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Reconnaissance du meurtre de Walter Rodney : une porte qui s’ouvre sur l’espoir

D 19 décembre 2021     H 06:00     A Fondation Frantz Fanon     C 0 messages


La fondation Frantz Fanon se félicite d’apprendre que l’assassinat de Walter Rodney, le 13 juin 1980, dont le rôle dans l’approche de la question noire et dont les apports dans le cadre d’une réflexion sur le panafricanisme sont indéniables et d’une aide fondatrice pour penser l’émancipation des peuples africains et afro-descendants, est enfin reconnu comme tel et non comme une mort accidentelle due à l’explosion d’un talkie-walkie. Un mécanisme explosif y avait bien été intentionnellement introduit.

L’Etat reconnaît enfin avoir commis un crime d’Etat par la commission d’une exécution extrajudiciaire.

Walter Rodney, originaire du Guyana, tué alors qu’il n’avait que 41 ans, enseignant et initiateur de l’Alliance des travailleurs (WPA-Working People’s Alliance), est devenu une figure importante du panafricanisme et a, entre autres, développé le concept d’émancipation du peuple et d’une démocratie multiraciale, était l’une des figures les plus importantes de la dissidence et de l’opposition au régime.

Le gouvernement guyanais, après avoir nié et camouflé la vérité sur un meurtre qu’il a mandaté en facilitant, entre autres, l’exfiltration de son auteur vers la Guyane française, reconnaît sa responsabilité et précise que la qualification du décès sur le certificat va être changée.

Depuis des années, la famille de Walter Rodney, sa femme et ses trois enfants, était mobilisée pour faire reconnaître le meurtre. Une commission d’enquête initiée en 2014, précise, dans son rapport remis en 2016, que « l’assassin a agi en tant qu’agent de l’Etat, avec le soutien d’individus à des positions de commandement dans l’appareil d’État(…) » -Hélène Ferrarini, Au Guyana, lumière sur un crime d’État sur Le Monde Diplomatique, 1er août 2020-. Ainsi, cette commission d’enquête invalide totalement les conclusions mensongères de la première commission de1988.

En Guyana, l’omerta entourant l’œuvre de Walter Rodney prend fin alors qu’il est internationalement reconnu ; ses livres vont entrer dans les cursus scolaires et universitaires.

Lorsque le pouvoir remet en cause sa conception coloniale de l’exercice du pouvoir à la fois sur les Êtres et sur la construction de la connaissance, cela permet à ceux qui sont considérés comme des Non-Êtres racisés, exclus et précarisés, de sortir de l’ombre. Une part importante de leur dignité leur est rendue. C’est une porte qui s’ouvre sur l’espoir.

Fondation Frantz Fanon