car
ce dernier utilisait les immigrés comme un argument vis-à-vis des
Européens, faisant de la Libye le dernier rempart contre
l’immigration africaine. De plus, parce que Kadhafi utilisait les
pétrodollars libyens pour financer gouvernements et politiques de
l’Afrique subsaharienne et surtout pour l’avancée de l’union
africaine dont il rêvait d’être le Roi, les Libyens ont ressenti
comme une grande injustice le fait que les richesses de leur pays
aillent financer les ambitions du dictateur en Afrique noire. A cela
s’ajoute le fait que Kadhafi a effectivement recruté des
mercenaires parmi lesquels des africains noirs mais pas
seulement. Il y avait aussi de Libyens noirs originaires du sud
ainsi que des arabes d’autres pays. A la chute de Kadhafi, les
noirs vont devenir les principaux boucs émissaires et les
exécutions ciblées de noirs par les forces du Conseil National de
Transition vont devenir la règle. Une véritable épuration ethnique
accompagne l’avancée des rebelles dont certains n’hésitent pas à
crier tout haut : « plus de noirs en Libye ! ». Traqués, les noirs
subsahariens se réfugient dans des camps de fortune en
attendant une improbable évacuation. Bien évidemment, peu
d’hommes politiques africains ont dénoncé ce racisme à l’égard
des noirs en Libye. Et très peu de pays feront l’effort d’aller
chercher leurs ressortissants.

Aucune révolution ne peut se construire sur la base du racisme. Il
appartient aux nouvelles autorités de la Libye, ainsi que les pays
d’Europe qui ont soutenu la rébellion de le rappeler en
permanence pour ne pas être complices de ce climat de terreur
et de haine qui prévaut pour les immigrés noirs de Libye.

Il est peut être temps aussi de poser les vrais questions sur le
racisme ambiant à l’égard des noirs subsahariens dans les pays
du Maghreb.

Moulzo

2 Messages

  • Vous êtes brave et avez pu aborder la réalité en face,
    Les pays arabes sont tellement racistes que nous les Africains noirs devons redéfinir nos accords de coopération avec eux, Je suis allé sur youtube.com voir le massacre des noirs en Lybie ! c’est du génocide et épuration ethnique, c’est horrible. Sur place au proche orient ou je travaille, Je vis ce racisme chaque jour, je vois comment on fait venir des filles naives d’ Afrique pour les soumettre a l’ esclavagisme des travaux pénibles et esclavagisme sexuel on nous appelle des « aswads » une connotation similaire au nom esclave. Ce qui est bizarre malgré le cris des organismes des droits de l’ homme les autorités africaines se gênent pas, et ne contrôlent pas leur frontières….pour vu qu’ une fille, ou un garcon noire africain se dit avoir un sponsor arabe de peau blanche et on la laisse venir subir des choses inhumaines. Le racisme arabe est ouvert, contre les noirs et nous devons nous réveiller pour prendre des mesure qui s’ imposent, sur Al Jazeera et youtube un Lybien arabe qui resemble a un militant islamique a dit la Lybie n’ est pas un endroit pour les noirs….. Au proche oriend ma fille m’ a dit papa fait moi partir de ce pays des arabes si méchants et racistes, et effectivement je l’ ai fait partir avant que les autres personnels des organisations internationales qui travaillent ici ne puissent retirer leurs enfants des écoles arabes. Ma fille me racontait au déjeuner que tous les mauvais exemples que donnent les professeurs a l’ école c’ est sur l’ Afrique et les Africains et elle ne voulait plus aller a l’ école des inhumains et des serpents, et elle a commence a avoir des maux d’ estomac, suivis des gastriques. Alors c’ est pour dire que si les enfants ressentent chaque jours, c’ est pénible chez les adultes. Dommage ces arabes vont Afrique ramasser nos ressources.


  • Je suis d’accord avec ce que vous dîtes. J’ai connu des sub sahariens qui ont fait une partie de leurs études au Maghreb et tous me racontaient le racisme des Maghrebins. Il faut aider nos frères arabes d’Afrique à se libérer de leur racisme ( culturel et peut être inconscient). Ils sont africains et ne l’ont pas encore assumé, il faut qu’il se libère de l’"Arabité" alors peut être demain, il y aura un Président de l’Afrique Unie arabe parce qu’on saura qu’on a le même destin. L’Arabie Saoudite et tous les pays arabes pétroliers vous mérpisent parce que pour eux vous n’êtes que des " bédoins". Devenez Africains, vous serez libres ! mes frères et soeurs...