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L’Afrique face au défi de la Révolution verte

D 3 janvier 2013     H 16:22     A Lemogo Jerry Laurence     C 0 messages


La révolution verte représente l’un des défis majeurs pour l’Afrique de nos jours et surtout un enjeu réel pour le maintien de la sécurité alimentaire. Elle ne peut y parvenir que si véritablement elle harmonise son action dans le secteur agricole. Ceci passe par la mise sur pied d’une institution autonome spécialisée au niveau africain qui définira la politique africaine dans le secteur agricole, avec des structures connexes en charge de l’évaluation des moyens et des actions entreprises, mais aussi avec des réseaux interdépendants agissant sur une plateforme numérique pour gérer au jour le jour les projets en cours et avoir un feedback de ce qui est fait dans les différentes régions africaines et pour faciliter un transfert des technologies et l’accompagnement des agriculteurs.

Par ailleurs, la révolution verte en Afrique exige la résolution des problèmes stratégiques comme ceux concernant la propriété foncière, la qualité des intrants, la gestion de la ressource eau. Cependant on ne peut parler de révolution verte si un éclairage n’est pas porté sur les principaux acteurs (la jeunesse, les petits, moyens et grands exploitants agricoles), quant à leur situation, pour mieux les impliquer dans le processus. On ne saurait aussi faire fi des exigences environnementales qu’exige une agriculture propre et soucieux de l’équilibre de la biodiversité. En outre le problème de financement est aussi un point sensible et très important de cette révolution. Tout au long de notre projet nous faisons des propositions pour améliorer le cadre déjà existant et optimiser le rendement agricole africain.

PANORAMA DE LA SITUATION DES POPULATIONS AFRICAINES FACE A L’INSTABILITE AGRICOLE

Au début de son mandat comme président en exercice de l’Union Africaine, le malawite Bingu Wa Mutharika et ses pairs africains ont pris l’engagement d’éradiquer la famine. Selon lui, aucun enfant Africain ne devrait plus se coucher le ventre vide. On a cependant du mal à visualiser la réalisation de ce vœu quand on connait la foultitude de problèmes qui confinent l’agriculture africaine dans un tonneau de danaïde. Les émeutes de la faim du premier trimestre de 2008 sont une fois de plus tombé à pic pour confirmer le retard qu’accuse le berceau de l’humanité dans ce domaine.

Résorber le contingent d’affamés sur le continent africain devient de plus en plus une équation difficile à résoudre. Les chiffres à ce sujet sont assez éloquents. Entre 1972 et 2002, le nombre d’Africains gravement et en permanence sous-alimentés a augmenté de 81 à 203 millions. (1) Plus grave que cela, « la sous-alimentation et la malnutrition chronique affectent plus du tiers de la population au Sud du Sahara (200 millions),et près de 40% d’enfants de moins de 5 ans, responsable de 35 à 55% de la mortalité infanto-juvénile, de 20% de la santé maternelle et de 11% de la morbidité globale ». (2)

Cependant, lorsqu’on jette un regard panoramique sur l’odyssée agricole mirobolante que de nombreux pays asiatiques (Chine, Inde, Thaïlande, etc.) ont vécue à travers ce qu’on a appelé la Révolution verte, il y a des raisons de croire qu’il est possible de remonter la pente. Cette épisode qui trouve ses racines au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale a décuplé la production de ces pays et permis à un pays comme l’Inde de déclarer à partir de 1975 son autosuffisance alimentaire. (3) Ceci a été possible grâce à un éventail de solutions qui allaient de l’amélioration des semences, à l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides, en passant par un développement de l’irrigation. Il ne faut cependant pas occulter le fait que l’apport des Fondations Ford et Rockefeller a été l’élément qui a boosté ce long processus qui s’est révélé, à quelques égards, salvateur pour de nombreux pays.

Que peut bien tirer l’Afrique de ce passé à la fois mi-figue, mi-raisin ? Quelle couleur devrait avoir la Révolution verte africaine ? Qu’est-ce qui peut être fait pour éviter les travers de la Révolution verte asiatique tels l’apparition des inégalités entre les couches de la population (hommes-femmes, riches pauvres), la persistance de la faim malgré des greniers remplis, (4) la pollution occasionnée par les pesticides et l’eau salée de l’irrigation, etc. ? Une démarche urgente s’impose pour actionner le levier de la Révolution verte. Il faut sauver l’agriculture africaine pour enfin permettre que des pays comme le Niger n’aient plus à importer 80% de leur consommation céréalière. (5) La Révolution verte africaine dépendra de plusieurs paramètres que seront mis en œuvre à travers le concours de l’Afrique et ses différents Etats, la communauté internationale, les Africains eux-mêmes. L’atteinte d’une souveraineté alimentaire sur le continent de nos jours est étroitement liée à un mariage de raison avec les contraintes environnementales. Bref, une kyrielle d’actions doivent être entreprises pour sauver les Africains sans cesse en proie à des déséquilibres alimentaires qui débouchent sur des conflits ouverts. Eu égard à toutes ces informations et à la situation de l’agriculture africaine, nous allons présenter à travers un regard de jeunes les possibles sentiers sur lesquels pourront cheminer tous les acteurs, internationaux ou africains soucieux de remettre sur les rails l’agriculture africaine.

LA REVOLUTION VERTE EN AFRIQUE : QU’EST-CE QU’IL FAUT FAIRE ?

La situation décrite plus haut montre combien il est important pour l’Afrique de devenir le prochain grenier de la Révolution verte étant donné l’énorme potentiel qu’elle a dans le domaine de l’agriculture. Il faut dire d’entrée de jeu que cette révolution verte n’est pas donnée. Elle sera le résultat d’un ensemble d’éléments qu’il faudra agencer pour pouvoir concilier bonne gouvernance, accessibilité des populations aux aliments, développement d’une agriculture vivrière, mise sur pied des structures efficaces, disponibilité du financement, résolution des problèmes fonciers et surtout respect des normes environnementales. Tout ceci passe par un certain nombre de choses que les différents acteurs intervenant dans ce secteur devront faire pour que le Titanic de l’Agriculture africaine ne s’écrase pas sans être arrivé au port de la Révolution verte.

LA MISE SUR PIED D’UNE INSTITUTION FORTE AU NIVEAU AFRICAIN ET D’UNE POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE

Le président sénégalais Abdoulaye Wade affirmait que l’Afrique a besoin d’institutions fortes pour voir accélérer son développement et l’intégration au niveau régionale. L’Afrique a aujourd’hui faim comme aucune autre partie du monde. Il est donc temps que les chefs d’Etats du continent, à travers l’Union Africaine, puissent créer urgemment « une agence spéciale », l’Agence Africaine pour le Développement Agricole (AADA) chargée de s’occuper de l’agriculture au niveau africain. Ceci permettra de résorber le manque de vision que beaucoup décrient. (6) Etant donné l’ampleur de la situation précaire de l’agriculture africaine, une telle structure s’impose pour le promotion et le lancement d’une réelle révolution verte sur le continent. Cette institution sera chargée de l’élaboration d’une politique agricole commune au niveau de l’Afrique.

Il est à notre sens important que l’ensemble des Etats africains définissent où se munissent d’une vision commune dans le domaine agricole pour éradiquer la faim sur le continent d’ici à quelques années. En effet, comme de nombreux observateurs le remarquent, les Etats, tant au niveau africain que dans les sous-régions, devront définir un ensemble d’objectifs, de moyens et de mécanismes qui déboucheront sur « des politiques publiques communes, notamment agricoles qui permettront de faire face à l’insécurité alimentaire. » (7) La cas européen est assez illustratif à ce sujet. Si ce continent a pu jusqu’ici échapper une crise alimentaire d’envergure, la PAC (Politique Agricole Commune) mise sur pied dans les années ‘60 y est pour beaucoup. Aujourd’hui, il est important qu’il y ait une position africaine au sujet de l’Agriculture. L’élaboration d’un ensemble de mécanismes permettra la coordination et indiquera ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas en matière de révolution verte. Alain Joyandet déclarait à ce sujet qu’une telle politique est chargée de « concevoir des objectifs de production par produit et région par région. » (8) Cette institution, pour son bon fonctionnement et pour se rassurer de la poursuite des objectifs qu’elle se sera fixée, définira, sur le modèle de l’IDH (Indice de Développement Humain) mis sur pied par des grands économistes comme Amartya Sen, l’IDA (Indice de Développement Agricole), et des réseaux d’agences. Elle sera par ailleurs chargée de défendre sur le marché international les intérêts des agriculteurs africains ; négocier les prix des exportations et des intrants semences et engrais), définir les instruments juridiques d’implantation des entreprises privées étrangères et de leurs activés d’exploitation et de production.

A quoi servira un indice de développement agricole (IDA) ?

Il s’agit d’un instrument qui permettra de jauger la progression de cette révolution verte que voudrait atteindre l’Afrique. Cet indice qui comprendra plusieurs éléments indicateurs, permettra de mesurer l’évolution de la Révolution verte sur le continent et rendra compte du développement agricole sur le continent africain. Cet indice pourra être constitué des éléments ou points suivants :

 Le niveau de production : Il est apodictique de noter que le niveau de la production agricole aujourd’hui est assez faible et c’est pourquoi le niveau de production devra être satisfaisant pour garantir la sécurité alimentaire. Le miracle agricole asiatique s’est surtout manifesté par la montée fulgurante du niveau de production. Ceci passera par le suivi à la loupe du niveau de production par agriculteur et surtout le niveau de production par hectare. On a très souvent pour certaines cultures, actuellement, juste 1 tonne par hectare au lieu de 2 à 3 comme cela devrait être le cas en moyenne. (9) Et comme le note les spécialistes de l’agronomie tel Michel Griffon, « rien n’indique aujourd’hui qu’ils auront une capacité d’exportation suffisante pour payer des importations agricoles venant des pays industriels. » (10)

 L’accessibilité des cultures pour les populations : L’une des critiques émises en l’endroit de la Révolution Verte asiatique était le confinement d’une bonne partie de la population dans la famine malgré le fait que les greniers étaient pleins comme ce fut le cas en Inde. (11) Et c’est pour cette raison que le Nobel d’économie affirme : « Contrairement à l’autosuffisance, la sécurité alimentaire ne dépend pas du lieu de production, mais de l’accessibilité. » Pour ne donc pas aboutir à une situation de famine malgré un bon niveau de productivité, il est donc important que les Etats se munissent des conditions favorisant pour les populations les plus démunis.

 Le respect des normes environnementales : L’autre pierre d’achoppement de la première Révolution verte a été son impact environnemental qui se déclinait à travers la pollution de l’écosystème due à l’usage des pesticides et des engrais chimiques. Il s’agira dans ce cas de figure de se rassurer de la concordance entre le maintien d’un équilibre entre la biodiversité et le respect des impératifs de productivité agricole pour le maintien de la sécurité alimentaire.

 La disponibilité des infrastructures et l’élargissement des terres cultivées : Cet élément permettra de voir s’il existe, pour tous les exploitants agricoles sans distinction aucune, les infrastructures adéquates devant permettre cet envol agricole dont rêve tous les Africains et même le monde entier étant donné que l’Afrique sera nécessairement, demain, le berceau de l’agriculture vu le pourcentage de terres arables non exploitées. Cet indicateur pourra être mesuré à travers les l’existence des routes permettant d’écouler les marchandises pour les agriculteurs dont beaucoup sont encore dans des zones enclavées aujourd’hui, la construction des greniers pour la conservation, etc. Il est tout aussi apodictique d’étendre la surface des terres jusqu’ici cultivées. On remarque par exemple que 5,7 millions d’hectares sont inexploités au Cameroun. (12)

Cet indice que nous venons de décrire constituera l’instrument d’évaluation du bon déroulement de la révolution verte sur le continent africain. Il permettra de faire des réajustements par rapport aux problèmes qui pourront être relevés au fil de l’évolution des choses. Il ne s’agira donc pas d’une politique rigide, mais d’une stratégie qui prêtera le flanc à des modifications qui seront apportées à l’issue des observations sur le terrain.

RESEAUX D’AGENCE : ORGANES D’INTEGRATION DES TIC DANS L’AGRICULTURE AFRICAINE

La FAO notait en 1996 que « Pour ce faire la nouvelle révolution verte s’appuiera sur de nouveaux moyens de communication avec les cultivateurs. (13). Et dans cette optique, pour un bon suivi des activités des agriculteurs, pour s’assurer de l’efficience et de l’effectivité des subventions qui leur sont octroyées, il sera question de créer au niveau Africain une structure rattachée auprès de l’institution A.A.D.A dans la gestion des formations ponctuelles ou à long terme des agriculteurs ou des étudiants en agronomie ;
 dans le recyclage ou l’initiation des agriculteurs aux TIC et aux outils modernes de l’activité agricole ;
 dans la participation aux forums et colloques via les TIC ;
 dans le conseil ; dans la mise à disposition des informations sur les marchés ; et
 dans la cherche des clients.

Cette structure aura des agences dans toutes les régions africaines suivant le découpage existant (CEMAC, CEDEAO, SADC, CAE…), qui auront chacune des succursales dans chaque pays et auront aussi des démembrements en fonction du découpage géographique (régions/provinces-villes-départements, arrondissements, districts). Une telle plateforme pourra permettre d’avertir les agriculteurs sur les prévisions climatiques. Pour ce faire, la mise sur pied des télécentres communautaires dans les zones reculées pourra faciliter la tâche. (14) Chaque démembrement sera géré par des administrateurs de réseau interdépendants et hiérarchisés mais ayant un statut juridique international donc ne dépendant en aucun cas des politiques des États hôtes. Cependant une plateforme est accordée à tous les agriculteurs affiliés pour s’exprimer. Ceeci dans le but d’harmoniser les politiques, de s’assurer de leur effectivité, de connaitre les problèmes propres à certaines zones afin d’en tenir compte lors des sessions de travail.

L’IMPLICATION DE LA JEUNESSE ET DE LA FEMME, UNE AUTRE CLE POUR LA REDYNAMISATION DE L’AGRICULTURE AFRICAINE

Si l’Afrique broie aujourd’hui du noir dans le domaine agricole, cela est imputable aux désintéressement de la jeunesse africaine qui aujourd’hui, à cause des conditions précaires de vie sur le continent, préfère s’embarquer dans des aventures plus ou moins certaines qui débouchera sur les côtes yéménites ou sur les rives de Lampedusa en Italie. Le remarquable phénomène d’exode rural que nous vivons actuellement sur le continent démontre une fois de plus combien la jeunesse manque une voie. Les campagnes de nos pays vieillissent de plus en plus et on a incontestablement besoin de la jeunesse dans ce secteur qui fera de l’Afrique demain la cheville ouvrière de L’agriculture. Cependant, s’impose la nécessité de déconstruire « les rêves binaires des jeunes Africains – soit émigrer à l’étranger, soit accéder à la table du banquet afin d’en faire profiter, en premier lieu, sa famille. » (15) En effet, pour la réalisation d’une révolution verte sur le continent, les gouvernements doivent se servir de ce potentiel en ressources humaines qui représente « le goût du risque et d’entreprendre, l’optimisme, la créativité, le ferment social, bref, ce bonus démographique qui a été déterminant dans le décollage de l’Asie du Sud-est. » (16)

Ceci est d’autant plus vrai que selon le FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la Population), 41% des 1 milliard d’Africains à moins de 15 ans. Ce qui signifie que chaque gouvernement dans l’optique de réaliser les objectifs de cette révolution verte devra mettre sur pied des politiques incitatives à l’endroit de la jeunesse concernant le secteur de l’agriculture et ce surtout dans les campagnes où parmi les jeunes la mode ou encore le synonyme de la réussite serait de partir pour la ville où l’argent coulerait comme dans une borne fontaine. Ceci devra passer par :

 La professionnalisation de l’agriculture : Pour donner une chance à la révolution verte, il faut professionnaliser le secteur agricole en réduisant le nombre de personnes qui choisissent ce secteur par défaut. Ce secteur doit être valorisé autant que les autres (médecine, la politique,...) pour cela, cette profession doit offrir des perspectives attrayantes et cela n’est possible que si les agriculteurs vivent dignement du fruit de leur travail et réalisent des projets comparables à ceux des autres métiers. Et pour y parvenir certaines modalités doivent être pris en compte :

 L’introduction de l’importance de l’agriculture dans les programmes scolaires : Beaucoup de jeunes écoliers comme collégiens grandissent aujourd’hui avec l’idée selon laquelle l’agriculture est un domaine salissant, qui ne permet pas d’accéder à une gloire sociale à laquelle tous rêvent. Il est donc nécessaire que l’on présente le rôle central de ce domaine que beaucoup considèrent comme le mouton noir et qui pourtant constitue le salut de la stabilité dans les sociétés. Ne dit-on pas très souvent « ventre affamé n’a point d’oreilles » ? Les Etats doivent élaborer le contenu des formations des écoles spécialisées dans l’industrie agricole en concertation avec les institutions en charge de l’agriculture (aux niveaux national, africain et international). Ces programmes intègreront les contraintes environnementales qui devront être intégrées dans le processus de la révolution verte.

L’un des piliers devant rendre possible la révolution verte est le rôle que les femmes joueront dans une telle chaîne. En effet, il faut noter, comme le remarque le président de Conseil de l’Alliance pour la Révolution Verte en Afrique, Koffi Annan, qu’« à la différence des agriculteurs d’autres continents, les agriculteurs africains, en majorité des femmes, reçoivent peu ou prou de soutien de leurs gouvernements. » (17) Les femmes rurales africaines ont un accès difficile à la propriété des terres cultivables alors qu’elles représentent 70 % de la force de travail agricole. (18) Walker Cherryl pense que « face à l’accroissement de la pauvreté et à l’augmentation des inégalités, le renforcement du droit des femmes à la terre apparaît en effet comme l’une des conditions indispensables pour augmenter la productivité agricole, pour assurer la sécurité alimentaire des ménages et pour réduire la pauvreté. » (19) Ce qui signifie que le destin de la révolution verte repose entre les mains de la femme. Cependant elle ne peut réaliser ce vœu que si elle dispose des moyens efficaces qui lui permettent de pouvoir mieux déployer son action dans ce secteur. L’un des écueils de nos jours est celui de la propriété foncière pour les femmes. En effet, celles-ci n’ont généralement pas d’accès à la terre.

L’appropriation des normes juridiques visant l’émancipation de la femme a pourtant un contexte juridique favorable. Dans sa plateforme d’actions, la Conférence de Beijing, en 1995 a interpellé les États pour la prise en compte des droits des femmes à tous les niveaux, renforcée en cela par la Convention pour l’Elimination de toute Discrimination Envers les Femmes (CEDEF). Le Protocole de Maputo, signé par de nombreux Etats africains, prévoit dans son article 15 portant sur la sécurité alimentaire que ceux-ci « doivent assurer aux femmes l’accès à l’eau potable, aux sources d’énergie domestique, à la terre et aux moyens de production alimentaire. » (20) La notion de budget sexospécifique, dans ce cadre, devrait aussi s’intensifier à tous les niveaux. Et comme les chercheurs l’ont pu constater lors du GCARD (Global Conference On Agricultural Research), qui s’est tenu à Montpellier du 28 au 31 mars, « la place des femmes, agricultrices et chercheures et les moyens qui leurs seront dévolus, constitueront à n’en pas douter un élément clé dans cette perspective. » (21) La matérialisation d’un tel objectif pourrait passer par :

 L’augmentation du nombre de femmes dans les écoles d’agronomie afin qu’elles puissent se saisir de l’expertise dans le domaine agricole ;

 L’octroi des financements aux associations des femmes (22) qui promeuvent l’agriculture

 La mise à la disposition des femmes dans les zones rurales des agents ou techniciens d’agriculture au niveau communautaire en calquant un peu le modèle que le Rwanda a adopté pour promouvoir la santé au niveau communautaire. (23)

 Entreprendre des reformes administratives et législatives pour qu’elles aient plein accès aux ressources économiques y compris les droits l’héritage et à la propriété de la terre ; aux crédits, aux ressources technologiques.

 Volonté politique en synergie avec toutes les organisations de défense de droits des femmes et des femmes elles même. Pour ce faire il faut leur permettre d’accéder aux sphères de décision et les doter de moyens adéquats pour développer leurs propres activités : on ne peut être nourricière du monde et être en marge des politiques de développement

Les organisations non gouvernementales devront être mises à contribution pour se rassurer de l’insertion des femmes dans les projets de développement liés à l’agriculture. Voilà entre autres ce qui peut être fait pour que la femme soit intégrée véritablement dans le processus de la révolution verte sur le continent africain.

LA REAPPROPRIATION DE L’AGRICULTURE VIVRIERE, DE LA POLYCULTURE ET UN ALLIAGE ENTRE PAYSANS ET SCIENTIFIQUES

Si parmi les 36 pays affectés par la crise alimentaire dans le monde, 21 sont africains, ceci pourrait être dû au virage qu’ont emprunté de nombreux pays africains il ya quelques décennies. On a en quelque sorte assisté à une spécialisation de l’agriculture qui s’est déclinée sur le prisme de la monoculture. On est donc passé d’une agriculture vivrière à une agriculture tournée vers l’exportation ou la nourriture animale. Le choix d’un tel schéma de production est à l’origine des nombreux errements sous lesquels ploie l’agriculture africaine de nos jours. Un changement passe obligatoirement par une réappropriation de l’agriculture vivrière qui a jusqu’ici été le parent pauvre de l’agriculture africaine, bien que nourrissant la majorité de la population. C’est l’une des raisons pour lesquelles on est arrivé à la conclusion suivante : « L’Afrique produit ce qu’elle ne mange pas et mange ce qu’elle ne produit pas. » C’est pourquoi les Etats doivent « favoriser l’agriculture vivrière par rapport aux cultures d’exportation et se doter des moyens de financer l’agriculture vivrière par des subventions et des prêts en monnaie locale. » (24). Pour ce faire « l’aide au développement doit opérer une double rupture : entreprendre une politique d’appui à la production et à la commercialisation des produits vivriers. » (25)

L’adoption de la polyculture est elle aussi recommandée. En cultivant sur une même surface plusieurs cultures, on pourra non seulement économiser la terre, mais surtout produire plusieurs espèces végétales qui permettront de diversifier le régime alimentaire des populations africaines. Il ne faudra cependant pas oublier que le relèvement de l’agriculture vivrière passe par le soutien à l’agriculture familiale et aux petits exploitants comme le préconise Koffi Annan. Car comme l’a constaté l’AGRA, « les producteurs sont dans leur grande majorité des agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance et travaillant sur de petites exploitations familiales. Plus de 96 % des agriculteurs d’Afrique subsaharienne cultivent moins de 5 hectares. » (26)

Pour que la révolution verte africaine ne soit pas un vœu pieu, il faut une alliance entre les paysans et les scientifiques. Selon Louise Fortmann de l’Université de Berkeley en Californie, la science se doit « de sortir de sa tour d’ivoire et considérer les paysans comme porteurs de science. » (27) L’hybridation des savoirs et des méthodes de l’expérience paysanne et des pratiques scientifiques devient aussi une condition sine qua non pour la réalisation de la révolution verte. En effet, qui mieux que les producteurs connaît aujourd’hui les caractéristiques spécifiques des milieux dans lesquels ils vivent et les caractéristiques utiles des plantes qu’ils cultivent et des animaux qu’ils élèvent. C’est pourquoi les Etats africains doivent préconiser ce rapprochement entre l’agriculteur et l’homme de science afin qu’il n’y ait pas de déconnexion entre les perceptions qu’ils projettent à propos de l’agriculture en organisant des rencontres régulières entre eux et les TIC pourront être d’un grand apport à ce sujet. (28)

RESOUDRE LA QUESTION DU FINANCEMENT : NECESSITE DU VOLONTARISME DE LA PART DES ETATS, DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES ET DU SECTEUR PRIVE

Le vent en poupe qui soufflera sur l’agriculture africaine sera aussi tributaire du financement qui sera allouée à ce secteur qui représente aujourd’hui la majeure partie du PIB de nombreux Etats africains. Selon des estimations, l’agriculture représente 33% du PIB du Cameroun et 45% du PIB du Nigéria. Paradoxalement, seul 2,4% du budget de l’Etat camerounais est consacré à l’agriculture. Aucun pays n’a donc aujourd’hui mis en œuvre l’engagement pris en 2003 à Maputo, qui devait voir chaque Etat consacrer 10% de son budget au secteur agricole. Seuls quelques pays ont pu atteindre la barre symbolique de 5%. (29) C’est le même son de cloche du côté de l’aide au développement dédiée à l’agriculture. Celle-ci est passée, selon le directeur général du FAO Jacques Diouf, de 20% à 6% au cours des dernières décennies. Ces deux acteurs doivent une fois de plus prioriser l’aide pour le financement du secteur agricole dans le monde. Cependant, pour que l’aide ne soit pas source de pauvreté comme l’a observé l’économiste Dambisa Moyo, (30) la transparence ou la bonne gouvernance devra suivre.

Comment se déclinera donc ce financement intégrant à la fois un partenariat public privé au niveau des Etats :

 Les Etats devront mettre sur pied des structures comme le crédit agricole pour l’obtention des microcrédits ou pour une subvention aux agriculteurs les plus démunis. L’obtention est soumise à une évaluation de projets viables, avec contrôle de l’évolution du projet ou d’une formation sur la gestion. Les Etats devront encourager la mise sur pied des coopératives agricoles qui mettront sur pied des projets plus viables.

− secteur privé : Les banques du secteur privé ou encore les nombreux établissements de microcrédits qui pullulent sur le continent africain peuvent contribuer à l’impulsion du mouvement de la révolution verte en créant des secteurs ou des lignes de crédit agricole dans leurs structures. Il faut dire que c’est un secteur qui ne déchaîne pas forcément les passions au niveau de ces établissements. La mise sur pied d’un tel mécanisme suscitera de l’intérêt chez les agriculteurs. Pour davantage encourager ces établissements dans ce sens, le taux d’imposition fiscale envers les établissements de finances privée en général et de microfinances en particulier, pourra être réduit de moitié afin que le superflu soit accordée aux agriculteurs et ce à faible taux d’intérêt mais toujours sous réserve de la viabilité des projets. Ceci ne sera possible que si le secteur privé intègre la responsabilité sociale et environnementale. Par ailleurs ceci nécessite un joint venture entre entreprises privées des pays africains ayant un taux de productivité élevée et une capacité d’autofinancement tout comme avec les ONG étrangères du secteur.

− La communauté internationale devra apporter un appui financier pour l’acquisition des équipements de transformation aux pays africains qui manquent cruellement d’infrastructures. Ceci suppose la mise à disposition des Etats de machines agricoles légères qui seront gérées par les exploitants. Toutefois, une faible contrepartie est exigée pour la maintenance et le renouvellement des équipements dans l’optique de responsabiliser les utilisateurs.

REDEFINITION DE LA QUESTION FONCIERE ET ENVIRONNEMENTALE

La « nouvelle » Révolution verte pour l’Afrique est une « révolution de base scientifique » qui vise à transformer une agriculture « arriérée » et « peu performante » en une agriculture qui réponde à des critères modernes et environnementaux. Cependant on ne peut parler de révolution verte en Afrique sans évoque la question foncière qui est un réel problème pour le continent, ni la question de l’environnement qui est un enjeux international.

PROPOSITIONS FACE AUX PROBLEMES FONCIERS

Face à l’accaparement des terres arables en Afrique, par des États étrangers, des multinationales ou des fonds de pension, par des particuliers étrangers, sans oublier les élites nationales, des mesures urgentes doivent être prises il s’agit par exemple de :

 initier un dialogue ouvert et global sur les acquisitions de terres à grande échelle et leurs alternatives ;

 définir les limites d’actions des agences foncières étrangères comme le MCC (Millenium Challenge corporation) (31) qui vendent des terres agricoles africaines ; l’accent doit être mis sur le respect des droits politiques et économiques des agriculteurs ;

 donner et faciliter l’accès foncier aux paysan car ils sont les principaux fournisseurs du marché local ;

 amener les entreprises privées agricoles (via des normes juridiques) à ne plus seulement produire pour l’exportation, mais prévoir une partie de la production pour le marché local voire Africain.

PROPOSITIONS FACE AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
Il s’agit ici de faire des propositions pour une agriculture ayant un impact très faible sur l’environnement mais efficace pour le niveau de productivité du continent, donc respectant les sols, les ressources en eau et la biodiversité. A cet effet, nous pouvons proposer entre autres :

 la technologie push-pull développée par Le professeur Zeyaur Khan, un chercheur indien, il s’agit d’une technique pour lutter contre les insectes nuisibles. Une plante appelée desmodium repousse la mauvaise herbe striga et les foreurs de tiges hors du champ où ils sont "attirés" (neutralisés) par le napier (une herbe). C’est une technologie à faible coût qui exploite la science élémentaire et appliquée. Ces technologies règleront la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des petits fermiers sans nécessiter des ressources supplémentaires pour des semences hybrides, la protection des cultures et l’amélioration des sols.

 L’agriculture semis direct (sans labour) sous couverture végétale fondée sur des principes d’agro-écologie mise au point par le CIRAD et s’inspirant des pratiques locales observées au Brésil et en Amérique centrale, des dizaines de millions d’hectares utilisent déjà ces techniques. (32) Elles intéressent particulièrement les petits agriculteurs car limite l’utilisation d’engrais, herbicides (la couverture végétale empêche les mauvaise herbes de pousser), conserve l’eau du sol, limite l’érosion des pentes mais augmentent et stabilisent les rendements.

 L’utilisation de la matière fécale des animaux comme engrais car ne constituant pas de risque pour les sols

PROPOSITIONS FACE AUX PROBLEMES D’EAU

Il s agit avant toute activité de faire des études et des investigations scientifiques précises de connaissance de terrain et des contextes locaux sur le plan physico-chimique (nature des sols, climatologie, écologique) ; ainsi donc, en fonction des particularités de certaines zones, les types d’irrigation (gravitaire, par aspersion, ou goutte à goutte) peuvent être appliquées. Il s’agit par ailleurs de mettre sur pied des infrastructures de rétention d’eau pluviales pour palier aux aléas dus à la saison sèche.

CONCLUSION

Parvenus au terme de ce travail que nous pouvons nommer le projet pour une révolution verte africaine, nous pouvons dire que malgré les pesanteurs actuelles observées dans le domaine de l’agriculture, un changement de cap s’avère nécessaire pour la réalisation de cet objectif utile non plus seulement pour une stabilité alimentaire, mais aussi pour une stabilité politique sur le continent africain. Les dirigeants du continent devront dans ce sillage entreprendre des réformes favorables à une augmentation de la production africaine, à l’accessibilité de la terre, à une meilleure socialisation des exploitants agricoles. Une telle entreprise ne saura cependant voir le jour si la communauté internationale à travers la législation internationale sur le commerce (achèvement des négociations sur le cycle de Doha), l’augmentation de l’aide au développement consacrée à l’agriculture, respect des normes de la responsabilité sociale et environnementale des multinationales officiant dans le secteur agricole, etc. C’est ainsi que l’on pourra parvenir à une Révolution verte qui assurera l’équilibre social, de la biodiversité.

NOTES

 1) Jean Ziegler, « Les réfugiés de la faim », Manière de voir, N° 108
 2) Sciences au Sud , « Repenser la stratégie de recherche agricole mondiale », le journal de l’IRD, N°54, p5 3) Miguel Mennig, « La révolution verte en Inde, un précédent instructif », www.sosfaim.be
 4) Près de 350 millions d’indiens souffrent de malnutrition malgré le statut de « puissance agricole » de l’Inde.
 5) FAO, « La flambée des prix des denrées alimentaires », Juin 2008.
 6) L’ingénieur agronome Bernard Njonga décriait dans le quotidien Le Jour du 21 Juillet 2009 le manque de vision que l’on constate au niveau de l’agriculture camerounaise.
 7) Défis Sud N° 95, juin, juillet 2010.
 8) « Relancer l’agriculture vivrière en Afrique », [www.momagri.org] du 17 novembre 2008, consulté le 17 septembre 2010.
 9) Entretien du 14 septembre 2010 à RFI du Dr Namanga Ngongi, président de l’AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa).
 10) Michel Griffon, « Révolution verte, Révolution doublement verte. Quelles technologies, institutions et recherche pour les agricultures de l’avenir ? », Monde en développement, Tome 30, 2002. Pp 39-44
 11) Voir Supra, p1
 12) Entretien de l’ agronome Bernard Njonga dans le quotidien Le Jour du 21 Juillet 2009.
 13) FAO, « Les leçons de la révolution verte, vers une nouvelle révolution verte », 1996.
 14) Au Cameroun, il existe dans de nombreux départements et arrondissements des télécentres communautaires qui à notre sens peuvent faciliter l’initiation dles exploitants agricoles.
 15) François Soudan, « Un milliard d’Africains », Jeune Afrique
 16) Ibid
 17) On peut retrouver ces données sur le site officiel de l’AGRA
 18) DEMBELE, Malado , « Afrique :la terre à celles qui la cultivent. », SYFIA PRESSE, n°28, 2003/05, P. 14-15).
 19) WALKER, Cherryl, « Garantir aux femmes l’accès à la terre en Afrique Australe. », ALTERNATIVES SUD, n°4, 2002, P. 197-220,
 20) Article 15, paragraphe a du Protocole de Maputo
 21) Sciences au Sud, « Repenser le stratégie de recherche agricole mondiale », N°54 avril-mai 2010.
 22) Au Cameroun les femmes dans les zones rurales sont regroupées dans ce que l’on appelle ici les GIC (Groupe d’initiative commune). Elles se débrouillent avec des moyens rudimentaires étant donné la carence des infrastructures et du financement.
 23) Le Rwanda est aujourd’hui un modèle dans la promotion de la santé maternelle et infantile parce qu’il a su mettre sur pied des moyens pour atteindre les zones les plus reculées de son territoire en mettant sur pied des agents de santé communautaire qui sont permanemment auprès des populations rurales pour recenser leurs préoccupations afin de les transmettre à l’administration sanitaire centrale.
 24) Stéphane Madaule, « La faim dans le monde : les vraies et fausses solutions » ,in L’économie politique, N°43,juillet-aout septembre 2009
 25) Ibid
 26) Informations disponibles sur le site de l’AGRA.
 27) Sciences au Sud, « Repenser le stratégie de recherche agricole mondiale », N°54 avril-mai 2010.
 28) Voir Supra
 29) Seuls le Sénégal, l’Éthiopie, Madagascar, le Mali, le Niger, le Malawi, le Zimbabwe et les Comores ont atteint les 5%
 30) Dans son livre intitulé « L’aide fatale », l’économiste zambienne montre assistée par l’aide, la corruption nourrit la corruption et pour le développement de l’Afrique, elle propose l’ouverture du continent aux capitaux privés, commerce avec le reste du monde, la bancarisation des plus pauvres, etc.
 31) Le Millenium Challenge Corporation qui est un programme du Gouvernement américain joue un rôle important dans la marchandisation des terres africaines.
 32) Michel Griffon, « Révolution verte, révolution doublement verte : quelles technologie, institutions et recherche pour les agricultures de l’avenir », Monde en développement, Tome 30, 2002. Pp 39-44

BIBLIOGRAPHIE

 « Relancer l’agriculture vivrière en Afrique », [www.momagri.org] du 17 novembre 2008, consulté le 17 septembre 2010. Défis Sud N° 95, juin, juillet 2010.
 DEMBELE, Malado , « Afrique :la terre à celles qui la cultivent. », SYFIA PRESSE, n°28, 2003/05, P. 14-15).
 Entretien de l’agronome Bernard Njonga dans le quotidien Le Jour du 21 Juillet 2009.
 Entretien du 14 septembre 2010 à RFI du Dr Namanga Ngongi, président de l’AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa).
 FAO, « La flambée des prix des denrées alimentaires », Juin 2008.
 FAO, « Les leçons de la révolution verte, vers une nouvelle révolution verte », 1996
 François Soudan, « Un milliard d’Africains », Jeune Afrique
 Jean Ziegler, « Les réfugiés de la faim », Manière de voir, N° 108
 Michel Griffon, « Révolution verte, révolution doublement verte : quelles technologie, institutions et recherche pour les agricultures de l’avenir », Monde en développement, Tome 30, 2002. Pp 39-44
 Miguel Mennig, « La révolution verte en Inde, un précédent instructif », www.sosfaim.be
 Protocole de Maputo Sciences au Sud , « Repenser la stratégie de recherche agricole mondiale », le journal de l’IRD, N°54, p5
 Stéphane Madaule, « La faim dans le monde : les vraies et fausses solutions » ,in L’économie politique, N°43,juillet-aout septembre 2009
 WALKER, Cherryl, « Garantir aux femmes l’accès à la terre en Afrique Australe. », Alternatives Sud, n°4, 2002, P. 197-220,

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** Lemogo Jerry Laurence – Institut des relations internationales du Cameroun