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Le CADTM Afrique exige des réparations, la fin des conditionnalités et l’annulation des dettes illégitimes du continent

D 4 novembre 2022     H 05:30     A CADTM Afrique     C 0 messages


Au regard de l’enlisement des États d’Afrique dans le piège de l’endettement malgré l’énorme potentialité et la diversité de leurs richesses, la fuite de leurs capitaux à travers la fraude et l’évasion fiscales, la perte d’importantes sommes d’argent qu’ils subissent à travers le libre-échange et l’échec avéré des fausses solutions à la crise de la dette africaine, le CADTM reste intransigeant pour exiger l’annulation pure et simple de la dette africaine, publique extérieure illégitime.

Ainsi, rappelant que de nombreuses dettes sont illégitimes ou odieuses et ont déjà été remboursées à de multiples reprises, le CADTM considère, aux côtés de mouvements sociaux de plus en plus nombreux, qu’il faut se battre pour la mise en œuvre d’un vaste programme anticapitaliste qui inclut une série de mesures fondamentales :

Annuler les dettes et s’opposer aux conditionnalités des créanciers

 Il faut passer d’une logique d’allègement à une logique d’annulation des dettes (ainsi qu’à l’abandon des conditionnalités macro-économiques qui les accompagnent), qu’elles soient publiques ou privées, en commençant par les paiements qui ont déjà été suspendus ;
 Il faut utiliser tous les leviers pour obliger le secteur privé à prendre sa part dans les opérations de restructuration, incluant la piste législative ;

 Selon les calculs de l’ONG Jubilee Debt Campaign, l’annulation des dettes dues au FMI et à la Banque mondiale par les pays éligibles à l’Initiative ISSD dans la période allant d’octobre 2020 à décembre 2021 pourrait être financée très facilement par les bénéfices provenant de la seule vente de 6,7 % de l’or détenu par le FMI. Cela rapporterait jusqu’à 8,2 milliards de dollars US aux pays éligibles à l’ISSD. Si cela était fait immédiatement, le FMI disposerait encore de 164,5 milliards de dollars US de réserves.

Procéder à un audit de la dette publique avec participation citoyenne

 Il faut mettre en place un audit de la dette de tous les pays débiteurs, piloté par les Organisations de la société civile d’en bas du pays créancier et des pays débiteurs. Cela permettrait alors de révéler les irrégularités et l’illégitimité de certaines dettes dont les créanciers continuent à percevoir le remboursement aujourd’hui ;
 Pour ce faire, il faut mettre à disposition des populations des pays africains à travers leurs associations/organisations autonomes, l’ensemble des documents, y compris ceux classés « secret défense », pouvant permettre de faire la lumière sur l’origine des dettes réclamées par les différentes catégories de créanciers.

Poser des actes unilatéraux pour assurer une protection effective des droits humains

 Le droit international donne aux États la possibilité de poser des actes unilatéraux afin de libérer des ressources financières susceptibles de protéger leur population et d’assurer la satisfaction des droits humains fondamentaux. Face au fardeau la dette, les États peuvent suspendre immédiatement son remboursement pour se mettre en conformité avec leurs engagements internationaux de protection des droits humains tels que la Charte de l’ONU, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (DUDH), la Charte sur les droits et les devoirs économiques des États (1974), la Déclaration sur le droit au développement (1986) ou encore le Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) de 1966 ;
 Cela permettra aux États d’investir dans le renforcement des systèmes publics et la mise en œuvre de meilleurs services publics gratuits pour tous ;

Lever les brevets privés pour un accès à la santé pour toutes et tous

 Suspendre les brevets privés sur toutes les technologies, connaissances, traitements et vaccins liés au Covid-19 ;
 Éliminer des secrets commerciaux et publier les informations sur les coûts de production et les investissements publics utilisés, de manière claire et accessible à l’ensemble de la population ;
 Assurer l’accès universel, libre et gratuit à la vaccination et au traitement ;
Exproprier sans indemnité des entreprises pharmaceutiques et des laboratoires privés de recherche et organiser leur transfert dans le secteur public sous contrôle citoyen.

Mettre un termes aux dispositifs fiscaux inégalitaires

 Il faut généraliser au niveau de l’Union européenne la loi belge qui s’attaque aux comportements des fonds vautours ;
 S’opposer à la promotion systématique du secteur privé pour financer le développement des pays africains, et notamment s’opposer à la promotion des Partenariats Public-Privé (PPP) ;
 S’opposer aux traités d’investissement qui incluent la dette souveraine dans la couverture des traités d’investissement et le règlement des différends entre investisseurs et États ;
 Mettre fin à l’aide publique au développement dans sa forme actuelle la remplacer par une « Contribution de réparation et de solidarité » inconditionnelle et sous forme de dons, en excluant dans le calcul de celle-ci les annulations de dette et les montants ne servant pas les intérêts des populations africaines ;
 Sanctionner lourdement les entreprises coupables de toute forme de corruption de fonctionnaires publics des pays africains ;
 Sanctionner les hauts fonctionnaires et le personnel politique qui dans les pays européens ont favorisé ou favorisent la spoliation sous différentes formes des peuples africains ;
 Sanctionner lourdement les banques (y compris en allant jusqu’au retrait de la licence bancaire et à l’imposition de fortes amendes) qui se prêtent à du blanchiment d’argent sale, à l’évasion fiscale, à la fuite des capitaux, au financement d’activités participant au changement climatique et à la spoliation des populations africaines ;
Mettre fin au franc CFA.

Pour une politique d’endettement légitime auprès de banques socialisées

 Socialiser les banques et les assurances en expropriant les grands actionnaires, afin de créer un véritable service public de l’épargne, du crédit et des assurances sous contrôle citoyen ;
 Réaliser des emprunts légitimes en tant que pouvoirs publics pour lutter contre la crise écologique et pour booster le secteur sociaux ;
 Financer les pays africains, hors aide publique au développement, par des prêts à taux zéro, remboursable en tout ou partie dans la devise souhaitée par le débiteur ;
Introduire des taxes sur la richesse (patrimoine et revenus du 1 % le plus riche) pour financer la lutte contre la pandémie et assurer une sortie socialement juste et écologiquement pérenne des différentes crises du capitalisme mondial ;
 Annuler le soutien au système du microcrédit abusif et à ses institutions, en favorisant leur remplacement par de véritables coopératives gérées par les populations locales et par un service public de crédit octroyant des prêts à taux zéro ou très bas.

Mettre en place une véritable politique de réparations

 Adresser des excuses officielles publiques pour l’ensemble des crimes et des méfaits accomplis par les puissances européennes à l’égard des populations africaines, ouvrant le droit à des réparations ;
 Affirmer le droit à des réparations et/ou compensations aux peuples victimes du pillage colonial et de la spoliation par le mécanisme de la dette ;
 Exproprier les « biens mal acquis » par les gouvernants et les classes dominantes d’Afrique et les rétrocéder aux populations spoliées via un fonds spécial de développement humain et de restauration des équilibres écologiques sous contrôle effectif des citoyens et citoyennes des pays concernés ;
 Reconnaître la dette écologique à l’égard des pays africains et procéder à des réparations et/ou compensations en récupérant le coût de ces dépenses par un impôt ou des amendes prélevées sur les grandes entreprises