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Solidarité avec les travailleurs de l’OCP en lutte

D 10 avril 2010     H 14:37     A Mahmoud Tawri     C 0 messages


Depuis juillet 2009, 850 travailleurs de l’Office Chérifien des
Phosphates (OCP) sont en lutte continue contre leur
licenciement abusif par leur employeur, géant groupe
étatique qui domine le marché mondial du phosphate. L’OCP, à
travers sa filiale SMESI, n’a pas hésité à licencier les 850
travailleurs parce qu’ils ont décidé de créer un bureau syndical
affilié à l’Union Marocaine du Travail (UMT), pour défendre leurs
droits. Derrière cette décision se cache les finalités de la direction
de l’OCP qui veut surtout augmenter sa rentabilité et remettre en
cause tous les acquis sociaux des phosphatiers gagnés dans le
passé aux prix de luttes ouvrières dures (plus de 3 mois de grève
continue). Les dirigeants de l’OCP veulent remettre en cause la
stabilité de l’emploi en supprimant les CDI et imposer une
flexibilité-précarité à outrance notamment en multipliant les CDD
par l’intermédiaire des sociétés d’intérim.
Les travailleurs licenciés se sont organisés pour défendre leurs
droits et exiger de la part de la direction de l’OCP leur
réintégration et leur titularisation. Un comité de solidarité
national (Comité de Solidarité avec les Ouvriers de la SMESI –
CSOS) a vu le jour, regroupant des militant-e-s de différentes
villes du Maroc et de différentes forces de la gauche radicale et
des représentants des travailleurs en lutte. Plusieurs initiatives
ont été prises : manifestations et rassemblements notamment à
Khouribga, ville minière et centre de production du phosphate, à
Casablanca devant le siège de l’OCP, et à Rabat devant le
ministère de l’énergie et des mines (ministère de tutelle) et
devant le siège du parlement. Une caravane de solidarité a
également été organisée par l’Association Marocaine des Droits
Humains (AMDH) et a connu un net succès.
Le pouvoir marocain, face à ces revendications légitimes, n’a
apporté qu’une seule réponse : la répression contre les ouvriers,
leurs familles et toutes les personnes solidaires de leur lutte.
Plusieurs interventions musclées ont eu lieu contre les
manifestations pacifiques organisées par les ouvriers en lutte,
faisant des dizaines de blessés. Des poursuites judiciaires à
l’encontre des manifestants sont également en cours.
Cette violente réponse s’inscrit pleinement dans la logique de
la politique du pouvoir d’user de la force répressive contre tout
mouvement contestataire. Le pouvoir au Maroc prouve encore
une fois qu’il n’a pas changé de nature, dix ans après la mort de
Hassan II : une dictature répressive qui défend les intérêts du
grand capital, applique rigoureusement les politiques libérales
des institutions financières internationales au dépend des
intérêts de la population, emprisonne les militant-e-s (le groupe
des étudiants de Marrakech – groupe de Zahra Boudkour – et
d’autres détenus politiques croupissent encore dans les geôles
du pouvoir marocain), bafoue la liberté d’expression et interdit
les journaux indépendants (fermeture du « Journal Hebdo »,
titre phare de la presse indépendante),…
Dans le contexte actuel marqué par une situation
économique qui ne cesse de se dégrader et des inégalités
Politique, économie et société
sociales qui ne cessent de se creuser, et face à la répression et au
bafouement continu des droits fondamentaux des classes
laborieuses, les luttes sociales au Maroc ne cessent de s’amplifier.
Les travailleurs de l’OCP continuent à lutter pour le respect de
leurs droits, convaincus que seule la lutte paie. Les diplômés
chômeurs organisés dans plusieurs associations (et notamment
l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs – ANDCM), malgré
la répression féroce et les procès iniques, continuent à lutter
depuis des années. Les habitants des quartiers populaires à
Casablanca, les sans-logements à cause des intempéries,
s’organisent pour exiger que l’Etat prenne ses responsabilités. Le
mouvement étudiant, malgré la répression et les arrestations,
continue sa lutte contre la réforme de l’enseignement qui a
transformé les universités en des usines à chômeurs ou à main
d’oeuvre pas cher et corvéable à souhait. Le mouvement de grève
dans l’éducation nationale, à Zagora et ailleurs, continue sans
relâche pour la gratuité de l’enseignement. Les militant-e-s
politiques et syndicalistes « lutte de classe », les militant-e-s des
droits humains (notamment l’AMDH), le mouvement
altermondialiste (Attac-Maroc),… continuent à lutter au quotidien
contre les politiques libérales préconisées par les institutions
financières internationales et mises en oeuvre par le
gouvernement marocain ; contre la politique répressive du
pouvoir marocain ; pour défendre les intérêts des classes
populaires.
Face à cette situation, la solidarité internationale doit
continuer et s’amplifier car il s’agit d’un moyen de pression
important sur le pouvoir marocain, mais également un élément
important d’encouragement des travailleurs en lutte.

Mahmoud Tawri