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FRANCAFRIQUE : Un procès entre humour et critique

D 28 janvier 2014     H 12:10     A Gisèle Felhendler     C 0 messages


Mercredi 4 décembre s’est tenu, au théâtre du Grand Parquet, le tribunal citoyen de la Françafrique qui a dressé le bilan implacable de 50 ans de relations françafricaines et d’interventions françaises, à travers la mise en accusation de la Françafrique et sa condamnation sans équivoque.

Début décembre, de nombreuses associations françaises et africaines ont fortement exprimé leur opposition à la tenue du sommet françafricain de l’Élysée. Ce raout purement colonial pudiquement intitulé sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique a réuni vingt-sept chefs d’États africains installés et soutenus par la France depuis les décolonisations, à la tête de gouvernements dictatoriaux. Le Tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990, Paul Biya à la tête du Cameroun depuis1982, Denis Sassou Nguesso président du Congo depuis 1979, Blaise Compaoré, maître du Burkina Faso depuis 1987, sont les bons élèves de la toujours vivace Françafrique. Ces dictateurs aux ordres d’un lobby militaro-industriel sont les dévoués défenseurs des intérêts impérialistes des transnationales.

C’est ce néocolonialisme teinté de racisme qu’ont mis en lumière les prises de paroles de ce tribunal pas pour rire, parfaite mise en scène oscillant entre humour et critiques de fond. Tout au long de la soirée, une quinzaine d’intervenant(e)s se sont succédé devant la présidente, le procureur et les deux avocats généraux plus vrais que nature, brillants dans leur argumentaire plein d’une ironique arrogance. Ils ont cependant su taire leur cynisme à l’écoute du témoignage bouleversant d’une militante centrafricaine. C’est en effet sous le regard complice des observateurs militaires français que Déby déstabilise la Centrafrique, tout en offrant à l’armée française le rôle de super pacificatrice.

Hollande, Fabius, Le Drian comme il y a tout juste vingt ans le duo Mitterrand Védrine au Rwanda.

Ce tribunal citoyen a concrétisé une belle initiative collective qui donne la parole à celles et ceux qui se battent pour le respect, la solidarité et la justice.

Gisèle Felhendler